Un bref historique, s’impose, peut-être. Nous sommes en 1985, à Glascow en Ecosse, Sharleen Spiteri, chanteuse, Johnny McElhone bassiste, Ally McErlaine, guitariste, et Stuart Kerr, batteur décident de monter un groupe du nom de Texas en référence au film « Paris, Texas » de Wim wenders, sorti une année plus tôt. S’en suivra une longue et brillante carrière.
Le groupe Texas, Sharleen Spiteri en particulier est devenue au fil du temps une référence auprès du public lesbien. (malgré qu'elle ne fasse pas partie de cette communauté). Je pense que c’est un peu réducteur, de dire que ça viendrait uniquement de son look androgyne. (Mais rappelons, tout de même, l'excellent clip de « Inner smile » où Sharleen Spiteri est en Elvis Presley).
Texas Inner smile
Je crois que ça tient à sa personnalité, surtout. Au fait, qu’elle ne se laisse pas faire. Elle aurait pu jouer la parfaite chanteuse, jolie, qui charme son public au milieu de ses musiciens masculins. Elle aurait pu jouer de ça, comme tant d’autres, l’ont fait mais, au contraire, elle ne s’est mise en avant que pour promouvoir le groupe et protéger les membres du groupe, plus timides. Ce côté protecteur et femme forte a, je pense, beaucoup plus jouer auprès du public féminin. Et puis, qui d’autre, à cette époque, affirmait haut et fort qu’être femme ne l’obligeait pas à être féminine ?
Dans « tout le monde en parle », Thierry Ardisson lui dit ceci : « vous êtes un peu ambiguë, quand même, c'est-à-dire que vous êtes devenue une idole pour les lesbiennes. » Et la demoiselle répond : « ça c’est le plus grand compliment que vous puissiez me faire. En fait, les gens oublient ça, mais d’être apprécié par les autres femmes, qu’elles soient lesbiennes ou pas, pour moi, c’est véritablement un grand compliment que vous me faîtes. Ça ne me dérange absolument pas. »
(Toutefois, dans la suite de l’interview, elle précise qu’elle est avec un homme.)
Et là, je ne peux qu’admirer ! Pleins de nanas auraient profité de ça pour se la jouer « pro-lesbienne » pour plaire au public. Mais dans le mauvais sens, en catégorisant ce groupe-là, de fane, justement. Sharleen Spiteri, le dit clairement, elle se fout de l’orientation sexuelle de son public, pourvu qu’il apprécie sa musique. Et cette honnêteté, cette façon de ne pas faire de différence, est pour moi importante et la classe obligatoirement dans les personnalités qui ont compté et continue de compter en tant que modèle féminin.
Interview dans Têtue lors de la sortie de son album solo "the movie songbook" en 2010
Extrait :
"- Vous avez déjà été draguée par une femme?
- Des centaines de fois! Mes meilleures amies sont lesbiennes alors j'en côtoie beaucoup. Mais vous savez, je ne me préocupe pas de l'orientation sexuelle des gens, je m'intéresse seulement à qui ils sont, à leur façon d'être. J'adore les femmes, je n'ai jamais eu de sentiments amoureux pour elles, mais j'adore être entourée par des femmes."
"- Pourquoi vous cultivez ce look androgyne?
- Je suis comme ça depuis toute petite. Quand j'étais enfant je voulais être un garçon, je préfère les trucs de garçons de manière générale. J'adore être une femme, mais merde, un petit garçon rêve d'être cow-boy ou pilote, alors que les filles veulent toutes être infirmières ou comme leur maman, c'est tellement chiant! Je n'ai jamais aimé les poupées..."
