Garçon Manqué de Nina Bouraoui

Nina Bouraoui Garçon manqué

Titre Français : Garçon Manqué

Titre Original : Garçon Manqué

Auteur : Nina Bouraoui

Date de Sortie : 2000

Nationalité : Française

Genre : Roman Contemporain

Nombre de Pages : 189 Pages pages

Éditeur : Stock

ISBN : 978-2-253-15254-5

Garçon Manqué : Quatrième de Couverture

Son père Rachid est berbère, sa mère Maryvonne, bretonne aux yeux bleus. Nina est née en 1967. Pas facile d’être l’enfant des amoureux de 1960 dont la rencontre rappelle les pires moments de la guerre d’Algérie. Pas facile de grandir en Algérie et de voir sa mère insultée par des gamins. Pour mieux se défendre, Nina s’approprie la violence des hommes en devenant un garçon manqué. Mais comment s’y retrouver au bout du compte dans ces identités de fracture. Fille ou garçon ? Française ou Algérienne ? Le livre de Nina Bouraoui est à la fois lyrique et violent, tendre aussi quand elle évoque l’histoire d’amour avec Amine. Du soleil brûlant d’Algérie aux ciels mouillés de la Bretagne, il est rempli de contradictions qui ne sont pas seulement personnelles mais appartiennent à tant de gens dont on ne parle jamais.

Garçon Manqué : Avis Personnel

Nina Bouraoui livre avec Garçon manqué un récit fleuve sur l’identité, la quête de définition, la recherche de soi-même au travers des yeux des autres. Garçon manqué, c’est l’histoire d’une double interrogation qui poursuit la narratrice – Nina, puisque le roman est largement autobiographique – tout au long de son enfance et de son adolescence : fille d’une mère française et d’un père algérien, née en France mais élevée en Algérie, elle ne cesse d’être tiraillée entre les deux pays et les deux cultures ; en parallèle, c’est son identité sexuelle qu’elle questionne en se comportant comme un garçon alors qu’elle est née dans un corps de fille, se confrontant ainsi à l’incompréhension et au mépris de ses congénères.

C’est sur la réflexion de l’identité nationale qu’est majoritairement centré le roman, et cela m’a d’abord décontenancée : compte tenu du titre, je m’attendais surtout à un récit sur la recherche du genre ! Mais finalement, cette deuxième perspective s’imbrique comme en contrepoint dans la première, peinte par petites touches en filigrane des descriptions de paysages algériens et des ressentis de la narratrice. À propos de descriptions, sachez que c’est sur cette technique qu’est fondée toute l’écriture de Nina Bouraoui : phrases brèves et rythme invariable, la plume de l’auteur se fait pinceau pour rendre plus vivante cette Algérie d’après-guerre à la fois cadre et cause de ses tourments. Et Nina Bouraoui parvient à nous donner une image émouvante d’un pays en reconstruction où Algériens et Français, mais aussi hommes et femmes cohabitent et s’affrontent tout à la fois. C’est là aussi que se dessinent tous les éléments qui permettront à la petite Nina de poser des mots sur son besoin de se transformer en garçon, de comprendre cette nécessité de changement de sexe en analysant ce que celui-ci recouvre. Jusqu’à la délivrance, jusqu’à trouver enfin les mécanismes de résolution de ces interrogations. En fin de compte, Nina Bouraoui soulève l’épineux problème de la codification des genres sexuels et en pointe surtout la principale caractéristique : l’artifice. Au travers de ce cheminement émergent également les premières clefs qui permettront à la narratrice de mieux appréhender son homosexualité.

Garçon manqué est un roman fort, touchant, puissant, à tel point que le lecteur se sent souvent écrasé par la régularité implacable et hypnotique de l’écriture, si propre au style de Nina Bouraoui – un livre qui mérite une analyse profonde et une assimilation attentive, dans lequel je ne peux que vous conseiller de plonger.

Garçon Manqué : Extraits

« Ne pas être algérienne. Ne pas être française. C’est une force contre les autres. Je suis indéfinie. C’est une guerre contre le monde. Je deviens inclassable. Je ne suis pas assez typée. “Tu n’es pas une Arabe comme les autres.” Je suis trop typée. “Tu n’es pas française.” Je n’ai pas peur de moi. Ma force contre la haine. Mon silence est un combat. J’écrirai aussi pour ça. J’écrirai en français en portant un nom arabe. Ce sera une désertion. Mais quel camp devrais-je choisir ? Quelle partie de moi brûler ?»

«Mon visage. Mon corps à vérifier. Mon accent. Très léger mais reconnaissable. Surtout sur les «t». Ma façon de marcher steve-mcqueen. Une scoliose, docteur ? Non, L’Affaire Thomas Crown. Steve sans Faye. L’esprit de Steve. Le désir de Steve. Sur un corps de fille. Ma coupe de cheveux trop courte. Bien trop courte. À la Stone. Mes jeux violents. Mes cuisses musclées. Mes épaules de nageuse. Toutes les falaises du Rocher plat sur mon corps. Dense. Mon regard qui perce. Qui incendie. Qui entend. Qui dénonce. Mon regard, ma seule arme. J’en userai souvent. Pour faire mal. Pour dévorer. Et pour aimer enfin. »

A propos de Julia Clieuterpe

Chroniqueuse occasionnelle

Un commentaire

  1. Nina Bouraoui est ouvertement gay mais ce livre ne parle pas ça (contrairement à ce qu’on pourrait penser en voyant le titre du livre). Il parle de la difficulté d’être franco-algérienne; d’être toujours entre 2 cultures, de grandir en Algérie, puis en France.

    moi qui ait plein d’amis “secundos” (c’est comme ça qu’on dit en suisse) et qui sont constamment le cul entre 2 chaises, tiraillé entre 2 cultures, 2 pays – je les ai, d’une certaine manière, reconnu dans ce livre

    moralité, je vous le recommande 😉

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