Les Alinéas au Placard : L’Abrogation du délit d’homosexualité (1977-1982) d’Antoine Idier

Les alinéas du placard Antoine Idier

Titre Français : Les Alinéas au placard : L'abrogation du délit d'homosexualité (1977-1982)

Titre Original : Les Alinéas au placard : L'abrogation du délit d'homosexualité (1977-1982)

Auteur : Antoine Idier

Date de Sortie : 17 Janvier 2013

Nationalité : Française

Genre : Essai

Nombre de Pages : 200 Pages pages

Éditeur : Éditions Cartouches

ISBN : 978-2-366220-03-2

Les Alinéas au placard : L'abrogation du délit d'homosexualité (1977-1982) : Quatrième de Couverture

« Homos réprimés, libertés en danger ! Le Sénat au sauna ! » crient dans la rue, en 1980, des militants homosexuels, alors qu’ils manifestent pour faire disparaître du code pénal deux alinéas datant du régime de Vichy et réprimant l’homosexualité. La manifestation appartient à plusieurs années de mobilisations qui ont précédé l’abrogation du « délit d’homosexualité » en 1982, à la suite de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République. Antoine Idier rend compte des débats et des luttes qui, à la fin des années 1970, ont animé intellectuels – Michel Foucault, René Schérer, Gabriel Matzneff ou encore Guy Hocquenghem –, politiques – Henri Caillavet – et militants gays – notamment du Comité d’urgence anti-répression homosexuelle et du journal Gai Pied – pour débarrasser le droit des « alinéas scélérats ».

Les Alinéas au placard : L'abrogation du délit d'homosexualité (1977-1982) : Avis Personnel

Le livre d’Antoine Idier est une version remaniée de sa thèse soutenue à l’Institut d’études politiques de Lyon en 2011. Fruit d’un travail universitaire, elle mobilise traces de débats législatifs, archives multimédia et témoignages des protagonistes de cet épisode emblématique que fut la dépénalisation de l’homosexualité en France.

Au-delà d’un simple récit linéaire des évènements qui amenèrent à cette dépénalisation, Antoine Idier livre au lecteur tous les enjeux qui sous-tendirent le débat et met en lumière à la fois les entités présentes et leurs motivations. Éclaircissant certaines nuances propices aux confusions – les subtilités de la loi sont parfois bien complexes à comprendre ! -, l’ouvrage permet de saisir tous les rouages de ce qui représente encore aujourd’hui l’une des batailles les plus importantes de l’histoire de l’homosexualité en France : de la volonté première d’abroger le délit en question jusqu’à la mise en œuvre de la loi, en passant par l’action des associations, l’engagement des politiques, le militantisme des intellectuels et les affaires de mœurs abusivement jugées, les quelques années nécessaires au changement de la loi sont décrites et analysées par le menu.

On ressort de sa lecture fier.e de connaître un peu plus longuement l’histoire des mouvements gays ! Et on ne peut que saluer la volonté de l’auteur de rendre bien compte des caractéristiques du débat – parfois assez surprenantes vues de nos quelques décennies d’écart – telles que la difficile émergence et existence de la parole lesbienne au sein de la mobilisation gay, ou encore la question de la pédophilie, absolument centrale dans le changement de la loi, et qui donna bien du fil à retordre tant aux opposants qu’aux partisans de la dépénalisation.

Un livre extrêmement intéressant donc, offrant par sa concision une excellente synthèse sur cette grande « victoire rose », qu’il est très enrichissant de connaître un peu mieux ! À lire pour tou.te.s les curieux et curieuses de l’histoire de l’homosexualité !

Les Alinéas au placard : L'abrogation du délit d'homosexualité (1977-1982) : Extraits

« À quand faire remonter le début du mouvement de «dépénalisation» de l’homosexualité ? Sans représenter une borne distincte, un tournant absolu, les années 1977-1978 voient apparaître un certain nombre d’initiatives qui témoignent d’une transformation des mouvements gays. Ceux-ci, rompant avec une tradition militante plus «révolutionnaire», débutent des incursions dans le champ politique et commencent à s’intéresser aux rapports entre droit, politique et homosexualité.

À la fin de la décennie 1970, deux «affaires» donnent une résonance particulière à l’homosexualité et à sa répression. Le procès suite à l’arrestation d’homosexuels dans le club Le Manhattan et le licenciement de Marc Croissant par son employeur communiste en raison de ses prises de position publiques sont des «affaires» dans le sens où ceux qui sont accusés renversent les accusations et se font à leur tour accusateurs pour dénoncer la situation faite aux homosexuels. Elles permettent ainsi de faire débattre de la répression de l’homosexualité et donc de remettre en cause la législation. »

A propos de Julia Clieuterpe

Chroniqueuse occasionnelle

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