C.C. Carter : Interview de l’artiste

C.C. Carter

Interview réalisée par Wong Cook pour le site LesbianLife.com

Intellectuelle, intrigante, franche et académique sont seulement quelques adjectifs décrivant cette lesbienne ronde du Midwest. Elle déclare que tout ce qui est fait dans le Midwest est gros et qu’il est donc logique pour elle de faire de même. Elle nous a fait part de la façon dont Oprah Winfrey voit le Midwest puisque cela fait écho à sa culture. Elle nous a dit combien sa grand-mère avait influencé sa carrière. Elle a joué partout, des croisières aux lycées et aux universités et a fait l’ouverture de célèbres poètes comme Nikki Giovanni. Elle nous explique comment une amitié sporadique de sept ans s’est transformée en un partenariat agréable, de confiance de treize ans avec sa femme actuelle.

Le don artistique que possède CC Carter l’a rendue perspicace quant à ce que les gens souhaitent entendre concernant la poésie et elle le leur sert cru, sans artifices. CC Carter nous explique que son ambition, en tant qu’artiste, l’a conduite au désir de possession d’une maison d’édition afin de repérer certains talents sous-estimés du Midwest et du Sud. Son but est de changer la perception du « toutes les bonnes voix viennent des côtes Est et Ouest ». CC Carter nous a également expliqué pourquoi elle était d’accord avec la différentiation stud/fem. Lisez pour découvrir tout ce que cette poétesse très scolaire a eu à nous dire lorsqu’elle s’est assise aux côtés de Lesbian Life.

Faites-vous du slam ?

J’aimerais dire que je suis une artiste slameuse. Mes textes ne sont pas juste un monologue. Vous savez, dans le slam que je fais, j’utilise le théâtre, la danse et j’y incorpore de la musique et toutes ces choses un peu plus théâtrales que tout le monde utilise.

Parlez-moi de ce que vous écrivez ?

Je suis davantage connue pour mes textes sur l’image de soi et le fait d’être ronde et érotique d’une façon très fem. J’écris aussi sur les races, l’artisanat et la culture, avec une préférence pour la politique du corps humain. Par politique du corps humain j’entends les femmes rondes qui aiment quelqu’un d’identifié comme butch/stud.

Jouez-vous d’un instrument ?

Mes cordes vocales sont mon instrument. La différence c’est que j’aime me servir du R&B contemporain, utiliser ces instruments combinés avec ma propre poésie. Comme ça il y a toute une gamme de références en terme de contenu pour le public. Ils sont habitués à la musique en elle-même, et l’astuce c’est que c’est mon propre slam.

Êtes-vous originaire du Midwest ?

J’ai toujours eu l’impression que Chicago était chez moi, cependant, je suis une fille de missionnaire. Je suis née au Little Rock, j’ai grandi, me suis construite à Chicago, et j’ai vécu, de mon adolescence à ma vie adulte, à New-York. Je suis allée au Spellman College à Atlanta, suis tombée amoureuse et je suis revenue à Chicago.

De quelle manière votre art reflète-t-il le fait que vous viviez à Chicago ?

Je dirais que c’est hardi, riche et complet (sourire), je pense que c’est ce qu’est le Midwest. Ça me rappelle les grandes choses, la qualité de vie imposante d’ici. Tout ici dans le Midwest, est fait en gros, mais pas en grandiose, comme de gros barbecues. C’est une sorte de rencontre entre le Sud et le Nord. Je pense que les gens ont une approche de la politique différente entre la côte Est/Ouest et le Midwest/Sud. Je pense que le Midwest est plus sudiste, il est plus connecté avec ce que serait le style Sudiste, mais sans y inclure les idéologies que les grandes villes sont censées avoir ; et c’est en quelque sorte ce que je dis dans mes textes. Je considère que Chicago est le New-York du Midwest. Il y a plein de cultures différentes, d’ethnies, de races et d’artisanat, et en plus les politiques d’identité et de genre les plus géniales sont ici (à Chicago). Nous avons des structures LGBT qui n’existent nul part ailleurs. Nous sommes la seule ville du pays à avoir un hall of fame gay et lesbien. Vous voyez ce que je veux dire ? Quand nous faisons quelque chose ici, nous le faisons en grand, mais ce n’est pas aussi grandiose que si nous avions notre propre identité bien enracinée. Chicago vient de cet endroit bien défini avec une histoire.

Je crois qu’avec Oprah Winfrey ici ça en dit long sur la ville, non ?

Absolument ! Quand elle est arrivée à Chicago, elle était d’accord pour dire que Chicago avait sa propre culture. Le Midwest a une culture qui ne ressemble à aucune autre. Comme pour la côte Est, vous savez qui est de la côte Est, ils ont ce style, tout comme les gens de la côte Ouest ont leur propre truc. Le Midwest a le sien, c’est presque comme une troisième côte.

Est-ce toujours ce que vous avez voulu faire ?

Pour que mes parents puissent dire que je suis née en slamant ? (rires). Puisque mon père était missionnaire je jouais tous les dimanche dans les pièces de théâtre de l’école. Je jouais en tant que danseuse. Je suis une enfant des années 60 et les parents élevant les enfants dans les années 60 voulaient qu’ils soient exposés aux meilleures choses de la vie. Mais ils ne comprenaient pas que certains de ces enfants voulaient devenir ce à quoi ils avaient été exposés. C’était plus une activité scolaire pour en apprendre plus sur l’art et pour pouvoir aller à un ballet de Alvin Ailey, ou à une galerie de Gordon Parks. Des choses comme cela étaient faites dans les années 60, vous pouviez donc préparer votre enfant pour son entrée dans le monde extérieur, le préparer à avoir des conversations avec des gens qui n’auraient pas cru qu’il connaisse des choses sur ces sujets. Devenir les gens que nous allions voir n’était pas nécessairement ou facilement accepté par nos parents. Ce n’était pas considéré comme cohérent ou comme une carrière pérenne et stable financièrement parlant.

Donc, est-ce que vous pensez que si vos parents vous avaient prise plus au sérieux, il y aurait plus de gens de votre génération qui feraient ce qu’ils auraient dû faire ?

Exactement ! Ma grand-mère et moi avions une sorte de relation secrète que personne ne connaissait, elle me soutenait dans la branche artistique que je voulais emprunter et que j’ai prise plus tard. Quand je rentrais à la maison pour faire mes devoirs et que je lui disais que j’avais une poésie de Langston Hugues elle disait, « Allons devant un miroir, interprétons ce poème, tu dois vraiment l’interpréter pour en comprendre le sens ». Et puis quand des gens venaient à la maison elle redevenait cette ancienne de la famille toujours en train de cuisiner. Elle aurait été une artiste formidable.

Votre grand-mère fut d’une grande influence sur votre vie artistique, quand vous faites vos représentations ou écrivez vos textes vous pensez à elle ?

Absolument, à chaque fois que je suis sur scène. En fait la pièce qui m’a rendue célèbre, si on peut dire ça comme ça, ou la pièce pour laquelle je suis la plus connue, s’appelle Her Story Of My Hips et ça parle du fait d’être ronde et d’avoir des hanches larges. Mes hanches contiennent cinq générations d’esclavage.

Avez-vous des CD de sortis en ce moment ?

Sur ma page Facebook il y a des vidéos de mes représentations les plus récentes. Je suis en train de sortir un CD, pour la fierté, appelé Feeling Good. À partir de celui là j’ai fait des représentations que j’aurais probablement finies dans une semaine ou deux. Mon site Internet est www.cccarter.com.

Voyagez-vous beaucoup ?

Ça a été très intéressant parce qu’au début, il y a à peu près dix ans je crois, je voyageais beaucoup et puis ça a été un peu comme ça… quand le slam a frappé de plein fouet et que je me suis arrêtée, il y a eu cet essor du slam. Maintenant ma carrière est un peu finie.

Je voulais vraiment être certaine que ce que je faisais concernait les universités. Donc j’ai décidé de me concentrer sur une soumission de mon travail aux ethnologies, que mon travail serait enseigné dans les études féminines, LGBT, et des femmes de couleur. Ces trois dernières années il y a eu cette explosion de gens qui recherchaient mon travail pour découvrir ce que j’ai dit autour de la politique du corps, afin de l’y incorporer dans leur thèse ou leur programme. Cela m’a fait réévaluer mon travail pour un slam plus prospectif, parce qu’il n’y a pas vraiment de moyen pour conserver ça sur youtube ou sur CD. Les professeurs ne sont pas vraiment branchés médias sociaux pour l’enseignement et ils utilisent encore des manuels.

Qu’est-ce que le slam CC ?

Vous le reconnaitrez dès que vous en entendrez. Le slam a des éléments de la poésie qui résonnent vraiment en vous. Le slam ne se prête pas nécessairement à l’écriture mais peut sans aucun doute être un poème et peut vraiment fonctionner à l’oreille. Il peut être interprété mais il a des éléments de rythmique et de rythme qui maintiennent le public. C’est fait pour provoquer le public. Habituellement les slams sont écrits pour durer 3-4minutes ou moins parce qu’ils doivent généralement être jugés lors d’une compétition et qu’ils sont jugés par des personnes du public.

CC Carter

A propos de Lou Morin

Traductrice Anglais/Français

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