Barash : Interview de la réalisatrice et scénariste, Michal Vinik

Michal Vinik - Barash

Interview accordée à Daniela Costa le 28 avril 2016 pour le site Afterellen.com

Comment avez-vous fait pour trouver l’équilibre entre « l’inconscience » des héroïnes et « leur attention l’une envers l’autre » ? Parce qu’elles font toutes les deux des choses inconscientes, caractéristiques des ados, mais elles sont aussi adorables entre elles.

Lorsque j’écris et réalise, j’essaie toujours de me mettre à la place de la personne. Nous avons tous des excuses pour être inconscients. Nous nous racontons des choses pour nous justifier et nous sentir bien. Et donc, lorsque j’écris et réalise, je m’intéresse toujours à l’histoire que se racontent les personnages. Par exemple, pour Hershko, je me demande tout le temps « Comment est-ce qu’elle transformerait ça pour ne pas se sentir mal ? Qu’est-ce qu’elle se dirait ? ».

L’antagoniste du film ce n’est pas elle. Je crois que c’est son père. J’ai eu du mal avec lui pendant l’écriture. J’ai également essayé de le comprendre. J’essaie d’écrire des personnages auxquels les gens pourront s’identifier, et par la suite ces personnages peuvent faire ce qu’ils veulent. Parce qu’ils sont humains et parce que nous ne sommes pas toujours attentifs aux autres.

L’histoire s’éloigne beaucoup des histoires d’amour lesbiennes adolescentes typiques puisque Dana a eu au moins une autre relation avec une femme et est sûre de son attirance pour les femmes. Pourquoi avez-vous pensé qu’il était important qu’elle ait ce caractère ?

Je crois qu’Hershko est très sûre d’elle. Et pas seulement vis-à-vis de sa sexualité. Lorsque j’ai compris ça, j’ai su qui je recherchais pour les auditions. Ça dépend des gens, il y a des gens qui ne doutent pas beaucoup et la vie est plus facile pour eux, notamment en ce qui concerne la sexualité. Elle a trouvé sa place, est bien dans sa sexualité, bien dans son corps. Et c’est la grosse différence entre elle et Naama. Naama est quelqu’un de totalement différent. Elle doute beaucoup, presque de tout.

On ne voit pas beaucoup de personnages aussi confiants que Dana dans les films.

Je sais, je sais. Et j’avais vraiment à cœur de ne pas en faire une histoire de coming-out. Ça ne parle pas de ça. Ça n’a jamais parlé de ça. Personne n’était dans un placard. Pour moi, ce n’est pas une trame intéressante. Ça n’engage que moi, mais j’ai l’impression que ce genre mélodramatique disparaîtra bientôt. Espérons.

Je connais des filles de 17 ans qui sont très sûres d’elle. Elles doutent à propos d’autre chose, mais leur sexualité, si c’est un problème, ne fait pas débat.

Comment cela se fait-il que Dana, qui est si confiante lorsqu’il s’agit de son apparence et de sa sexualité, puisse se faire manipuler aussi facilement par son ex et être aussi autodestructrice de manière générale ?

Nous sommes tous humains, nous avons tous différentes facettes. Si vous observez les gens à différents moments et dans différentes relations, vous découvrirez des choses vraiment surprenantes.

Pensez-vous que le fait que la sœur de Naama soit partie et que Naama n’ait donc pas toute l’attention de ses parents soit une bonne chose pour elle, pour prendre le temps de définir sa sexualité ?

Ce n’est pas une coïncidence que cela se passe lorsque sa sœur n’est plus là. Sa sœur vit dans la même chambre qu’elle et ses parents ne savent rien de ces deux-là. Elles sont arrivées à un âge où les parents ne savent plus vraiment qui sont leurs enfants.

Justement, j’ai lu qu’en Israël le fait qu’une femme juive parte avec un homme arabe, comme l’a fait la sœur de Naama, est plus controversé que le fait qu’une femme soit avec une autre femme. C’est vrai ?

Je crois, oui. Aujourd’hui, en Israël, je crois qu’il est plus facile d’être lesbienne que de se marier avec un arabe.

Comment le film a-t-il été reçu en Israël et ailleurs dans le monde ?

Je peux surtout parler de l’international parce qu’en Israël il n’a été diffusé que dans un festival et il ne sort qu’en juin. J’ai vraiment hâte. À l’international, les réactions ont été bonnes. Le film est diffusé dans beaucoup de festivals et les actrices principales voyagent beaucoup. Nous avons un distributeur en Allemagne, en Angleterre et aux États-Unis.

Avez-vous prévu d’inclure l’homosexualité dans vos futurs projets ?

Je ne sais pas. Mon prochain projet n’a rien à voir avec ça, mais je ne pense pas que quelqu’un d’homo puisse écrire sans approcher les choses d’une certaine façon.

Dans mon troisième [film], qui est déjà en préparation, il y a une mère gay. Ça ne parle pas de sa sexualité. Son fils a 18 ans, il est sur le point de s’engager dans l’armée et elle ne veut pas qu’il le fasse. Ça parle donc de la maternité, mais elle est lesbienne.

Ces deux films prennent place en Israël ? C’est important pour vous, non ?

Ce n’est pas seulement important, je ne connais que ça.

Vous ne seriez pas la première réalisatrice à travailler sur quelque chose que vous ne connaissez pas.

Je pourrais réaliser quelque chose que je ne connais pas. Mais l’écrire ? Il faut que vous soyez vraiment sincère en écrivant. Donc, quand j’écris, j’écris sur ce que je connais. Peut-être que ce sera différent dans le futur : j’aurai plus d’expérience.

Interview Originale sur le site Afterellen.com

A propos de Lou Morin

Traductrice Anglais/Français

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