Littérature jeunesse et homosexualité

[Djul]

Ces questionnements sont très intéressants mais je ne pense pas qu'ils sont hors-propos ici. Le livre est pour enfants, il raconte une histoire, simple et jolie. Il n'a aucunement l'intention de définir ou justifier l'homoparentalité, la question de la place de l'autre sexe dans un couple homo ou toutes les autres questions découlant de ce thème.
Pour moi c'est comme si on accusait un livre parlant de la peur du noir de ne pas traiter des autres peurs de l'enfant et du rôle des parents face à cette peur. Je dis n'importe quoi comme exemple, c'est juste pour dire qu'il y a des livres pour traiter en profondeur de certaines thématiques et que ce n'est pas le rôle d'un livre pour enfant.

[Méluzine]

Je ne pense pas vraiment que ce soit hors de propos. Je ne parle pas de ce livre spécifiquement mais je trouve que si tous les livres qui parlent d'homoparentalité parlent d'un couple de femmes et ne parlent pas du tout des hommes, cela pose un problème (je ne dis pas que c'est le cas, j'essaie juste de m'expliquer). Ce n'est pas parce qu'on est lesbiennes qu'on ne vit entourées que de femmes et ça ne me paraît pas aberrant d'expliquer à son enfant, même très jeune, qu'il ne vient pas uniquement de l'amour de deux femmes...
Et je ne partage pas vraiment ton point de vue sur le fait qu'un livre pour enfants ne soit là que pour raconter une histoire simple et jolie. Les contes de fées sont plutôt là pour les aider à affronter leurs peurs, non? On est bien d'accord qu'on ne va pas aborder en profondeur des thématiques super compliquées mais il y a plein de sujets à faire passer dans des livres jeunesse, d'autant plus que ça ne s'arrête pas aux livres pour les touts petits. A chaque âge on peut aborder des sujets et les traiter plus ou moins en profondeur. Bon, je m'arrête là parce que j'ai l'impression que c'est très confus ce que je dis et que je ne sers pas vraiment ma cause là...

[Fleming]

Bon, je m'arrête là parce que j'ai l'impression que c'est très confus ce que je dis et que je ne sers pas vraiment ma cause là...

Je ne sais pas ce que tu entends par servir ta cause Méluzine, mais je suis d´accord avec toi, si ca peut te rassurer. Quand j´ai lu cette phrase:

il y a des livres pour traiter en profondeur de certaines thématiques et que ce n'est pas le rôle d'un livre pour enfant

j´ai été choquée. Je trouve qu´il n´y a rien de plus profond que le regard d´un enfant... il voit juste, il est pertinent, alors autant lui montrer des choses qui ont un sens... profond
D´une manière et avec des mots différents que si l´on s´adressait à un adulte, ca va de soi, et c´est peut-être sur la forme en fait que se portait ta phrase, Djul...?

[Djul]

Non c'est encore autre chose que je voulais dire J'essayais de dire c'est que l'homoparentalité contient énormément de sous-thèmes et qu'un livre pour enfant ne peut pas tous les traiter. Ce qui ne sous-entendais aucunement que les thèmes devaient être traités légèrement

[Djul]

Voilà la réponse de la personne s'occupant du site culture & débat dont on parlait hier :

Madame,
J'entends votre argumentation.
Je pourrais dire aussi que la transsexualité n'a rien à voir avec l'homosexualité.
Quand un livre présent dans la liste traite de pédophilie, elle est toujours traitée sans amalgame : la confusion entre homosexualité et pédophilie est impossible à faire. Il suffit de cliquer sur le lien et lire l'article pour s'en rendre compte.
Je viens d'ajouter une ligne dans ce sens dans l'article que vous citez.
Avec mes remerciements pour votre remarque et mes meilleures pensées.
Jean-Yves Alt
63000 Clermont-Ferrand
http://culture-et-debats.over-blog.com/ ... 70134.html

Il a effectivement rajouté une * avec cette note "Tous les livres recensés dans cette liste évitent soigneusement l’amalgame entre la pédophilie et l’homosexualité."

[mandarine]

Pourtant pour Jean-Christophe Mazurie, l'auteur de Philomène m'aime, chez P'tit Glénat, «c'est justement parce qu'il y a encore dans notre société ce genre de réactions que nous devons continuer à traiter ce sujet dans la littérature jeunesse. C'est un sujet de société très important, il faut parler du respect de l'autre, et combattre ces réactions homophobes, de la même façon que le racisme, par ce biais-là. J'ai d'ailleurs le sentiment de ne pas avoir choisi ce thème, il est venu à moi de façon évidente et il m'a semblé juste important de le traiter. Ce livre est en quelque sorte ma réponse à toutes les bêtises et réflexions navrantes que j'ai eu l'occasion d'entendre ces dernières années. Ce qui m'intéressait, c'était d'écrire l'histoire d'une petite fille amoureuse d'une autre petite fille, de la façon la plus simple et la plus évidente, sans faire de la psychologie de bas étage. Il est important de ne pas prendre l'enfant pour un idiot. Et puis, j'ai des neveux et, en écrivant ce livre, j'ai forcement pensé à eux. J'espère tout simplement que dans quelques années, quand ils auront à vivre leurs propres expériences, tout cela soit une évidence, que la question de leur orientation sexuelle ne soit pas un problème et ne nécessite pas de débat».

«Pour moi il est important de parler de tout, il est important de parler, tout court. De ne pas ignorer ce qui entoure les gamins. Aucun sujet ne doit être censuré, conclut à son tour Thierry Magnier. L'enfant est capable de juger si ça l'intéresse, si ça l'intrigue, s'il a envie d'en parler. C'est aussi ça, la littérature, ça permet d'être attentif à d'autres façons de voir, d'autres façons de vivre. Quelle société aseptisée voulons-nous créer? Il faut revendiquer le droit à la différence et l'apprendre aux enfants. Leur apprendre qu'ils doivent s'aimer comme ils sont. Moi, j'ai envie de leur en parler en tout cas, c'est dans ma politique éditoriale. C'est cela mon métier! Qu'on nous laisse donc tranquillement faire notre métier!».

Je pense que les réponses des auteurs nous clarifie sur les intentions de ces livres pour enfants.

[Méluzine]

Je ne suis pas totalement dans le sujet mais comme j'ai déjà parlé des éditions Talents hauts qui combattent les préjugés sexistes, j'ai envie de vous parler d'un album jeunesse que j'aime bien : Marre du rose de Nathalie Hense, illustré par Ilya Green (illustratrice que j'aime beaucoup). Une petite fille raconte qu'elle aime le noir et que le rose ça lui sort par les yeux, de même que tous les trucs de princesse. Elle aime des choses considérées comme des choses de garçon et se fait traiter de garçon manqué et ne comprend pas pourquoi on critique son copain, considéré comme trop sensible parce qu'il coût et dessine des fleurs. Je le trouve très touchant cet album. Avec des questions d'enfants, il montre bien l'absurdité de cette répartition cloisonnée entre ce qu'une fille est censée être et ce qu'un garçon est censé être. Et les illustrations sont très chouettes et servent très bien le propos. A l'heure où les librairies sont envahies de livres "pour les filles", de rose et de paillettes à tout va, ça fait du bien!



Je ne peux pas résister, j'ai envie de vous en mettre un extrait :

"Moi, j'aime le noir.
D'habitude, les filles, elles aiment le rose, ça me sort par les yeux! Et c'est pareil pour les princesses, les tralalas de princesse, les rubans et aussi les poupées. Mais quand en plus c'est rose, là, ça me sort par les trous de nez!
Maman dit que je suis un garçon manqué. Ca veut dire que je suis comme un garçon mais pas un garçon quand même.
C'est comme dire "étoile d'araignée" au lieu de "toile d'araignée", ça ressemble mais c'est pas ça. Moi, je suis une étoile d'araignée, je ressemble, mais c'est pas ça..."

[ouioui]

Méluzine, ta critique de cet album de littérature de jeunesse me donne envie de le découvrir...
Merci pour le partage

[Méluzine]

Méluzine, ta critique de cet album de littérature de jeunesse me donne envie de le découvrir...
Merci pour le partage

Mais de rien!

Je viens de lire un roman pour ados : Troubles, de Claudine Desmarteau. C'est pas vraiment mon genre de lecture mais je me suis laissée tenter après avoir lu plusieurs articles élogieux. Camille est au lycée et partage sa vie entre sa passion pour le cinéma, son meilleur ami Fred, ses potes et quelques soirées bien arrosées. Camille, prénom féminin et masculin, on ne saura pas tout de suite quel est le genre du personnage principal (oui, j'avoue c'est ça qui m'a donné envie de lire le livre ). On suit donc Camille qui passe peut être un peu à côté de sa vie en se plongeant dans des films, qui est plus dans l'observation que dans l'action et dont le regard se porte plutôt vers les filles, mais sans jamais chercher à entreprendre quoi que ce soit.
La description de l'adolescence est plutôt juste et pas franchement gai, jusqu'à un final franchement violent et inattendu. Mais il m' a manqué de l'émotion dans ce livre, j'ai trouvé ça très froid et distancié comme façon de raconter. Il est peut être plus accessible pour des ados que L'âge d'ange dont je parlais plus haut et dont certaines thématiques se recoupent un peu, mais je le trouve beaucoup moins fort, moins touchant.

[Méluzine]

Je rajoute une petite BD, qui n'a pas vraiment sa place ici puisqu'il y est question d'un gay. Mais je trouve qu'elle est très juste sur la découverte de son homosexualité à l'adolescence. Il s'agit donc de Dans la peau d'un jeune homo, d'Hugues Barthes.
Ça reprend avec humour tous les points par lesquels on passe : le fait de se sentir différent des autres sans comprendre pourquoi, entendre des insultes homophobes à l'école à longueur de temps , ne pas se reconnaître dans les clichés sur les homosexuels, croire que ses parents ont enfin compris alors que comme d'habitude ils sont totalement à côté de la plaque , faire des tentatives ratés de coming out... Tout ça traité avec humour et c'est très parlant qu'on soit une fille ou un garçon.

Petit extrait :
"Quand même, je me demande si les autres garçons ferment les yeux et pensent à un garçon quand ils couchent avec une fille..."

A noter qu'il y a une suite, Bienvenue dans le Marais. Pour le coup c'est vraiment orienté mecs avec la découverte du Marais et de la sexualité, j'ai beaucoup moins accroché.