Imagine Me & You : Interview des Actrices Piper Perabo et Lena Headey

Imagine Me & You : Interview des Actrices Piper Perabo et Lena Headey

Interview accordée à Jenny Halper le 26 Janvier 2006 pour le site Cinecon.com

Comment osez-vous faire une remarque pareille !!! Comment osez-vous ? Question suivante !

Ce n’est autre que Piper Perabo, protestant malicieusement lorsqu’un journaliste réprimande la charmante jeune mariée londonienne qu’elle joue dans Imagine Me and You d’Ol Parker dans lequel elle se désintéresse de son mari (Mattew Goode de Matchpoint). Tout en réajustant une robe vintage couleur jaune d’œuf, que la plupart des filles que je connais refuserait de porter pour tout l’or du monde, la star native du New Jersey nous parle franchement des fans lesbiennes qu’elle a conquises après s’être éprise de Jessica Pare dans Lost and Delirious (2001).

Cette fois-ci, l’objet de sa timide affection est l’actrice anglaise Lena Headey, qui combattra bientôt des milliers de Vénitiens en tant que Reine de Sparte dans le film 300. Hors caméra, les actrices partagent une évidente camaraderie qui est ou n’est pas le fruit du lien tissé lors du tournage d’un  film underground discutable autrement connu sous le nom de La Crypte [The Cave].

Donc vous vous êtes connues sur le tournage de La Crypte

PIPER : Pourquoi faut-il que vous commenciez par là ? Vous voulez parler de La Crypte ? On s’est mises d’accord pour nier  le fait même qu’on a joué dans La Crypte.
LENA : On a été droguées. Et on s’est réveillées dans une crypte.
PIPER : Non, ça a aidé. Tu ne crois pas que ça a aidé ?
LENA : Non.
PIPER : Je veux dire, je voulais tourner quelque chose de bien avec Lena.
LENA : En fait, on voulait juste se parler.
PIPER : Ouais, on était genre « Tu veux dire quelques répliques ? » …avant qu’on aille explorer des cryptes ?

Piper, pensez-vous que votre personnage était lesbienne ou simplement amoureuse du personnage joué par Lena ?

PIPER : Je pense que ce qui est génial dans ce film et aussi progressiste, c’est qu’il n’y a pas de pourquoi ni comment du genre : « Est-ce que ça fait de moi une lesbienne ? Suis-je gay ? Suis-je lesbienne ? Qu’est-ce que ça signifie ? » Donc je pense qu’on dépasse ce stade ce qui permet de se concentrer uniquement sur l’amour et sur l’histoire. Vous voyez ce que je veux dire ?

Dans le film, Luce (Lena) croit à l’amour au premier regard alors que Rachel (Piper) pense que l’amour s’installe au fil du temps. Quelle est votre opinion personnelle ?

LENA : Je pense que c’est très délicat. Je pense que c’est pour ça que le film, plus que toute autre chose parle de timing et d’amour et de comment nous ne contrôlons absolument rien. Et vous ne pouvez rien considérer comme acquis, même une seconde – sinon, je pense que vous vous plantez. Avant tout, je crois que la vie est une question de timing, uniquement ça. D’ailleurs pour toutes les fois où des choses me sont arrivées dans ma vie, j’aurais pu dire : « Pourquoi maintenant ? » Après, c’est un test ou un joli moment. C’est pour ça que c’est aussi magnifique, selon moi.

PIPER : Je pense que l’amour peut être quelque chose de terrible, surtout si vous pensiez savoir ce que c’est mais que vous n’avez pas été totalement honnête ou que vous ne saviez pas. Vous voyez, quand vous êtes jeune et que vous continuez à découvrir, vous brisez quelques cœurs en essayant de trouver qui vous êtes et ce qui compte pour vous. Je suppose qu’il existe des gens qui tombent amoureux juste une fois et restent avec la même personne toute leur vie, mais ils font partie d’une minorité de chanceux.

Pensez-vous que le film aurait été différent s’agissant de deux hommes ou si c’était un film hollywoodien au lieu d’un film anglais ?

LENA : Je pense que parce qu’on est en quelque sorte habitués à voir les hommes avoir des aventures extraconjugales, c’est plutôt intéressant qu’ici ce soit la femme qui aille voir ailleurs, avec une autre femme. Mais encore une fois, je pense que c’est un film plutôt léger. Ce n’est pas profond et sombre mais c’est totalement honnête et douloureux. Le personnage de Matthew (Goode) est tellement poussé à nourrir ses ambitions qu’il en oublie l’époque où il a rencontré Piper parce qu’il s’est trop laissé aller.

PIPER : C’est en ça que c’est intéressant et pourquoi ce n’est pas un film hollywoodien. Je pense que dans une comédie romantique hollywoodienne, la personne qui se fait quitter est toujours un peu méchante. Est-ce que c’est mal vis à vis de cette personne ? Ça ne fait aucun doute, pour le public, d’avec qui vous devriez être et ce qui est intéressant dans ce film, et ce qui n’est pas hollywoodien, c’est qu’il n’y a aucun méchant.

Un moment magnifique, évidemment, dans ce film, c’est quand vos regards se croisent dans la première scène. Est-ce que c’était difficile à jouer ?

LENA : C’est comme d’être sorti brusquement de votre rêverie pendant une seconde. Vous voyez de quoi je parle ? Un peu comme si on se demandait : « Je crois qu’il vient de dire quelque chose. » ou de reconnaître quelqu’un que vous connaissez. Je pense qu’elles se connaissaient déjà.

PIPER : Aussi, parce que les spectateurs ont déjà pu connaître ce genre de moments dans leur existence, chacun remplira avec sa propre histoire et la façon dont il l’a vécue. Quand vous le voyez à l’écran, quoiqu’on fasse, ça laisse assez de marge pour le ressentir de façon personnelle.

Vous avez dit avoir de nombreuses fans lesbiennes suite à Lost and Delirious. Est-ce que ce nouveau script n’est qu’une coïncidence ?

PIPER : Un pur hasard. Je me considère d’ailleurs chanceuse d’avoir trouvé deux personnages aussi bien écrits. Il s’avère qu’elles sont lesbiennes, c’est peut-être pour ça qu’elles sont tellement… Je ne sais pas. J’ai juste trouvé deux personnages très bien écrits et je me fichais totalement de savoir avec qui elles couchaient.

Vous a-t-on déconseillée de jouer ces rôles ?

PIPER : Oui. J’ai juste dit : « Je vais le faire. »

Était-ce important pour vous de passer beaucoup de temps ensemble avant de tourner la scène d’amour ?

PIPER : C’est à ça qu’a servi La Crypte.
LENA : C’était la raison d’être de La Crypte.
PIPER : C’est ça. La Crypte n’était qu’une longue préparation physique pour moi.

Pensez-vous que les hommes seront plus tentés d’aller au cinéma après vous avoir vues toutes les deux sur les affiches?

PIPER : On ne nous voit pas vraiment sur les affiches.
LENA : Je pense que c’est juste une excellente comédie donc je suis certaine que les gens vont se précipiter pour la voir.

Pensez-vous que les spectatrices lesbiennes auront un regard critique ?

LENA : J’ai lu quelques critiques à Toronto, j’ai vu des choses du genre : « Je suis dingue de ce film. » « C’est vraiment un très joli film, vous allez l’adorer. »
PIPER : Des amis gay qui l’ont vu l’ont aimé. Mais peut-être qu’ils ont juste dit ça par devant Mais ils avaient l’air sincères en le disant.

Lena, pouvez-vous nous parler de 300? De quoi est-il question et qui incarnez-vous ?

LENA : C’est inspiré de la bataille des Thermopyles.
PIPER : C’est un comics de Frank Miller inspiré de la bataille ?
LENA : Ouais, c’est dingue.
PIPER : À quoi fait référence le “300” ?
LENA : Les hommes qui sont partis combattre. Ils étaient 300.

Et vous êtes la seule femme dans la bataille des Thermopyles ?

LENA : Je suis la Reine de Sparte, aux côtés de Gerry Butler qui joue le Roi. Ils partent faire la guerre et je reste pour maintenir la résistance politique pendant qu’ils vont combattre. Les Vénitiens sont en supériorité numérique.

PIPER : C’est toi la Reine de Sparte ?

LENA : Ouais. J’ai vraiment un rôle fantastique. C’était vraiment une très bonne expérience. L’étrange écran bleu vert était effrayant. C’est un peu bizarre et émotionnellement il n’y a rien à quoi se connecter excepté le fait qu’il y ait l’autre acteur – mais il n’y a pas de chaise, pas de table, pas de livre. C’est très étrange mais le réalisateur est génial et c’est un être humain exceptionnel et un réalisateur brillant. Je me suis éclatée.

Piper, vous avez tourné dans neuf films en deux ans. Pour lesquels êtes-vous le plus enthousiaste ?

PIPER : La rétrospective Piper va sortir d’un moment à l’autre maintenant. Ça sonne tellement cliché de dire que j’aime celui-ci et puis celui-là. Je trouve ça tellement drôle. C’est finalement très agréable de ne pas vous sentir gênée de dire lorsque vous aimez vraiment vos films. Maintenant, je dis des choses du genre : « Allez le voir, vous allez l’aimer. » C’est vraiment un sentiment agréable parce que d’habitude vous dites plutôt (elle murmure): « Ça s’appelle Slap Her She’s French [Giflez-la, elle est française] et j’espère que vous irez le voir. » Et j’ai aussi tourné dans ce film avec Guy Pearce qui s’appelle « First Snow » qui m’enthousiasme vraiment. Il a été réalisé par Mark Fergus dont c’était la première réalisation, et c’est une sorte de drame psychologique de la désolation qui se passe à Albuquerque. Vraiment réjouissant.

Vous avez fait des choix professionnels vraiment intéressants, de Coyote Girls en passant par Treize à la douzaine. Comment prenez-vous ces décisions ?

PIPER : Ça dépend beaucoup d’avec qui je serai amenée à collaborer. Et ça ne se limite pas juste aux acteurs mais aussi au réalisateur ou au scénariste. S’il y a quelqu’un avec qui je pense qu’il serait intéressant de travailler, genre Steve Martin, c’est plutôt difficile de refuser, peu importe ce qu’il demande. Il est tellement intelligent et drôle donc ça dépend beaucoup de si ce sera potentiellement intéressant à faire.

Lena, est-ce que le tournage des Frères Grimm a été difficile ?

LENA : Je dois avouer que quand j’ai terminé ce film, j’en étais à me dire : « Je ne sais pas si je veux continuer à faire ce métier. » Ça m’a vraiment fait me questionner.

Les critiques prouvent souvent que lorsqu’une actrice ou un acteur américain est engagé dans un film anglais, il se perd parfois à essayer de garder le bon accent. Piper, étiez-vous consciente de ça ?

PIPER : J’étais très attentive à essayer d’être le mieux préparée possible dès le premier jour de tournage, afin de pouvoir tout mettre en place, comme pour n’importe quelle forme d’entraînement. Je déteste voir quelqu’un prendre un accent sans être convaincant. Je trouve ça distrayant et ridicule donc c’était effrayant de faire ce film pour cette raison. Parce que si vous merdez dans un film anglais et qu’ils ont potentiellement engagé n’importe quelle géniale actrice anglaise, vous passez pour une conne, vous voyez ce que je veux dire ? Je trouve que c’est impressionnant lorsque les acteurs le font avec succès et c’est un défi intéressant pour moi d’essayer de modifier sa voix de façon aussi radicale.

Gardiez-vous cet accent entre les prises ?

PIPER : Oui, beaucoup au début. Puis les gens ont commencé à se moquer de moi, donc j’ai dû arrêter. Quand on sortait le soir, je prenais toujours cet accent alors Lena me disait : « Arrête ! »

LENA: Quand on sortait, elle gardait cet accent et je disais : « Je ne la connais pas. »

Traduction Magali Pumpkin

Interview Originale sur le site Cinecon.com

Lena Headey & Piper Perabo

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