Plus Gouine La Vie (Miroir/Miroirs N°4)

Plus Gouine La Vie

Titre Français : Plus Gouine La Vie ?

Titre Original : Plus Gouine La Vie ?

Auteur : Natacha Chetcuti et Nelly Quemener

Date de Sortie : 15 Janvier 2015

Nationalité : Française

Genre : Essai

Nombre de Pages : 150 pages

ISBN : 979-1090286207

Où sont les lesbiennes ? Ce 4e numéro interroge les représentations culturelles et sociales du lesbianisme, à travers ses formes cinématographiques, médiatiques et littéraires. Des écrits de Gertrude Stein aux personnages identifiables comme lesbiens dans Plus Belle la Vie, en passant par la figure de la garçonne, il s’agira de mettre au jour les mises en scène, les mots et les images du lesbianisme, et ce qu’ils sous-tendent. Les identités lesbiennes forment des imaginaires sociaux qui sont autant de ressources à disposition des publics et des lectrices, qui forgent les représentations et autoreprésentations de ces dernières. Elles permettent d’interroger la…

L'avis d'Univers-L

Histoire
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Lez/Bi Qualité

Résumé : Livre universitaire

Note des lectrices : Soyez la première !
56

Plus Gouine La Vie ? : Quatrième de Couverture

Où sont les lesbiennes ?

Ce 4e numéro interroge les représentations culturelles et sociales du lesbianisme, à travers ses formes cinématographiques, médiatiques et littéraires. Des écrits de Gertrude Stein aux personnages identifiables comme lesbiens dans Plus Belle la Vie, en passant par la figure de la garçonne, il s’agira de mettre au jour les mises en scène, les mots et les images du lesbianisme, et ce qu’ils sous-tendent.

Les identités lesbiennes forment des imaginaires sociaux qui sont autant de ressources à disposition des publics et des lectrices, qui forgent les représentations et autoreprésentations de ces dernières. Elles permettent d’interroger la production de normes et de discours qui régulent, mais aussi déplacent les subjectivités lesbiennes.

Numéro dirigé par Natacha Chetcuti et Nelly Quemener.

Plus Gouine La Vie ? : Avis Personnel

Avant de lancer ma critique, je pense primordial de dire que j’ai énormément appris à la lecture de ce livre. Plus que je ne le pensais. Par contre, il m’a fallu du temps pour le parcourir et le digérer et j’ai réalisé que c’était parce que je n’attendais pas quelque chose d’aussi réfléchi, dense et soutenu.

Je dois avouer que quand j’ai découvert le titre de ce livre, quatrième tome de la revue Miroir/Miroirs, je me suis dit qu’il y avait un jeu de mot avec Plus Belle La Vie. En plus cela avait l’air crédible puisque le second sujet est « La série télévisée Plus Belle La Vie : chronique d’une utopie intégratrice du métissage des sexualités. » Et du coup je me suis dit « jeu de mot dans le titre donc contenu traité avec humour ». Malheureusement il n’en est rien et, si vous n’êtes pas hyper diplômée et douée (un peu comme moi) rien que le titre précédent a dû vous laisser un peu perplexe. « L’utopie intégratrice », là, comme ça, à froid, ça ne me parle pas vraiment. Avant de lire ce livre, je ne savais même pas ce que cela voulait dire.

Le reste de Plus Gouine La Vie ? est à cette image, très universitaire. On apprend beaucoup, mais le langage et le style sont hyper soutenus avec des mots qu’il a fallu que j’aille chercher dans le dictionnaire parce que je ne savais pas ce qu’ils voulaient dire. Alors oui, c’est très intéressant, mais au final on a un livre limite inaccessible pour les néophytes comme moi qui n’ont jamais été à l’université.

Finalement l’interview d’Alison Bechdel, plus à ma portée m’est apparue captivante et inoubliable parce que plus ordinaire.

Au vu du titre et du sous-titre, je pense qu’il manque à cet ouvrage un effort de vulgarisation pour les gens ordinaires dont je fais partie qui aiment juste regarder des films lesbiens, des séries télévisées avec des personnages homosexuels et lire des romans lesbiens. Et si je suis d’accord pour apprendre et que j’ai soif de comprendre, j’ai eu le sentiment que ce livre ne m’était pas destiné tant il était complexe.

En conclusion, à vous de voir ce que vous attendez. Je vous mets quand même les articles traités ci-dessous pour vous aider à vous faire une idée plus précise grâce aux titres :

Christine Bard – Des homosexuelles aux lesbiennes : des subjectivités historiquement situées ou comment se nommer ?

Stéphanie Arc et Natacha Chetcuti – Le traitement de l’homosexualité féminine dans une série populaire : Plus belle la vie – À l’école de la diversité

Anne Larue – L’imaginaire lesbien de la pieuvre, un fantasme masculin au tournant des 19e et 20e siècles : à découvrir en ligne ici !

Alison Peron – Les politiques de représentation du lesbianisme dans les œuvres de Violette Leduc et de Monique Wittig

Eugénie Kuffler – Miroirs/Mirois : qui vois-tu ?

Elizabeth Lebovici – housewife, la redistribution du sensible.

Entretien avec Alison Bechdel

Archives – Lettre au mouvement féministe (1981)

Archives Gai Pied – Et les lesbiennes ? Le militantisme lesbien par Geneviève Pastre

Plus Gouine La Vie ? : Extraits

“La passion du tabou lesbien chez les intellectuels masculins à la fin du XIXe siècle n’est plus à démontrer. Sous couvert de vertu morale et de grandeur des nations, les frontons des monuments s’ornent de statues allégoriques représentant la Science et la Philosophie tendrement alliées pour l’édification des peuples. Certes, au tournant de ce siècle, de « vraies » lesbiennes commencent à investir Paris. Ce sont de très riches Américaines comme la pictoresse Romaine Brooks, l’écrivaine d’aphorismes Natalie Barney, l’écrivaine et mécène Gertrude Stein ou sa compagne Alice Toklas qui a révolutionné le genre du livre de cuisine. La poète Renée Vivien est anglaise ; quant à notre Colette nationale, sa beauté sidère sur la scène du cabaret comme dans les jardins clos de ses amies et de leurs invité.e.s.

Le fantasme masculin de « la » lesbienne est marqué par la récurrence du motif de la pieuvre. Un des plus grands fantasmeurs de l’époque est l’ébéniste François-Rupert Carabin. Sous des dehors de bourgeois bien intégré, installé en sa bonne ville de Strasbourg où il est estimé de ses concitoyens, il réalise des meubles en bois Art Nouveau en associant à l’utilitaire des figures féminines nues dans des positions contraintes. Un coffre en noyer sculpté, datant de 1919, porte l’inscription : « Regard chaste, laisse-moi clos ». Il s’orne d’une gigantesque pieuvre très décorative. Brave-t-on l’interdiction ? Le coffre abrite un couple sculpté de lesbiennes nues, faisant l’amour (fig. 1 ci dessous).

Carabin fait de l’ornement un vice, si l’on en croit Roland Recht qui décrit en ces termes « les meubles le long desquels se lovent ou rampent les femmes tentaculaires ». Le mot ne vient pas par hasard… Voici, dans l’esprit « intime » des statuettes de petit format où Camille Claudel choisit aussi de s’illustrer après avoir plaqué Rodin, un encrier de Carabin datant de 1900-1901 : une sirène en bronze, aux seins nus, assise sur sa queue repliée, porte son regard vers son sexe où s’étale une pieuvre amovible, couvercle du réservoir d’encre. L’association entre pieuvre et encre n’est pas nouvelle, la seiche (et non le poulpe) étant réputé jeter son encre à la figure des fâcheux ; en revanche, le fantasme de la femme associée à une pieuvre est typique de l’époque. André Breton possédait dans son bureau un encrier de style Art nouveau, réalisé par un artiste anonyme, associant les motifs décoratifs d’une pieuvre et d’une sirène ; Carabin avait lui-même réalisé, en 1894-1895, un encrier en grès émaillé représentant une femme assise en tailleur sur une pieuvre, et ouvrant au niveau de son sexe la béance du petit pot pour l’encre.

Tout cela s’origine dans une certaine estampe que les hommes de l’époque découvrent avec un ravissement mêlé d’horreur. Ce qui suit est très connu : on en trouve d’amples mentions sur Internet. Les frères Goncourt et leur ami Huysmans faisaient circuler sous le manteau une illustration de Hokusai qui ouvrait un de ses recueils de manga, Les Jeunes Pins. « Manga » veut simplement dire, à l’époque, carnet de dessin. L’œuvre représente une femme renversée en arrière sur des rochers, jouissant entre les tentacules déployés d’une pieuvre géante ; une seconde pieuvre plus petite, accolée à son cou, lui baise la bouche et lui titille le sein. L’image est coupée en deux par l’ancienne pliure du carnet : elle s’étalait sur une double page.”

A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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