The Witcher (Le Sorceleur) de Lauren Schmidt Hissrich est disponible sur Netflix depuis le 20 décembre. Il s'agit d'une adaptation télévisée en huit épisodes de la série de livres fantasy écrite entre 1990 et 2013 par l'écrivain polonais Andrzej Sapkowski, également adaptée en série de jeux vidéo par le studio polonais CD Projekt entre 2007 et 2015. L'histoire raconte les aventures du sorceleur Geralt de Riv, dont le destin semble être lié à celui d'une mystérieuse jeune fille...
Mais c'est quoi au juste, un sorceleur ?
C'est là le premier écueil de l'adaptation télévisée. Je ne sais pas comment quelqu'un qui n'a jamais lu les livres ni joué aux jeux vidéo peut s'y retrouver. Le format ne permet pas de s'étendre outre-mesure, vu qu'il est difficile de tout raconter en huit épisodes. C'est pourquoi je comprends encore moins le choix du showrunner que d'avoir autant condensé l'histoire sur Yennefer. Alors j'en suis très heureuse d'un point de vue personnel, parce qu'il s'agit du personnage que je préfère. Mais la série s'appelle The Witcher, pas The Sorceress. Je m'explique...
À aucun moment nous n'avons de prise de vue sur la formation de Geralt, ce qui aurait été bien utile pour montrer ce qu'est un sorceleur. On a bien la description générique qui nous en est faite (un sorceleur est une personne itinérante que l'on paie pour chasser des monstres), mais c'est extrêmement réducteur ! La série n'explique pas pourquoi les yeux de Geralt (et donc de tous les sorceleurs) ont cette étrange couleur jaune, pourquoi il est capable d'utiliser la magie de bas niveau et par quel biais, pourquoi il se régénère si vite, pourquoi il utilise deux épées d'un métal différent (fer et argent), pourquoi il est capable de sentir la présence des monstres et d'en deviner instinctivement le type, pourquoi la magie n'a aucun effet sur lui, pourquoi il boit certaines potions (dont on ne se donne d'ailleurs même pas la peine d'en préciser la nature), pourquoi il ne ressent pas d'émotions (point discutable, je suis de l'avis que les sorceleurs ressentent au contraire les émotions), etc.
À aucun moment il n'est fait mention des mutagènes. Alors oui, on l'appelle bien "le mutant" parfois, mais on n'explique jamais pourquoi ! On essaie de dire au spectateur, de manière très subreptice d'ailleurs, que les sorceleurs sont rejetés mais sans raison ! Or, ce racisme n'est pas né un beau jour de pluie. Il aurait été plus qu'intéressant d'expliquer pourquoi les sorceleurs sont si détestés. Une personne qui a lu les livres et/ou joué aux jeux n'aura pas besoin d'explications, mais dans ce cas pourquoi prétendre s'adresser au grand public ?
À titre d'exemple, j'ai beaucoup aimé le fait que l'on montre l'enfance de Yennefer, que l'on explique comment elle est devenue magicienne de l'Aretuza, et pourquoi elle a un caractère si merdique. Son personnage est développé, toutes ses actions ont du sens, on comprend pourquoi elle est si dure une fois adulte et d'où lui viennent ses pouvoirs. Mais la série ne porte pas son nom. Il aurait été plus cohérent, à mon sens, de développer le personnage de Yennefer dans la saison 2 ?!
Il aurait été plus logique de laisser place à Geralt ( qui est quand même le héros ? ) durant la saison 1 pour que le spectateur comprenne ce que sont les sorceleurs, comment ils sont créés et dans quel but, afin de donner à Geralt l'épaisseur qu'il mérite. Avec le choix qui a été opéré, on a du mal à se lier à lui, puisqu'on ne sait absolument rien de ce qu'il a traversé (et ce ne sont pas les petits flashbacks du dernier épisode qui changent quelque chose). On ne sait rien de l'horreur que vivent les sorceleurs, ce qui enlève une grande part de compréhension quant à ce qu'ils incarnent.
C'est pareil pour le personnage de Ciri. On ne sait rien d'elle, on en sait davantage sur sa grand-mère. Oui, on voit son pouvoir et on voit qu'elle l'a hérité de sa mère, mais à part la voir courir dans les bois ou dans les champs... J'aurais vraiment préféré que les huits épisodes servent à introduire le monde des sorceleurs (l'enfance de Geralt, Vesemir, Kaer Morhen, le triste Albert, les épreuves, les écoles de sorceleurs, l'alchimie et les mutagènes, etc...).
Ça aurait été tellement plus intéressant, tout en permettant de comprendre le concept des sorceleurs. À la fin de la saison, j'aurais teasé le personnage de Yennefer, sachant qu'il est très attendu, pour faire savoir que la saison 2 s'orientera sur elle. La saison 1 m'a donné l'impression d'un gigantesque pot-pourri dans lequel il fallait absolument tout mettre : Yennefer, Ciri, Triss, Jaskier (réussi au passage), Tissaia, Calanthe etc... En huit épisodes, c'est beaucoup trop.
Peut-être que le rôle de Superman lui colle trop à la peau, mais cet acteur a beaucoup de charisme et de talent. Pour moi, il s'en est très bien tiré : il est mutique, le visage dur et fermé, il grogne plus qu'il ne parle, j'avais vraiment l'impression de voir le Geralt des jeux ( ceci est sûrement dû au fait qu'étant gamer lui-même, Henry Cavill a énormément joué aux jeux, il connaît donc très bien la vision de CD Projekt ). Mais peut-être que ce dernier n'est pas assez représentatif du Geralt des livres, plus violent et primaire dans ses actions. Anya Chalotra campe une Yennefer très convaincante. On retrouve bien la sale peste égoïste qui n'a que son ambition personnelle en tête. J'ai moins de recul avec son personnage qu'avec les autres, donc je m'arrête. Pour Ciri par contre, jouée par Freya Allan, je suis juste un peu déçue de l'avoir vue courir dans les bois pendant huit épisodes (et crier une fois ou deux). J'aurais préféré que la série prenne davantage le temps d'instaurer son univers, car il est riche et vaste. Ici, tout est expédié, on part du principe que tout est déjà connu donc on se contente de mentionner plutôt que de montrer et encore moins de développer. C'est ce qui me donne l'impression qu'il s'agit plus d'un gros fan-service qu'autre chose.
Un autre exemple est le traitement de la temporalité : on glisse du passé au présent, voire le futur avec des prémonitions ou des songes, sans que le spectateur ne sache ce qu'il en est. Ainsi, on assiste parfois à une scène passée sans le savoir, car la transition ( quand il y en a eu une ) s'est faite au hachoir. Il est alors très difficile de comprendre où on se situe dans l'histoire : quels évènements ont eu lieu à quel moment, impliquant tel personnage et ayant eu tel impact ?
C'est pour moi le défaut majeur de la série : on ne comprend rien à ce qui s'y passe. On a une image globale floue, à savoir que Geralt et Ciri doivent se retrouver parce que destinés, tous les deux destinés, mais la temporalité est gérée de façon si brouillonne que l'on s'y perd : il n'y a aucun repère temporel. Le spectateur n'est jamais certain de savoir s'il assiste à une scène qui se déroule dans le présent ou ailleurs ( et quand je dis présent, encore faut-il déterminer s'il s'agit du présent de tel ou tel personnage ). Cet écueil est assez dérangeant et, ajouté à l'absence d'explications, donne un sentiment général de confusion. Cela résulte peut-être du fait que les scénaristes et les réalisateurs changent tous les deux épisodes.
D'un point de vue visuel par contre, rien à redire. On prend de la magie dans les yeux du début à la fin. L'univers onirique est très bien rendu (les sorts bon sang...), l'image de manière générale est très soignée : c'est magnifique. De la fantasy à l'état pur. Le Geralt de Henry Cavill ne m'a pas dérangée, contrairement à certaines critiques qui l'estiment encore trop lisse pour incarner le Boucher de Blaviken ( pour les fesses molles : ). Mention spéciale aux combats qui sont vraiment dynamiques et très bien filmés. Là encore, le visuel est impeccable. Les costumes sont également très fidèles à ceux des jeux de CD Projekt, ce qui pour le coup constitue un repère familier. Il faut souligner que les paysages sont à couper le souffle, l'ambiance onirique et magique est superbement rendue, c'est indéniable : on en prend plein la rétine.
À aucun moment nous n'avons de prise de vue sur la formation de Geralt, ce qui aurait été bien utile pour montrer ce qu'est un sorceleur. On a bien la description générique qui nous en est faite (un sorceleur est une personne itinérante que l'on paie pour chasser des monstres), mais c'est extrêmement réducteur ! La série n'explique pas pourquoi les yeux de Geralt (et donc de tous les sorceleurs) ont cette étrange couleur jaune, pourquoi il est capable d'utiliser la magie de bas niveau et par quel biais, pourquoi il se régénère si vite, pourquoi il utilise deux épées d'un métal différent (fer et argent), pourquoi il est capable de sentir la présence des monstres et d'en deviner instinctivement le type, pourquoi la magie n'a aucun effet sur lui, pourquoi il boit certaines potions (dont on ne se donne d'ailleurs même pas la peine d'en préciser la nature), pourquoi il ne ressent pas d'émotions (point discutable, je suis de l'avis que les sorceleurs ressentent au contraire les émotions), etc.
À aucun moment il n'est fait mention des mutagènes. Alors oui, on l'appelle bien "le mutant" parfois, mais on n'explique jamais pourquoi ! On essaie de dire au spectateur, de manière très subreptice d'ailleurs, que les sorceleurs sont rejetés mais sans raison ! Or, ce racisme n'est pas né un beau jour de pluie. Il aurait été plus qu'intéressant d'expliquer pourquoi les sorceleurs sont si détestés. Une personne qui a lu les livres et/ou joué aux jeux n'aura pas besoin d'explications, mais dans ce cas pourquoi prétendre s'adresser au grand public ?
À titre d'exemple, j'ai beaucoup aimé le fait que l'on montre l'enfance de Yennefer, que l'on explique comment elle est devenue magicienne de l'Aretuza, et pourquoi elle a un caractère si merdique. Son personnage est développé, toutes ses actions ont du sens, on comprend pourquoi elle est si dure une fois adulte et d'où lui viennent ses pouvoirs. Mais la série ne porte pas son nom. Il aurait été plus cohérent, à mon sens, de développer le personnage de Yennefer dans la saison 2 ?!
Il aurait été plus logique de laisser place à Geralt ( qui est quand même le héros ? ) durant la saison 1 pour que le spectateur comprenne ce que sont les sorceleurs, comment ils sont créés et dans quel but, afin de donner à Geralt l'épaisseur qu'il mérite. Avec le choix qui a été opéré, on a du mal à se lier à lui, puisqu'on ne sait absolument rien de ce qu'il a traversé (et ce ne sont pas les petits flashbacks du dernier épisode qui changent quelque chose). On ne sait rien de l'horreur que vivent les sorceleurs, ce qui enlève une grande part de compréhension quant à ce qu'ils incarnent.
C'est pareil pour le personnage de Ciri. On ne sait rien d'elle, on en sait davantage sur sa grand-mère. Oui, on voit son pouvoir et on voit qu'elle l'a hérité de sa mère, mais à part la voir courir dans les bois ou dans les champs... J'aurais vraiment préféré que les huits épisodes servent à introduire le monde des sorceleurs (l'enfance de Geralt, Vesemir, Kaer Morhen, le triste Albert, les épreuves, les écoles de sorceleurs, l'alchimie et les mutagènes, etc...).
Ça aurait été tellement plus intéressant, tout en permettant de comprendre le concept des sorceleurs. À la fin de la saison, j'aurais teasé le personnage de Yennefer, sachant qu'il est très attendu, pour faire savoir que la saison 2 s'orientera sur elle. La saison 1 m'a donné l'impression d'un gigantesque pot-pourri dans lequel il fallait absolument tout mettre : Yennefer, Ciri, Triss, Jaskier (réussi au passage), Tissaia, Calanthe etc... En huit épisodes, c'est beaucoup trop.
Peut-être que le rôle de Superman lui colle trop à la peau, mais cet acteur a beaucoup de charisme et de talent. Pour moi, il s'en est très bien tiré : il est mutique, le visage dur et fermé, il grogne plus qu'il ne parle, j'avais vraiment l'impression de voir le Geralt des jeux ( ceci est sûrement dû au fait qu'étant gamer lui-même, Henry Cavill a énormément joué aux jeux, il connaît donc très bien la vision de CD Projekt ). Mais peut-être que ce dernier n'est pas assez représentatif du Geralt des livres, plus violent et primaire dans ses actions. Anya Chalotra campe une Yennefer très convaincante. On retrouve bien la sale peste égoïste qui n'a que son ambition personnelle en tête. J'ai moins de recul avec son personnage qu'avec les autres, donc je m'arrête. Pour Ciri par contre, jouée par Freya Allan, je suis juste un peu déçue de l'avoir vue courir dans les bois pendant huit épisodes (et crier une fois ou deux). J'aurais préféré que la série prenne davantage le temps d'instaurer son univers, car il est riche et vaste. Ici, tout est expédié, on part du principe que tout est déjà connu donc on se contente de mentionner plutôt que de montrer et encore moins de développer. C'est ce qui me donne l'impression qu'il s'agit plus d'un gros fan-service qu'autre chose.
Un autre exemple est le traitement de la temporalité : on glisse du passé au présent, voire le futur avec des prémonitions ou des songes, sans que le spectateur ne sache ce qu'il en est. Ainsi, on assiste parfois à une scène passée sans le savoir, car la transition ( quand il y en a eu une ) s'est faite au hachoir. Il est alors très difficile de comprendre où on se situe dans l'histoire : quels évènements ont eu lieu à quel moment, impliquant tel personnage et ayant eu tel impact ?
C'est pour moi le défaut majeur de la série : on ne comprend rien à ce qui s'y passe. On a une image globale floue, à savoir que Geralt et Ciri doivent se retrouver parce que destinés, tous les deux destinés, mais la temporalité est gérée de façon si brouillonne que l'on s'y perd : il n'y a aucun repère temporel. Le spectateur n'est jamais certain de savoir s'il assiste à une scène qui se déroule dans le présent ou ailleurs ( et quand je dis présent, encore faut-il déterminer s'il s'agit du présent de tel ou tel personnage ). Cet écueil est assez dérangeant et, ajouté à l'absence d'explications, donne un sentiment général de confusion. Cela résulte peut-être du fait que les scénaristes et les réalisateurs changent tous les deux épisodes.
D'un point de vue visuel par contre, rien à redire. On prend de la magie dans les yeux du début à la fin. L'univers onirique est très bien rendu (les sorts bon sang...), l'image de manière générale est très soignée : c'est magnifique. De la fantasy à l'état pur. Le Geralt de Henry Cavill ne m'a pas dérangée, contrairement à certaines critiques qui l'estiment encore trop lisse pour incarner le Boucher de Blaviken ( pour les fesses molles : ). Mention spéciale aux combats qui sont vraiment dynamiques et très bien filmés. Là encore, le visuel est impeccable. Les costumes sont également très fidèles à ceux des jeux de CD Projekt, ce qui pour le coup constitue un repère familier. Il faut souligner que les paysages sont à couper le souffle, l'ambiance onirique et magique est superbement rendue, c'est indéniable : on en prend plein la rétine.