Below Her Mouth : Interview d’Erika Linder et de Natalie Krill, les interprètes de Dallas et Jasmine

Below Her Mouth - Erika Linder et Natalie Krill

Interview accordée à Daniela Costa le 12 septembre 2016 pour Afterellen.com

Erika, vous avez un avis là-dessus ?

Erika Linder : Oui, pendant qu’on tournait, je n’avais pas l’impression que… Enfin, clairement, genre, je sais que tu es une fille, et tu sais que je suis une fille.

Natalie Krill : Quoi ?

Erika Linder : Non, mais je crois que sans prendre en compte le fait que ce soit une histoire d’amour entre deux femmes, je pense que beaucoup de personnes peuvent s’y identifier. En regardant le film, vous ne pensez pas vraiment aux genres des personnages. Je ne sais pas. Vous y pensez, mais pas vraiment.

Natalie Krill : Je crois que l’important est d’être authentique. L’individualité de chaque personne est spécifique à cette personne. Donc, pour en revenir à ce que vous disiez sur les étiquettes, je ne sais pas. Je crois que si les gens veulent se mettre une étiquette, ok. Et s’ils ne veulent pas, ok aussi.

Erika, j’ai lu une de vos interviews où vous compariez Below Her Mouth à La Vie d’Adèle, mais où vous disiez aussi que la comparaison n’était pas juste non plus. Les deux films sont assez explicites sexuellement parlant, donc, selon vous, en quoi Below Her Mouth serait différent ?

Erika Linder : En fait, pour moi, si on compare ce film à La Vie d’Adèle, c’est un peu comme si on comparait toutes les histoires d’amour hétéro à celle de Roméo et Juliette, par exemple. L’histoire est complètement différente. C’est tourné différemment.

Natalie Krill : Il existe combien d’histoires d’amour entre un homme et une femme ?

Erika Linder : Exactement. Enfin, je comprends ; les gens vont comparer. Mais ce sont deux histoires complètement différentes.

Natalie Krill : Et aussi, ce qu’il y a d’unique dans notre histoire c’est que c’est une histoire de femmes racontée par des femmes. Et qui a le doit de raconter une histoire de femmes ? Les femmes. Parce que ça vient de notre expérience.

Erika Linder : Et ce qu’il faut que les gens comprennent aussi c’est que ça se passe en un week-end. Pas en deux mois. Cela parle de cette connexion immédiate et en quelque sorte, je suppose qu’on pourrait dire que c’est un coup de foudre.

Natalie Krill : Un coup de foudre, oui, et quand vous tombez amoureuse de quelqu’un vous ne voulez pas vous séparer de cette personne pendant 48 heures.

Ces comparaisons vont continuer pendant des années, même si Below Her Mouth a été écrit avant que La Vie d’Adèle ne sorte. Mais parlons du regard féminin. Une grande partie de film montre des scènes de sexe. Où est-ce que le regard féminin entre en jeu ?

Natalie Krill : Pendant les répétitions, on a parlé de ces scènes, des scènes intimes. On a beaucoup parlé de la partie connexion et du fait que c’est ce qui motivait ces scènes : le contact visuel et le fait de se connecter à l’autre. On en a beaucoup parlé et c’est ce qui a nourri toutes ces scènes ; cet amour, cet amour qui les unit et cette connexion intense qu’elles ont. C’est ce qu’il se passe quand on tombe amoureux : vous voulez juste faire partie de l’autre.

Erika Linder : Je suis d’accord.

Cet aspect « que des femmes », vous pouvez nous dire ce que cela a eu comme impact sur vous deux ?

Erika Linder : Je pense que les femmes nous comprennent, comme nous nous comprenons, à un niveau émotionnel. J’ai juste l’impression que ce coup de foudre ne pourrait pas être raconté avec un point de vue masculin. Particulièrement d’une manière aussi belle, compréhensive et à laquelle on peut s’identifier.

Natalie Krill : Ça a été fait avec émotion, et les femmes sont aussi très intuitives et très sensibles. Je ne dis pas que les hommes ne peuvent pas l’être, mais étant donné la teneur de nos scènes, on se sentait soutenues et à l’aise avec toutes ces femmes sur le plateau. À un moment, on se disait même « Pourquoi est-ce qu’on s’habille ? ».

Erika Linder : Oui « Venez nues sur le plateau ! ». Non, mais j’ai aussi eu l’impression, et ça va probablement sonner un peu bizarre, qu’on était toutes les unes avec les autres. C’était l’histoire d’amour de tout le monde. C’était comme si tout le monde tombait amoureux de tout le monde.

Natalie Krill : Oui, c’est vrai, parce qu’avoir une équipe entièrement féminine est quelque chose qui se fait dans le cinéma en ce moment. Pour créer plus de choses pour les femmes. Je crois que toutes les membres de l’équipe ont eu l’impression de faire partie de quelque chose de spécial et de réaliser un film pour les femmes. On avait donc un grand sentiment de fierté et de soutien.

Seriez-vous toutes les deux intéressées pour jouer d’autres rôles homos dans le futur ?

Natalie Krill : Je suis prête à en jouer d’autres, définitivement. Je suis ouverte à tout type de rôle.

Erika Linder : Je l’ai déjà dit avant, mais si quelque chose ne me fait pas peur, je ne veux pas le faire. S’il s’agit d’une très bonne histoire, bien sûr que j’accepterai. Mais, pour répondre à la question, oui, évidemment.

Est-ce que le fait de potentiellement vous faire cataloguer vous fait peur ? Si jamais vous acceptiez un autre rôle comme celui-ci trop tôt ? Et Erika, étant donné que c’est votre premier rôle et que vous êtes homo ?

Erika Linder : Je crois qu’il faut planifier une espèce de stratégie.

Natalie Krill : Je crois que, pour moi, et je crois que tu es pareille, du moment que je me sens connectée avec l’histoire, alors je ferai ce que me dit mon cœur.

Erika Linder : Le plus important c’est l’histoire.

Natalie Krill : Et de faire confiance à son instinct. Je me fiche d’être cataloguée si je pense que ce que je fais est bien.

Erika Linder : Oui. Et de savoir qu’on peut le faire parce que le truc ce n’est pas de se dire « Qu’est-ce que je vais faire ? ». C’est de se dire « Qu’est-ce que je peux faire pour le rôle et qu’est-ce que je peux lui apporter ? ». Parce qu’il ne faut pas se planter. Si mon prochain rôle me parle vraiment, évidemment que je le ferai.

Lors de la première internationale du film, un couple de personnes âgées quittait la salle à presque chaque scène de sexe ; c’était intéressant. Au début, je me demandais si c’était vos grands-parents.

Erika Linder : Mes grands-parents n’étaient pas là.

Je me demandais pourquoi ils étaient aussi dérangés ?

Erika Linder : J’adore, ceci dit. C’est génial qu’ils soient partis.

La plupart des gens sont restés !

Erika Linder : Vous savez quoi ? Je me souviens de la première fois où j’ai lu le scénario avant de passer les auditions. Et puis, il y a eu une nouvelle version du scénario. Et avant notre test d’alchimie il a fallu que je Skype avec April [Mullen] [ndlt : la réalisatrice du film] pour que l’on discute de sa vision des choses et qu’elle me donne un peu plus d’info quant à ce qu’elle attendait de moi. Je me rappelle lui dire « Rien qu’à la lecture du scénario j’ai ressenti tellement de choses ». Genre, ça m’a excitée, m’a rendu émotive, m’a fait ressentir plein de choses différentes. Et je pense que c’est un très bon film. Il vous fera réfléchir, il vous fera ressentir des choses. Et si les gens sortent de la salle, c’est qu’ils ressentent effectivement quelque chose.

Interview Originale sur le site Afterellen.com

A propos de Lou Morin

Traductrice Anglais/Français

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