Gaycation : Interview d’Ellen Page et de Ian Daniel

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Interview accordée à Trish Bendix le 26 février 2016 pour le site Afterellen.com

Ellen Page est amie avec Ian Daniel depuis des années.

« Ses cheveux descendaient jusque là » dit-elle en désignant ses épaules. « Un fois on a fait un duo… J’étais déguisée en Kurt Cobain et lui en Courtney et nous avons chanté Doll Parts ensemble » a dit Ellen au début de notre interview.

Ensemble, Ellen et Ian voyagent dans différentes parties du monde pour leur nouvelle série documentaire Gaycation et découvrent ce qu’est la vie pour les LGBT partout dans le monde. La diffusion du documentaire commencera le 2 mars sur Viceland (même si le premier épisode a été mis en ligne plus tôt pour que vous puissiez le regarder maintenant). Ce documentaire emmène les deux présentateurs au Japon, en Jamaïque et au Brésil pour rencontrer les gens qui composent la population homo de leur pays. De la visite d’un bar lesbien souterrain à une gay pride officieuse à d’autres situations plus dangereuses où leur sécurité est mise en jeu, Ellen et Ian sont les genres de guides qui veulent tout voir, et à travers eux, les spectateurs sont mis au courant des réalités qui ne nous sont pas montrées dans les représentations habituelles sur la vie et la culture LGBT.

Il y a aussi un épisode américain qui inclut l’altercation avec le candidat à la présidentielle, Ted Cruz, pendant un barbecue en Iowa où il n’avait pas vraiment aimé les questions d’Ellen sur la protection des LGBT aux États-Unis. Mais, ce qu’il n’a pas compris c’est qu’Ellen et Ian ont vu par eux-mêmes ce qu’il se passe lorsque les dirigeants mondiaux et les gouvernements locaux bloquent les droits essentiels de notre communauté et ils nous rappellent, à la manière Vice, que ce genre de persécution ne remontent pas à si loin que ça dans l’Histoire.

Nous avons parlé avec Ellen et Ian lors de la tournée de presse de la Television Critics Association en janvier.

De ce que vous avez vu, quelles sont les différences entre les femmes homos et les hommes homos ? Était-ce différent dans chaque pays ?

Ellen Page : Absolument, ça dépend du pays. Nous étions dans un pays où le consensus était tel que si vous étiez un homme gay un peu efféminé et faisant partie de la classe moyenne ou populaire, alors votre vie serait vraiment incroyablement difficile. Est-ce toujours difficile pour une femme, en particulier pour une femme butch ? Tout à fait. Peut-être pas au même point… Mais, cela semblait être le consensus pour les hommes et les femmes, alors qu’ailleurs c’était plus difficile pour les femmes parce qu’il s’agissait d’une culture où il était un peu plus difficile d’être une femme pour commencer, donc si vous ajoutiez la composante lesbienne ou bi en plus de ça, cela devenait encore plus difficile pour vous. Ça dépend assurément du pays mais typiquement c’était intéressant ; c’était toujours… Je n’ai jamais vu, que ce soit pour les hommes ou les femmes, je n’ai jamais vu quelqu’un qui semblait faire une distinction… vous voyez ce que je veux dire ?

Ian Daniel : Je crois que dans la nouvelle version de l’épisode au Japon, ils ont ajouté plus de scènes. J’ai appris de ton expérience…

Ellen Page : Parce que tu n’étais pas là. [Remarque : Les hommes n’étaient pas autorisés dans le bar pour femmes du Japon]

Ian Daniel : Parce que je n’étais pas là, donc je me disais « Oh, il y a des centaines de bars pour les hommes homos… »

Ellen Page : Et il y en a cinq pour les femmes.

Ian Daniel : … et il y en a cinq pour les femmes. Et ça m’a vraiment frappé ; je ne m’y étais pas du tout attendu. Je ne sais pas. Je réfléchissais juste à cela et au fait que c’est aussi ce qui se passe en Amérique. Je crois que l’on a beaucoup de bars gays…

Ellen Page : Tous les bars lesbiens sont en train de fermer.

On est en train de les perdre !

Ian Daniel : Oui, ils se font fermer. Pourquoi ?

Pourquoi ? Avez-vous des théories ?

Ian Daniel : Ellen a posé ces questions-là, pas vrai ? En tant que gay, j’apprends à travers son expérience. Je ne peux pas dire… Il faut que j’y réfléchisse davantage.

Ellen Page : Je crois que c’est juste le patriarcat. Voilà comment je simplifie les choses.

Ian Daniel : C’est vrai. C’est la raison principale.

Ellen Page : Notre société pourvoit aux besoins des hommes cisgenres.

C’est vrai. J’ai vu uniquement le premier épisode, mais je suis curieuse de savoir ce que vous nous montrez au niveau des expériences bisexuelles.

Ellen Page : C’est une très bonne question.

Ian Daniel : Vraiment bonne.

Ellen Page : C’est quelque chose dont nous avons parlé. Et nous en avons parlé parce que ce n’est pas un sujet souvent mis sur le tapis. Et je pense que c’est… je peux comprendre pourquoi cela peut être dur pour les gens d’entendre ça ; pourquoi ils peuvent se sentir frustrés de cette réponse. Nous avons tourné quatre épisodes et nous avons largement le temps d’en faire d’autres dans le futur. Je crois que ce qu’il s’est passé… Beaucoup des pays dans lesquels nous sommes allés… Je ne sais pas comment le dire. Peux-tu m’aider à expliquer cela ?

Ian Daniel : Voilà le truc : j’ai beaucoup appris sur le fait d’être bisexuel juste en faisant partie du documentaire et en essayant d’analyser ce que j’en pensais auparavant, mais peut-être que je n’ai pas entièrement compris. J’en ai aussi parlé à des gens sur mon temps personnel, et j’ai compris les stigmatisations et la complexité de la situation.

Ellen Page : Et les difficultés. Beaucoup de vraies difficultés.

Ian Daniel : Les problèmes émotionnels aussi. Ce sont de vrais problèmes. Je crois que l’on prend conscience de ça au fur et à mesure du documentaire et je pense que ça va de plus en plus faire partie de la série documentaire. Enfin, je ne sais pas, mais j’espère que si le documentaire continue, nous mettrons un point d’honneur à vraiment creuser un peu plus le sujet.

Ellen Page : Nous avons parlé à des personnes qui s’identifiaient comme bi. Ce n’est pas nécessairement devenu une partie centrale du documentaire pour l’instant, et certains pays et certaines expériences que nous avons eu n’ont pas forcément créé un tremplin pour que ça le devienne.

Ian Daniel : Et aussi, dans certains pays, le mot transgenre ou trans n’est presque pas inclus dans le langage.

Ellen Page : Il y a une différence de… Je voudrais dire aux gens « Soyez patients avec moi ». Je sais qu’il y a des gens qui attendent certaines choses de nous et nous faisons évidemment de notre mieux pour inclure tout le monde, mais honnêtement cela dépend des pays, du climat, du langage, de la culture qui entourent les personnes LGBT. Et c’est pour ça que je dis que c’est une question à laquelle il est un peu compliqué de répondre. Mais vous savez, on a encore beaucoup de temps pour faire plein d’autres choses.

Ian Daniel : On devrait faire savoir que l’on en parle beaucoup et que l’on essaie de connaître ce sujet, de savoir comment le représenter. C’est un thème que nous voulons vraiment aborder et je suis content que l’on en parle avec les journalistes parce que peut-être que l’on n’en parle pas assez dans le documentaire, mais cela nous intéresse vraiment.

Ellen Page : C’est quelque chose dont nous avons parlé dans chaque épisode où la situation est un peu difficile.

A propos de Lou Morin

Traductrice Anglais/Français

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