Monique Wittig

Les femmes et hommes qui vous ont marqué...
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Arizona
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Re: Monique Wittig

Message par Arizona »

Silverring a écrit :Oui, il y a un côté très charnel dans Le corps lesbien, c'est nourrissant, limite étouffant si on en prend trop d'un coup.
Oui, je veux bien un replaçage dans le contexte historique du féminisme. Parce que si je me sais résolument anti-sexiste et pour le droit (législatif mais aussi, acceptation sociale) des femmes à disposer de leur corps, je me rends compte que certains mouvement dont j'ai pu me sentir proche et même auxquels j'ai adhéré, se sont révélés incapable de pratiquer ce qu'ils défendent à l'extérieur ou même finalement sur des positions qui le déçoivent douloureusement.
Alors si vous pouviez éclairer la lanterne somme toute récente, je suis... en appétit !
Aaaaaaaah voilà ce que je n'avais pas lu :oops:
De toute façon, il n'y a toujours qu'une seule réponse en littérature : Virginia Woolf :mrgreen:
Je plaisante mais pour le féminisme Une Chambre à soi et Trois guinées sont très intéressants parce qu'ils offrent à la fois un panorama sur la situation des femmes et en même temps le point de vue particulier et très affirmé de Woolf, le tout avec cet humour british irrésistible...après pour le coté français, Clieuterpe sera beaucoup plus efficace que moi ;)
Nous ne vivons que pour découvrir la beauté. Tout le reste n'est qu'attente.

Silverring

Re: Monique Wittig

Message par Silverring »

Et tu as lu tout ça en t'ennuyant sur le plan stylistique ?!!!

J'espère que tu y as trouvé des asects plus à ton goût au moins côté fond...

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Arizona
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Re: Monique Wittig

Message par Arizona »

Silverring a écrit :Et tu as lu tout ça en t'ennuyant sur le plan stylistique ?!!!

J'espère que tu y as trouvé des asects plus à ton goût au moins côté fond...
non, rassure-toi, c'était dans un cadre universitaire (et oui, il y a des cours intéressants dans certains endroits!) et donc il fallait que j'aille au bout. Sinon, évidemment, je ne suis pas du genre à m'acharner.

Pour le fond, c'est simple : La Pensée straight ;)
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Silverring

Re: Monique Wittig

Message par Silverring »

Merci pour l'indication de Virginia Woolf ;)

J'avoue qje ça faisait partie de mes emprunts à venir à la fameuse médiathèque depuis un petit moment puisqu'on peut lire l'extrait reproduit ci-dessous dans les premières pages de King Kong Théorie :

"Vraiment, si la femme n'avait d'existence que dans les œuvres littéraires masculines, on l'imaginerait comme une créature de la plus haute importance, diverse, héroïque et médiocre, magnifique et vile, infiniment belle et hideuse à l'extrême, avec autant de grandeur qu'un homme, davantage même, de l'avis de quelques-uns. Mais il s'agit là de la femme à travers la fiction. En réalité, comme l'a indiqué le Professeur Trevelyan, la femme était enfermée, battue et traînée dans sa chambre."
Virginia Woolf, Une chambre à soi

Silverring

Re: Monique Wittig

Message par Silverring »


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Clieuterpe
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Re: Monique Wittig

Message par Clieuterpe »

Pour info, Grasset réédite ce mois-ci dans la collection des "Cahiers Rouges" le magnifique Brouillon pour un dictionnaire des amantes, signé par Monique Wittig et sa compagne Sande Zeig.

Image

Vous y trouverez un condensé de l'art-de-vivre et de la pensée wittigiens (ça se dit ?... :? ), et en plus, c'est préfacé par la géniale (enfin moi je suis fan !) Anne Garréta :
"Si vous manque l'imagination de ce que peuvent être les amantes dont parle ce Dictionnaire, il vous suffit d'y rechercher le terme. N'hésitez pas en recopier la définition comme je le fais ici :
Les amantes sont celles qui, éprouvant un violent désir les unes pour les autres, vivent/aiment dans des peuples, suivant les vers de Sappho, "en beauté je chanterai mes amantes".
Il serait difficile de faire plus clair, plus concis et plus élégant. Quelque chose pourtant vous chiffonne (vous constatez d'ailleurs que le mot "chiffon" est absent de ce dictionnaire) : la définition que vous venez de lire est subtilement circulaire et pleinement plurielle. Littré, Larousse, Robert ne procèdent pas ainsi : lexicographes positifs, ils nous enseignent entre autres choses positives, qu'une amante est une femme attachée à un homme par des sentiments tendres ; qu'au pluriel, le terme, dès lors nécessairement masculin (les amants) désigne un couple s'aimant d'amour réciproque.
Or, les amantes de Wittig et Zeig vivent non en couples, mais en formation immédiatement politique (des peuples) et plurielle. Enfin, les amantes ne sont pas des femmes, et encore moins des femmes qui aiment des femmes.
— Comment ça !? les amantes ne sont pas des femmes ?!

Un livre rigoureusement logique (c'est-à-dire poétique et ironique) et d'une ingéniosité délectable."

Anne F. Garétta
Le tout pour la modique somme de 8 euros et quelques !!
Ca vaut pas le coup d'être des Guérillères ça ?! :mrgreen:
" Maudit soit à jamais le rêveur inutile,
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté ! "
Femmes Damnées II, C. Baudelaire (Les Fleurs du Mal)

Michelle Paris
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Re: Monique Wittig

Message par Michelle Paris »

Rhaaaaaaaaaaaaaaaaa merci de signaler cette réédition :mrgreen:

Je l'ai dans l'édition de 1976, mais rien que pour la préface de Garréta et la jolie couverture des Cahiers Rouges, je vais me laisser tenter !

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Clieuterpe
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Re: Monique Wittig

Message par Clieuterpe »

Maaaaaaaaaiiiiiiiiiiiis oui !!! :)

J'avoue que les deux paires d'yeux en couverture... Pas mal quand même !
Et puis toi, Michelle, même pas la peine de te demander si tu aimes Garréta... Ta signature répond pour toi :mrgreen:
" Maudit soit à jamais le rêveur inutile,
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté ! "
Femmes Damnées II, C. Baudelaire (Les Fleurs du Mal)

Silverring

Re: Monique Wittig

Message par Silverring »

Merci Clieuterpe d'en avoir dit plus long sur le site !
une fois lu, c'est plus facile, hein... ;)

Ça donne bien envie de s'y plonger histoire de mieux comprendre l'articulation entre la pensée de l'auteur et sa production littéraire. De quoi explorer les ramifications jusque dans le quotiden de cette façon de penser l'environnement socioculturel...

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monolithe
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Re: Monique Wittig

Message par monolithe »

Merci déjà à Clieuterpe d’avoir ouvert ce topic puisque je crois que Monique Wittig le mérite bien. Et en effet, même si elle a gagné le prix Médicis, elle reste probablement assez méconnue.

Contrairement à Arizona, lorsque j’ai lu L’opoponax, ça a été un coup de cœur littéraire. J’ai été profondément touchée par ce livre et cette plongée particulière dans le monde de l’enfance. Ce qui m’avait surprise et émue, c’est de pouvoir m’identifier à cette enfance qui est pourtant à mille lieux de celle que j’ai vécue.
Je comprends que le style puisse laisser certains lecteurs de côté. Je pense que pour moi, au contraire, il m’a permis d’être absorbée. D’autre part, les jeux sur la narration dont parlait Arizona en première page se justifient et ne sont pas de simples ornements sans but. Je trouve qu’il s’agit là aussi de la force de M. Wittig. Dès L’opoponax, elle utilise le « on » qui exclue toute idée de genre.

J’ai également lu Les Guérillères et Le Corps Lesbien. C’est probablement Le Corps Lesbien qui m’a laissé la plus forte impression. En effet, c’est violent mais passionné. Il y a quelque chose de radical qui m’a là encore beaucoup touchée. Je trouve les images fortes mais belles, au fond.

Les Guérillères, j’ai eu plus de mal à accrocher. Il me semble que le style est encore plus décousu et que j’ai eu du mal à suivre l’histoire de ces femmes et de leur société. Je pense qu’il demande davantage d’analyse, étant celui des trois qui traite le plus du thème du genre. Dans ce récit, Wittig décrit cette société qu’elle aimerait créer, ce « nouveau monde ».

L’une de vous a-t-elle lu ses romans ?
Silverring, tu t’étais arrêtée aux extraits du Corps Lesbiens finalement ou tu l’as lu en entier ? J’aimerais avoir d’autres impressions sur son travail. Je sais que Le Corps Lesbien, notamment, a tendance à choquer voire à dégoûter (même si j’ai cru comprendre que ce n’était pas ton cas)

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