Gaycation : Interview d’Ellen Page et de Ian Daniel

gaycation ellen page ian daniel

Interview accordée à Trish Bendix le 26 février 2016 pour le site Afterellen.com

J’ai aimé quand, dans l’épisode sur le Japon, vous aidez le jeune homme à faire son coming-out à sa mère. Je crois qu’en Amérique nous avons tendance à dire « Oh, on s’en fout ! Faire son coming-out n’est plus si difficile que ça maintenant ; je savais qu’untel était homo ». Je pense que l’on oublie les gens qui vivent dans le sud, comme dans le Missouri…

Ellen Page : Ou n’importe où. N’importe où. Je crois que vous ne pouvez jamais savoir ce que c’est. Vous n’avez aucune idée du vécu des gens. Vous n’avez aucune idée de ce qu’est leur famille, de ce que sont leurs croyances, et de tout le reste. Je crois que, parfois, l’on sous-estime les difficultés auxquelles beaucoup de personnes font face.

Vous avez brièvement mentionné plus tôt que les classes sociales peuvent aussi faire une différence. Cela a-t-il été un facteur décisif dans le choix de vos destinations au sein d’un pays ?

Ellen Page : Bien sûr. Eh bien, je crois que dans le documentaire, nous essayons vraiment de réfléchir sur ce que cela représente d’être une personne privilégiée et homo dans un pays où la situation est vraiment difficile, par opposition à ce que cela représente d’être dans la même situation avec peu de revenus. Ce sont deux choses extrêmement différentes. Je pense que c’est quelque chose d’important que les gens doivent voir et, en plus, la situation est bien souvent identique en Amérique. Ce ne sera pas la même chose dans chaque foyer ou chaque communauté, bien entendu, mais, nous voulions vraiment montrer ce qu’être privilégié représentait pour un membre de la communauté et à quel point il est important de se concentrer sur ceux qui sont les plus vulnérables, parce que ce sont généralement ceux que personne n’écoute.

Avez-vous appris des choses sur vous-même en faisant cela ?

Ellen Page : Oh Seigneur.

Ian Daniel : Seigneur, oui.

Ellen Page : Je ne pense pas avoir forcément appris quelque chose sur moi, mais j’ai tellement appris ; j’ai tellement appris. Cette expérience m’a rendue si humble et inspirée. Je me sens tellement plus proche de Ian et je n’aurais jamais cru que ce serait possible. Donc je me dis à moi-même « Oh, arrête ton char ». C’est que j’ai bénéficié d’une expérience qui m’a tellement appris, et m’a fait rencontrer tellement de gens incroyables.

Ian Daniel : Je crois que tu as aussi appris qu’on avait encore beaucoup à apprendre, hein ? Ça m’a donné envie de lire tous les jours et d’ouvrir mon esprit sur les problèmes actuels et sur ce à quoi les gens doivent réfléchir. Je crois que, quelque part, vous avez l’impression d’avoir une énorme responsabilité après avoir parlé à ces gens. Genre vous comprenez maintenant votre responsabilité : vous savez des choses et devez essayer de représenter les différentes expériences des gens. C’est ça que vous apprenez, et vous espérez simplement mettre en lumière les bons problèmes. Mais, je crois aussi que vous apprenez que vous êtes reconnaissant de choses pour lesquelles vous n’auriez pas cru être reconnaissant, vous êtes reconnaissant de votre liberté et je crois que quelque part, je suis reconnaissant de pouvoir être plus radical dans mes propos sur mon pays. Il y aura peut-être des répercussions, mais il existe des endroits sûrs où je peux parler, et vous vous sentez dans l’obligation de commencer à faire ça à votre niveau. C’est ce que je ressens en tout cas.

Ellen Page : J’ai l’impression que c’est quelque chose dont l’on parle tout le temps et que l’on espère réussir à faire avec le documentaire. Je crois que l’une des questions que cela m’a fait me poser c’est : pourquoi est-ce que l’on n’apprend pas l’histoire des LGBTQ ? C’est quelque chose que je trouve vraiment frustrant. Je trouve toute cette remise à niveau vous avez l’impression de faire très frustrante. J’ai l’impression de ressentir tellement de haine et de peur pour tous ces problèmes auxquels nous faisons face ou pour les personnes confrontées à ceux qui ne nous aiment pas, personnes pour qui j’ai de l’empathie. Je crois que c’est vraiment le symptôme d’un problème plus profond. Une grande partie du problème est due… Un grosse partie du problème serait résolue si nous apprenions l’histoire de notre communauté parce qu’il s’agit d’une histoire extraordinaire. Bien sûr, elle comprend beaucoup de douleur et de combats, mais c’est génial. J’adore lire sur ce sujet, je dévore ce genre de lecture. Pourquoi n’étudions-nous pas tout cela ?

Interview Originale sur le site AfterEllen.com

A propos de Lou Morin

Traductrice Anglais/Français

Répondre