Empty Sky : Interview du réalisateur J. Michael Vargas

Empty Sky : Interview de Michael Vargas

Interview accordée au site Cin4leZ en 2012

Alors que je recherchais, comme j’ai l’habitude de le faire, le meilleur court-métrage lesbien sorti, je suis tombée sur une bande-annonce pour un court qui a retenu toute mon attention après seulement vingt secondes de vidéo. Le nom du film est Empty Sky, un court avec le directeur Michael Vargas aux commandes.

Je savais que je devais regarder cette œuvre puis, avec surprise, j’ai remarqué, sur la page Facebook du film, que, bien qu’il soit entré dans plusieurs festivals, Michael offrait à quiconque lui envoyait un e-mail la possibilité de le voir via son compte Vimeo.

Après avoir regardé ce film dans son intégralité, j’encourage maintenant le maximum de monde à envoyer rapidement un e-mail et voir cette œuvre absolument merveilleuse. Le seul reproche que j’ai fait (et je suis sûre que vous serez d’accord) est que ce ne soit pas plus long, et par conséquent qu’il n’y ait pas plus de temps d’écran pour la magnifique Maiara Walsh (Desperate Housewives, Switched at Birth).

L’alchimie entre Mlle Walsh et la nouvelle lycéenne Sarah Kathleen Rosen était sublimement délicieuse. Bon, ça suffit ! Asseyez-vous et profitez de l’interview suivante avec le directeur Michael Vargas et de la bande-annonce qui a attiré mon attention.

Pouvez-vous parler un peu de vous à nos lecteurs, de vos expériences, de votre travail ?

Je suis un réalisateur qui vient de Floride et qui a toujours eu un penchant artistique. J’ai grandi en étant musicien au collège et lycée, jouant de la trompette et étant membre de la fanfare, de l’orchestre symphonique, et de la troupe de jazz. La musique a toujours été mon truc et ce le sera toujours. Les gens disent que j’ai des goûts éclectiques en musique, aimant tout, en gros mais ça vient du fait que j’ai grandi en écoutant Fleetwood Mac, James Taylor, Elton John et beaucoup d’autres classiques.

En ce qui concerne les films, j’ai commencé à faire des choses à neuf ans, et toute mon inspiration venait de la musique, donc pour moi ça ne fait qu’un, et cela me permet de continuer à écrire et faire des choses.

Dans le temps que j’ai passé à l’école de cinéma (à l’université de Floride Florida State University College of Motion Picture Arts) j’ai travaillé sur plus de cinquante projets. J’ai eu mon diplôme en m’étant spécialisé dans la direction et la cinématographie, et juste après avoir fini l’école l’année dernière, j’ai été embauché comme stagiaire pour le Daily Show avec Jon Stewart. Cela a vraiment été un tournant dans ma carrière parce que j’ai travaillé avec un groupe de gens géniaux qui ne se contentent de rien d’autre que de la perfection, et ce, chaque jour. C’était le genre de choses que j’observais et alors je pensais « C’est de cette façon que je veux travailler, je ne veux pas devoir me contenter du minimum. »

C’était un environnement génial parce que les gens étaient si créatifs, et en faire partie est toujours inspirant. J’ai dirigé cinq courts-métrages dans l’école de cinéma. J’essaie de me focaliser sur les émotions humaines, et les problèmes pertinents mais en mettant un gros accent sur l’empathie afin que tout le monde puisse s’identifier aux personnages. Je crois que mes meilleurs moments sont lorsque j’ai un compliment de quelqu’un qui, en regardant les thèmes de mes films, dit « J’en connais le sens profond » ou « J’ai vécu ça, j’ai fait ça, ça m’est arrivé ». Et tous sont remplis de musique, mais j’essaie de faire en sorte que ce soit un morceau qui aille avec le film et non pas un morceau qui distraie les spectateurs des événements se déroulant à l’écran.

J’ai vu que beaucoup de vos courts avaient été des projets faits pour Florida State. Offrent-ils toujours les fonds pour vos projets et à quel point est-ce dur d’obtenir des fonds ?

L’école ne me fournit plus de fonds pour mes projets depuis le diplôme. Mais ils nous aident beaucoup à établir des connexions via le vaste réseau d’étudiants diplômés. La façon dont le programme fonctionne, puisque c’est une école d’état, est que l’école couvre tous les frais de machines et d’équipements électriques, des caméras, et de la restauration, ce qui est le plus gros du budget de tout budget de production. C’est ce qui rend ce programme unique, parce qu’il n’y a pas d’autre programme dans le monde qui fonctionne de cette façon. Nous étions tous très chanceux d’avoir un accès à l’équipement comme nous avions. Les fonds sont toujours un aspect délicat de la réalisation indépendante, et même en studio.

Il y a beaucoup de chemins que vous pouvez emprunter, et rien de rendra jamais quelque chose de probant, parce que vous pouvez toujours utiliser plus, et chaque production a tendance à dépasser son budget originel. Et trouver des investisseurs est délicat à cause des nombreuses implications légales qui peuvent rentrer dans le processus, et un film est probablement l’investissement le plus risqué que vous pouvez faire, parce que vous pouvez avoir un très bon film mais s’il n’est pas sorti correctement, vous pouvez perdre tous vos résultats.

Dans mon cas, j’ai moi-même mis des fonds pour le projet, ce qui est toujours la pire chose à faire, mais je n’avais pas vraiment le temps de rassembler des investisseurs parce que nous sommes installés avec un certain agenda de production à l’école et ce n’est pas flexible. Une autre chose géniale que l’école offre est qu’elle soutient vraiment nos films et offre un public de taille. Bien sûr nos films sont diffusés à nos diffusions locales pour chacun de nos projets de classe, mais ils couvrent les dépenses pour envoyer nos films aux festivals peu importe où ils sont, tout comme les coûts d’exposition des formats (film, BetaCam, HDCam, etc.). Ces coûts sont ce qui rajoute encore plus de temps, et c’est généralement quelque chose pour laquelle beaucoup de réalisateurs n’ont pas le budget.

Est-ce que Empty Sky est votre premier film avec un thème lesbien, et si oui, pourquoi avez-vous choisi ce genre ?

Empty Sky est mon premier film à thématique lesbienne. Le genre est apparu plutôt naturellement lors de l’écriture. Je voulais raconter une histoire d’amour, et plus important je voulais parler du conte classique d’« amour interdit ». Avant de déménager en Floride, j’ai vécu en Géorgie pendant près de dix ans, dans une ville où il y a toujours une fine ligne entre « bien » et mal. Regarder beaucoup de gens qui m’étaient proches se battre avec les problèmes sociaux, de race, de sexualité etc., m’a en quelque sorte inspiré à aller sur un chemin où je peux commenter mes observations.

Ce n’était pas vraiment clair dans la réalisation du court, mais c’était supposé se dérouler dans une ville plus petite. Et puis l’étape suivante était de prendre ma propre expérience de peine de cœur avec ma petite-amie du lycée (d’ailleurs nous sommes toujours ensemble) et passer par-dessus le fait que lorsque je suis parti pour l’université elle avait une autre année à faire au lycée. Puis j’ai voulu ajouter mes expériences avec la musique, parce que je voulais refaire l’expérience d’être de nouveau dans un groupe. Donc avec tous ces ingrédients, les personnages ont été concrétisés et sont devenus engagés romantiquement, et l’un d’eux jouait de la musique et il y avait une mère (qui était, en fait, basée sur une vendeuse de magasin de Hallmark qui m’a abordé en allant à l’université de FSU). Il y avait une danse complexe et vraiment une évolution de l’histoire que je gardais en tête lorsque j’écrivais les personnages, et puis le produit final est arrivé et je ne pouvais être plus heureux du résultat.

Y-a-t-il des projets de convertir Empty Sky en long métrage ?

Je veux le faire, je le veux vraiment. En ce moment, j’essaie de voir comment étendre l’intrigue en quelque chose qui couvre une large gamme de sujets de conversation. Je veux que les personnages reviennent dans ma vie, parce que l’on est devenu si proche d’eux pendant le développement, la production et la postproduction. Je veux en faire un très bon film, un de ceux que beaucoup de gens voient, pour que l’on puisse faire passer le message de ce problème partout et que l’on fasse voir aux gens combien l’amour est universel. Donc en ce moment, dans ma tête, je jette des spaghettis contre le mur et je vois ce qui reste collé. Nous n’en sommes pas loin ceci dit, et avec un peu de chance vous verrez quelque chose de développé dans les six mois.

L’alchimie entre vos deux stars était palpable, était-ce un facteur à prendre en compte pour les choisir ?

Croyez-le ou non, elles se sont rencontrées le premier jour du tournage. Maiara faisait de la charité les jours d’avant la production et a pris l’avion jusqu’ici la nuit d’avant le tournage, mais elle et Sarah se sont rencontrées le matin du tournage, et elles ont juste accroché et pendant les trois jours de tournage elles ont juste eu cette alchimie magique que l’on ressent à l’écran. Sarah avait simplement fait un petit film étudiant (en réalité pour mon caméraman/directeur de la photo, Jacob Abrams) quelques années auparavant, mais n’avait jamais été sur un plateau aussi grand que celui-ci, mais je ne pense pas que cela l’a stoppée. C’étaient des rôles profonds et les deux filles sont allées au-delà et plus profondément que les mots écrits sur le papier.

Avec une production pareille sur le projet, le budget était-il astronomique ou avez-vous bénéficié d’un miracle ?

Le budget était super super bas vis-à-vis des courts métrages des autres écoles. Dire que c’était un miracle cependant, je pense que cela revient à l’équipe avec qui j’ai travaillé. J’ai eu des gens très talentueux à mes côtés durant tout le processus : mon caméraman/directeur de la photo, Jacob Abrams, mon chef décorateur, Carissa Dorson, ma productrice Grace Hendley, et mon éditeur, Ricky Rose. Et beaucoup, beaucoup d’autres. Toutes les personnes des remerciements sont la raison pour laquelle le film est tel qu’il est.

Je peux dire que chacun d’entre eux est un ami proche puisque nous avons passé trois ans ensemble, 24h/24 et 7jours/7, donc nous savons tous ce que les autres pensent, ce qui arrive rarement à ce qu’on m’a dit. Puis, bien sûr, les performances et la façon dont Maiara, Sarah et Cindy étaient ensemble, je ne peux être plus heureux de ce que l’on a achevé collectivement. Le budget n’est pas vraiment un facteur de la qualité d’un film, comme l’on peut le voir pour beaucoup de films de studio à gros budget, mais les gens et l’effort collaboratif qu’un directeur a représente tout pour le rendu du film.

Donc, avez-vous une société de production ou un site sur lequel les fans grandissant de votre travail peuvent suivre votre avancée ?

Vous pouvez regarder mon répertoire sur ma page Vimeo pour l’instant . Il y a les films que j’ai dirigés avec ma bobine. Aussi, toute information concernant mon futur travail et le long-métrage Empty Sky seront mises à jour régulièrement sur la page Facebook.

Je travaille également avec Rose Transmedia, qui est un groupe spécialisé dans les clips musicaux, les courts-métrages et les publicités intégrant le travail et le divertissement avec une histoire avec une façon narrative qui fait résonner le style Hollywoodien classique avec le monde moderne.

Pouvez-vous nous donner le top cinq des conditions qu’une équipe de production doit remplir ou bien faire avec pour faire un projet réussi ?

1 / Bien comprendre ce que chaque personne apporte. 2 / Croire en l’autre. 3 / La perfection… quelque chose peut toujours être mieux. 4 / Accepter que tout ne se passera pas comme prévu, mais apprendre à compenser et à s’adapter à la situation. 5 / S’amuser… pour reprendre les termes d’une de nos professeurs « Nous faisons des films pour le divertissement, pas pour soigner le cancer ».

Parmi les trois positions d’équipe que vous occupez, laquelle préférez-vous ? L’écriture, l’édition ou la direction ?

J’adore écrire, j’adore diriger, et j’adore éditer. Cependant, je me suis identifié en tant que directeur, et je suis content parce que c’est le chemin que j’ai toujours voulu prendre, et maintenant je suis là. J’adore écrire et je le fais depuis que j’ai cinq ans, donc je suis un auteur/directeur. Mon prochain essai, ce que je veux être maintenant, est dirigé vers des clips vidéo, je sens que je suis fait pour. Je veux davantage me concentrer sur le fait de raconter une histoire dans les clips, au contraire des 80% des clips fait en ce moment qui ne sont que paillettes et apparence. Aussi, cela me donnera une chance d’apprendre la réalisation et me mettre dans une position pour diriger des projets plus larges plus tard.

Aimeriez-vous travailler sur des projets que vous n’avez pas créés ou le contrôle est-il important pour vous ?

Comme diriger quelque chose que je n’ai pas écrit ? Ou travailler en tant qu’assistant de direction dans une production audiovisuelle ? Pour diriger quelque chose que je n’ai pas écrit je suis totalement pour. Être un auteur/directeur est vraiment dur parce que dans la transition d’auteur à directeur vous devez regarder le scénario objectivement, ce qui est quelque chose sur lequel je travaille toujours et sur lequel je m’améliore. Donc être une nouvelle paire d’yeux sur un scénario avec lequel je ne suis pas connecté avant de lire la première ligne de la page 1 serait génial. En plus, il y a tellement de scénaristes talentueux avec qui j’adorerais avoir la chance de travailler. Il s’agit de collaboration, plus vous avez de gens dans les étapes du film, mieux cela rendra, parce qu’une seule personne peut apporter la touche de nuance que vous cherchiez.

Concernant le fait d’être assistant de direction dans une production audiovisuelle, j’adorerais faire cela également. Comme je l’ai dit auparavant, lorsque je travaillais avec le Daily Show, être autour de certains des gens les plus talentueux de la profession était vraiment inspirant et ça vous met à jour et vous améliore dans votre approche de la réalisation à la main. Le contrôle est subjectif dans ce monde parce que parfois les gens qui, selon vous, ont le moins de pouvoir sur un film sont ceux qui peuvent faire ou défaire votre production. C’est un tout et le rôle de chacun est aussi important que celui d’un autre.

Pouvez-vous nous dire ce qui va suivre pour vous ?

J’ai cinq pages remplies de trucs prêtes à être développées. Outre un long-métrage de ce film, j’ai beaucoup d’autres choses sur lesquelles je travaille, et avec un peu de chance ça donnera quelque chose assez tôt. En ce moment j’écris en Floride et je vais déménager à Los Angeles plus tard dans l’année pour faire en sorte que tout ça arrive.

Interview Originale sur le Site Cin4leZ

A propos de Lou Morin

Traductrice Anglais/Français

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