About Ray : Interview de Susan Sarandon, l’interprète de Dolly

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Interview accordée à Daniela Costa le 14 septembre 2015 pour le site Afterellen.com

Bien évidemment, ça va surprendre les gens que, parmi tous les gens, ce soit la lesbienne la plus réfractaire, la voix qui se fait le plus entendre dans le film. Que pensez-vous de ça ?

Eh bien, regardez, Caitlyn Jenner vient juste de dire qu’elle est contre le mariage homo ! On peut m’expliquer ?! Je veux dire, c’est dingue. Elle dit qu’elle est attirée par les femmes, et si elle veut se marier ? C’est quoi son problème ? Bref, c’était quoi la question ?

Trouvez-vous intéressant – et c’est probablement ce qui vous a attirée dans ce rôle – que ce soit Dolly, la lesbienne, qui réagisse comme ça, entre tous ?

Oui, oui, oui. Je veux dire, plus on peut embêter les gens avec les clichés, peu importe lesquels, mieux c’est. Et j’ai écrit cette réplique, vous savez, « être lesbienne ne veut pas forcément dire que tu es nécessairement ouverte d’esprit. Ça veut juste dire que tu es heureuse ». Quoi que ça puisse bien vouloir dire ! J’ai trouvé ça drôle et je l’ai écrit. Mais je trouve que c’est génial. Je trouve que c’est génial parce que, je suis désolée, toutes les personnes transgenres ne sont pas les mêmes, toutes les personnes hétérosexuelles ne sont pas les mêmes, toutes les personnes homosexuelles ne sont pas les mêmes… tous les pompiers ne sont pas les mêmes. Mettons-nous tous un peu d’accord. Mais elle finit par changer d’avis !

Oui, oui, c’est vrai. Maintenant, à propos de la relation entre Dolly et Frances. Même si je les adore en tant que couple, on ne les a pas vues être particulièrement affectueuses physiquement parlant.

Il y a eu des scènes coupées.

Vous êtes-vous battue là-dessus ou pas ?

Oui. Enfin, c’était très dur, avec le tout petit peu de libertés que l’on a, d’essayer de montrer qu’elles étaient ensemble depuis longtemps. Je crois que, vous savez, vous ne me voyez même pas être si tactile que ça au final – j’ai essayé d’être plus tactile avec Naomi et ils l’ont coupé.

Bon, je ne sais pas pourquoi les gens ont si peur que ça des gens qui se touchent, mais je pense que ça aurait été bien d’en voir plus. Mais d’une certaine façon, parfois, lorsqu’un couple est ensemble depuis vraiment longtemps, ils sont plus comme ça. Ils ne sont plus aussi tactiles.

Mais voyez-vous la différence au niveau de la représentation ? Lorsqu’il s’agit de deux femmes ? Certaines personnes, lorsqu’elles voient un homme et une femme d’un certain âge, par défaut disent « Ils doivent être mariés ». Personne ne dit ça lorsque ce sont deux femmes ensemble. Donc cette représentation physique est un peu plus importante.

Oui, j’aurais aimé garder certaines scènes où vous nous voyez proches l’une avec l’autre. Ils ont beaucoup coupé. Ils ont coupé toute une énorme scène au début avec… enfin, il y a eu beaucoup de coupures. Et c’est passé par plusieurs validations. Nous ne savions même pas, lorsqu’on l’a vu la nuit dernière, hier après-midi [le 12 septembre au TIFF], quelle version on allait voir. Et l’une des coupures n’avait aucun humour. J’étais « Oh mon Dieu. Genre, je ne suis pas du tout dans de ce film ». Ce sont des modifications qui arrivent. On ne sait jamais qui fait ces coupures… c’est une bataille ! Producteurs, réalisateurs, peu importe. Et j’aurais aimé qu’il y ait plus de scènes avec Linda, et j’aurais aimé que Linda soit là pour le lancement. Elle aurait dû être là.

Mais nous avons essayé de trouver des moyens d’en ajouter, et puis beaucoup de choses ont été incluses, je pense que, par exemple, vous voyez que l’on a le même sens de l’humour. Et vous savez, le fait qu’elles décident de mettre [Maggie] à la porte pour qu’elles soient ensemble et vivent le reste de leurs vies sans toute cette agitation, est évidemment une discussion qui a duré longtemps entre elles.

Et peut-être même que la discussion sur le mariage a duré un moment aussi ? On dirait que Dolly pense qu’elles sont trop de la vieille école pour ça, bien que je ne sois pas sûre que Frances pense la même chose de son côté.

Je crois que Frances a fini par céder. Je veux dire, je connais beaucoup de gens de cette tranche d’âge qui y pensent maintenant, mais essentiellement à cause des avantages.

Je ne me suis jamais mariée. Vous savez, j’ai eu des enfants avec tous ces gens avec qui je ne me suis jamais mariée, donc je comprends que l’on ne veuille pas établir de contrat avec l’État, ou qu’on ne veuille pas le considérer comme un acquis. Mais je comprends aussi les gens pour qui le mariage représente beaucoup.

Une dernière question, entre Les Prédateurs, Thelma et Louise et tous ces autres films, et ce que vous avez mentionné dans The View récemment sur la fluidité des genres au niveau des relations amoureuses, les femmes homosexuelles vous considèrent comme une icône lesbienne. Que pensez-vous de ce titre ? Vous l’appropriez-vous ?

Je lui accorde de l’importance. Je lui accorde de l’importance, absolument. J’adore cette idée. J’adore les femmes. Et j’adore cette idée, oui. Je compte sur cette partie de la population. Définitivement. Je me l’approprie et j’en suis fière, et je suis très heureuse d’être vue comme ça.

Interview Originale sur le site Afterellen.com

A propos de Lou Morin

Traductrice Anglais/Français

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