Interview de l’humoriste américaine Sandra Valls

Sandra Valls

Interview accordée à Lesley Goldberg le 02 Juin 2010 pour le site Afterellen.com

Sandra Valls peut rendre drôle n’importe quoi. Sur la route de Boston pour un show avec sa collègue humoriste Mimi Gonzalez, le duo a réussi à faire du trajet une comédie – en s’armant d’un sac de sex toys le long du chemin et en plaçant ces objets dans des rues bien nommées, ce qui les a fait rire comme deux élèves d’école primaire.

Bien que Valls soit connue pour son côté salasse lors de ses spectacles, cette humoriste ouvertement homosexuelle se révèle plus profonde que ça. Elle est l’une des quatre comiques à prendre part à la Showtime’s Pride : Gay & Lesbian Comedy Slam special qui a eu lieu début juin. Bruce Villance la préside et Valls sera entourée d’Alec Mapa d’Ugly Betty, Poppy Champlin et Scott Kennedy.

Valls a récemment fait une pause sur la route pour parler du fait de se produire devant un public gay, des moments embarrassants et des raisons pour lesquelles la visibilité est importante.

Comment se retrouve-t-on à l’affiche d’une gay pride spéciale comédie pour la chaîne Showtime ?

C’est ma seconde fois avec Showtime. La première étant The Latin Divas of Comedy, pour laquelle, soit dit en passant, je viens juste de terminer une mini tournée le weekend dernier. Ce même producteur m’apprécie et m’a appelée et m’a dit qu’ils faisaient un Showtime spécial gay, qui fait partie du LOL Comedy Festival et m’a demandé d’y participer. C’est vraiment un mélange génial de personnes. Il y en a pour tout le monde : les gay, les lesbiennes, même mon humour est différent de celui de Poppy, tout comme l’est celui d’Alec et de Scott.

Comment appréhendez-vous d’enregistrer un spectacle gay destiné à un public national ? Votre approche est-elle différente que pour vos spectacles habituels ?

Non. En fait, que je fasse Latin Divas of Comedy ou n’importe quelle apparition télé, je reste moi-même. Je ne change pas mon humour du tout. J’explique un peu plus quand je fais une salle hétéro, mais dans ce cas, le public était gay ; on était tous totalement gay et on a passé un moment très gay. [Rires]

Ça n’était pas différent. C’était un spectacle comique gay. C’est comme quand je fais des spectacles Latinos, je n’ai pas besoin d’expliquer que je suis Latino, sauf pour une minorité parce qu’ils pensent que je suis blanche ou Arménienne ou autre. Mais une fois que je commence à parler, c’est compris. Comme avec les nôtres !

Je suis tellement chanceuse d’être à nouveau sur Showtime et que Showtime continue à promouvoir la communauté homosexuelle. … Je pense que c’est un titre vraiment unique – Pride : Gay & Lesbian Comedy Slam. [Rires]

Eh bien, juin est le mois des Fiertés donc ça prend tout son sens à ce niveau, non ?

Ouais, mais si vous cherchez sur Google “pride comédie gay et lesbienne”, vous allez tomber sur un million de sites web. Donc il faut chercher Sandra Valls sur Google et vous trouverez le Showtime Special !

C’est tout ce qu’on trouverait en tapant votre nom sur Google ?

Ohhhh, non. Vous auriez beaucoup plus que ce que vous attendiez. Les jours anciens, quand je commençais juste à sortir du placard ! Vous faites tout ce que vous pouvez ! Vous serez constamment surpris si vous me recherchez sur Google.

Quelle est la chose la plus embarrassante qui pourrait sortir ?

Peut-être une photo stupide. Je ne suis pas facilement embarrassée. Je suis du genre à assumer. Tout ce qui est embarrassant m’arrive. Si ça peut arriver à n’importe qui, alors ça m’arrivera à moi.

Quel a été votre moment le plus embarrassant ?

Merde, je savais que vous alliez me demander ça. Un de mes moments les plus embarrassants – juste entre vous, moi et le reste du monde lesbien ? Il y a des années, j’étais à une Gay Pride et j’ai utilisé les toilettes publiques. La porte est fermée et je suis plantée là. Alors que je suis assise, la porte se retrouve grande ouverte. Je suis là, avec mon pantalon sur les chevilles. Il y avait une queue d’environ 90 personnes qui attendaient. La porte se retrouve grande ouverte et l’homosexuel qui l’a ouverte crie à pleins poumons. Je crie et toute la file se retourne ! Mais la porte est toujours ouverte ! Je sors de là et l’homosexuel qui crie pointe son petit doigt vers moi et dit : « On vient de créer un lien, girl ! » Comment est-ce qu’on a créé un lien ? Je suis  partie !

Votre histoire sera un bon avertissement à l’approche de la Gay Pride : ouvrez ces portes avec prudence !

On aurait pu penser qu’il allait crier et claquer la porte, mais non, il l’a laissée ouverte. Ferme la porte ! Depuis, je n’utilise plus les toilettes publiques.

Qu’est-ce qu’un show comme la Pride : Gay & Lesbian Comedy Slam représente pour vous en terme de visibilité ?

Il y a des gens qui ont encore besoin qu’on éveille leur conscience sur ce que c’est qu’être gay, lesbienne, transgenre ou bisexuel. Plus nous éveillons les consciences, plus les gens pourront rester informés et prendre des décisions  éclairées. On a un dicton bouddhiste qui dit : « Vous ne pouvez pas effacer le son d’une cloche une fois qu’elle a tinté. » Vous pouvez faire semblant de ne pas l’avoir entendue, mais ce serait stupide. Donc plus nous avons de visibilité, plus ça crée de conscience, qui en retour change l’opinion des gens et leurs comportements.

Il n’y a pas si longtemps, un des producteurs avec qui je travaillais m’a engagée moi et deux autres humoristes pour aller à Miami et nous étions chacun censé ouvrir le show à tour de rôle. La deuxième nuit arrive et je suis n°2. La troisième nuit arrive et je suis censée passer en premier. Ils sont venus me voir et m’ont dit : « Si tu veux passer en premier, tu vas devoir changer tes répliques. Il va falloir les rendre un peu plus tout public. » Ils ont tourné autour du pot pendant une minute et je leur ai demandé : « Est-ce que vous insinuez que je suis trop gay ? » Et ils ont répondu : « Ouais. » Alors j’ai dit : « Et bien, vous ne diriez pas que l’autre fille était trop hétéro quand elle a expliqué comment faire plaisir à un homme ? Ce n’est pas trop hétéro, pas vrai ? Mais moi je fais des blagues à propos de ma petite amie et du fait d’être gay en général et je suis trop gay ? » Le responsable a répondu oui et demandé de changer mes répliques.  J’ai refusé. Je n’ai pas changé mon texte. Je n’ai pas fait l’ouverture. Mais quand je suis revenue après que le public m’ait aimée, j’ai demandé : « Vous ne pensez pas que je suis un peu trop gay, si ? » Ils ont répondu non.

C’est important d’être visible. Nous vivons à Los Angeles, mais quelqu’un d’une ville lambda n’a pas accès aux mêmes spectacles comiques et n’a pas les mêmes avantages dont nous disposons – les bars gay etc. Ils ne peuvent pas juste monter en voiture et accéder à une communauté gay.

Traduction Magali Pumpkin

Interview Originale sur le Site Afterellen.com

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