I Am

Un documentaire émouvant et personnel sur la manière dont est perçue l’homosexualité en Inde

Année de Production : 2009

Réalisation : Sonali Gulati

Scénario : Sonali Gulati

Avec : Sonali Gulati (narratrice)

Nationalité : Américaine

Genre : Documentaire

Durée : 1h 11min.

Titre Original : I Am

I Am : Résumé

Sonali Gulati vit aux États-Unis depuis plusieurs années. Elle y a déménagé à la fin de ses études et sa mère est décédée peu de temps après sa remise de diplôme, avant qu’elle ait eu le temps de lui révéler qu’elle préfère les femmes. Aujourd’hui, onze ans après la mort de sa mère, elle retourne en Inde pour régler certaines affaires et notamment vider la maison familiale.

Une fois en Inde, elle interviewe des gays et lesbiennes, ainsi que leurs familles, avec un seul objectif : en apprendre plus sur la manière dont ces dernières ont accueilli les divers coming out.

Sonali Gulati vit aux États-Unis depuis plusieurs années. Elle y a déménagé à la fin de ses études et sa mère est décédée peu de temps après sa remise de diplôme, avant qu’elle ait eu le temps de lui révéler qu’elle préfère les femmes. Aujourd’hui, onze ans après la mort de sa mère, elle retourne en Inde pour régler certaines affaires et notamment vider la maison familiale. Une fois en Inde, elle interviewe des gays et lesbiennes, ainsi que leurs familles, avec un seul objectif : en apprendre plus sur la manière dont ces dernières ont accueilli les divers coming out.

L'avis d'Univers-L

Scénario/Réalisation
Casting
Lez/Bi Quantité
Lez/Bi Qualité

Résumé : Touchant et émouvant.

Note des lectrices : Soyez la première !
70

I Am est un documentaire émouvant qui s’attache à faire un état des lieux de la façon dont est perçue l’homosexualité en Inde aujourd’hui. Tout commence par le voyage de Sonali Gulati, qui doit retourner dans son pays natal, l’Inde, afin de régler des affaires familiales. Elle n’y est pas retournée depuis la mort de sa mère et semble découvrir un pays qui a bien changé depuis son départ. Elle décide alors, caméra au poing, de partir à la rencontre de nombreux homosexuels de la capitale, ainsi que de leurs familles.

L’une des forces de ce documentaire est ce côté très personnel que lui donne la réalisatrice, qui confie regretter profondément de ne pas avoir parlé avec sa mère de son homosexualité. C’est très émouvant de l’entendre parler de sa mère, nous expliquer en montrant la photo de celle-ci que la dernière fois qu’elle l’a vue, elle lui avait à peine parlé pour rejoindre ses amis. Elle ne cesse de se poser la question : mais comment sa mère aurait réagi en apprenant son lesbianisme ? L’aurait-elle reniée ? L’aurait-elle soutenue ? Le documentaire est véritablement comme hanté par cette mère partie trop tôt et par les regrets de ne pas lui avoir parlé de son vivant.

Tour à tour, Sonali Gulati suit différentes personnes et s’attache à parler de la manière dont leurs familles ont reçu la nouvelle de leur homosexualité. C’est un peu comme si, en les faisant parler, elle se demandait si c’est de telle ou telle façon que sa mère aurait réagi. Et ce qui est très intéressant ici, c’est que grâce à cette galerie de personnages (hauts en couleur pour certains), des lesbiennes des homosexuels, un transgenre, elle parvient à donner une bonne idée de la perception de l’homosexualité en Inde aujourd’hui.

On va réellement d’un extrême à l’autre. On rencontre des gens pour qui le mariage est forcément entre un homme et une femme, d’autres qui au contraire pensent que c’est un moyen pour les personnes de même sexe de s’engager aux yeux de tous. Certains pensent que l’homosexualité est une maladie (comme cet homme persuadé que cela aboutirait à des unions entre mères et filles ou encore cet homéopathe qui propose, dans une hallucinante scène en caméra cachée, un traitement de trois mois pour se soigner, à suivre à la lettre sous peine « de faire une rechute »). Dans certaines familles, l’homosexualité est rejetée en bloc et les réactions aux coming out sont très négatives (comme cet Indien transgenre enlevé, séquestré puis agressé), dans d’autres, c’est l’inverse (on rencontre beaucoup de familles qui parlent d’une acceptation progressive – après un temps d’adaptation pour digérer – ou de gens qui acceptent totalement, comme notamment à la toute fin une maman qui participe même à la gaypride !). L’ancienne génération avait tendance à rester dans le placard ou à se marier pour sauver les apparences, tandis que les plus jeunes assument, acceptent plus facilement et en parlent volontiers.

En bref une multitude de réactions et de positions qui reflètent parfaitement la façon de penser en Inde aujourd’hui. On semble être dans une société à deux vitesses : à la fois très actuelle, mais dans le même temps terriblement conservatrice. On ressent très bien à de nombreuses reprises une forte pression sociale : il faut absolument « rendre normale » toute personne homosexuelle.

Ce qui est intéressant ici, c’est que, malgré un sujet pas forcément joyeux au premier abord, Sonali Gulati parvient à disséminer ça et là des touches d’humour et à faire passer un fort message d’espoir. Certes la société indienne est encore relativement homophobe, mais ce n’est rien comparé à il y a encore quelques dizaines d’années, où l’article 377 était encore d’actualité (aboli en 2009 et hérité du Commonwealth, il faisait de l’homosexualité un crime). En Inde, les mentalités évoluent et grâce à cela de plus en plus d’homosexuels peuvent vivre leur homosexualité au grand jour, et encore plus depuis l’invalidation de ce fameux article. La réalisatrice croit en l’avenir et elle le montre très bien avec ces plans de fête dans la rue lors d’une des premières marches des homosexuels.

I Am est en résumé un documentaire à la fois nostalgique, émouvant et plein d’espoir, une œuvre très personnelle pour nous démontrer combien les mentalités sont en train de changer en Inde.

I Am : Extraits

SONALI GULATI : Me voici face à tout ce qui a été conservé toute une vie. Et face à ce que je ne t’ai jamais dit. (…) Je regrette de ne pas te l’avoir dit. Même si je ne sais pas quels mots j’aurais employés. Je ne suis pas intéressée par les hommes ? Je suis amoureuse d’une femme.

UNE FEMME : Je me dis lesbienne car je pense que c’est important de le faire.

UN HOMEOPATHE : Voici mon traitement contre l’homosexualité. Des gouttes à mettre dans un verre d’eau et à prendre tous les jours, matin, midi et soir.

PRESENTATRICE : Il y a de la tristesse en vous de ne l’avoir jamais dit à votre mère ?
SONALI GULATI : (après un long moment et les larmes aux yeux) C’est certain…

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