Je voulais poster ailleurs mais sur mon chemin, ce topique a retenu mon attention. Parce que le personnage de Simone Veil m'a ces dernières années posé des questions.
J'ai découvre Simone Veil à la sortie de mon adolescence par le truchement du long documentaire de Claude Lanzmann, "
Shoah".
Dans mon souvenir, elle témoigne du silence, tout comme Boris Cyrulnik du reste, que la société d'alors lui a imposé lorsqu'elle est revenue des camps d'extermination, dans cette dimension d'horreur que cette société ne voulait pas entendre.
On retrouve cette notion de fossé dantesque dans le récent superbe film "
La douleur" d'Emmanuel Finkiel (2017), dans "
Un amour à taire" de Christian Faure (2005), ou dans "
Au revoir là-haut" de Pierre Lemaître (ici concernant la première guerre mondiale).
A ce sujet d'ailleurs, j'ai découvert très récemment que la chanson de Jean Ferrat, "
Nuit et brouillard" avait été censurée à sa sortie en 1963. Pourtant, elle qui représentait l'une de mes chansons fétiches dans mon adolescence, m'a paru, à la suite de nombreux documentaires visionnés depuis sur cette période, assez en deçà de l'horreur engendrée au quotidien dont on découvre année après année de multiples visages.
Simone Veil - Témoignage (2005)
A travers ce qu'a traversé cette femme, ce qu'on lui a fait subir au bout de l'horreur, c'est un silence respectueux qui s'impose.
Je retrouve Simone Veil un peu plus tard à travers un livre de Laure Adler "
Les femmes politiques".
Elle y est d'ailleurs en couverture à l'Assemblée Nationale.
De nouveau, son combat pour faire passer son projet de loi sur l'IVG à l'Assemblée Nationale (17/01/1975), ajoute à l'admiration, oui, je peux employer ce terme, que provoque chez moi cette personnalité.
Surtout quand on prend réellement conscience de ce que cette loi permet d'accès à la liberté des femmes à disposer de leur propre corps.
L'image se modère légèrement à l'élection présidentielle de 2007.
Je suis étonnée de l'appartenance politique auprès de laquelle Simone Veil apparaît.
Sans doute ai-je une vision personnelle de ce qu'est une société humaniste.
En quoi la traversée et le vécu d'une telle déshumanisation devraient-ils modifier l'appartenance à une classe sociale donnée et aux idées qu'elle véhicule ? Et pourquoi d'ailleurs la modifieraient-elles ?
Le second questionnement, lui plus profond, intervient lorsque je découvre assez récemment, que Simone Veil a participé le 13/01/2013 à une manifestation contre le mariage pour tous.
Faut-il y voir au fond un positionnement par rapport à des représentations globales de rejet sur la sexualité entre des personnes de même sexe ? Auquel cas, c'est très troublant en regard d'un même vécu de déportation au motif d'appartenance à un groupe qui ne revenait pas à des dirigeants totalitaristes.
Ces manifestations demeurent très violentes quand on a été de l'autre côté de la cour.
Faut-il considérer de façon très dichotomique, comme je viens de le revoir dans "
La sociologue et l'ourson" d'Irène Théry, que l'idée défendue est qu'"
On n'a rien contre les homosexuel.le.s mais l'adoption et donc la filiation, ça non !" ? Auquel cas, le trouble persiste, s'enkyste et vient interroger l'honnêteté intellectuelle, le degré d'ouverture humaniste, toujours en regard du vécu.
Ces interrogations viennent appuyer le constat que l'humanité n'est pas toute blanche ou toute noire (quoi qu'elle puisse aussi l'être) mais qu'elle est plutôt faite de façon globale d'une infinité de nuances de gris.
Il aurait été intéressant d'entendre la voix de Simone Veil sur ces questions.