Masters of Sex : Interview d’Annaleigh Ashford, l’interprète de Betty Demilo

Interview liée à la série Masters Of Sex

Annaleigh Ashford

Interview accordée à Trish Bendix le 17 Octobre 2013 pour le site Afterellen.com

Un des meilleurs personnages de la série de Showtime Masters of Sex est Betty DeMilo, une prostituée qui couche avec des hommes pour son travail mais qui aime Helen dans sa vie privée. Dans l’épisode de cette semaine, Standard Deviation, Betty décide de quitter Helen pour Gene, le roi des bretzels, parce qu’il lui promet une vie qu’elle ne pourrait jamais avoir en tant que lesbienne dans les années 1950 au Missouri.

Une femme culottée, ayant le sens du business, Betty est la seule femme qui fut capable d’obtenir ce qu’elle voulait du Dr. Masters (Michael Sheen) en lui autorisant l’accès (pour ses études sur le sexe) au bordel où elle travaille. Malheureusement, le temps d’écran de Betty est fini dans la série puisque l’actrice Annaleigh Ashford est occupée à Broadway où elle joue dans Kinky Boots huit fois par semaine. Cette vétérane des comédies musicales, qui a également joué le rôle de la lesbienne Maureen dans la comédie musicale Rent, est aussi bien connue pour son rôle de Margot dans La Revanche d’une Blonde : la Comédie Musicale et de Glinda dans Wicked.

Nous avons parlé avec Annaleigh de la force de Betty, de ses recherches sur les rôles lesbiens et de son nouveau rôle dans la comédie du réalisateur out, Ash Christian : Franny.

Lorsque j’étais au TCA cet été, la créatrice de série Michelle Ashford a dit que vous ne seriez dans la série que pour trois épisodes. On ne vous verra pas le reste de la saison alors ?

Oui, en fait… le tournage a été prévu de telle façon que j’avais déjà signé mon contrat pour Kinky Boots à Broadway. Nous avons commencé à répéter cette comédie musicale la première semaine de février donc, en fait, j’ai réellement filmé ma dernière scène de Masters of Sex puis je suis allée du studio à l’aéroport, ai pris un avion en vol de nuit pour aller à New-York pour commencer à répéter le matin suivant.

C’est tellement dommage parce que l’on adore Betty. Pensez-vous qu’il y ait moyen qu’elle revienne s’il y a une seconde saison ?

Vous savez, je l’espère. La façon dont Michelle a décidé de faire partir Betty nous laisse des possibilités pour un retour. Je veux dire, du moment que quelqu’un reste en vie, il y a toujours la possibilité d’un retour. Donc avec un peu de chance on pourra se débrouiller. Ce serait génial.

Notre récapitulatrice a dit qu’elle adorait votre accent dans la série et voulait savoir comment vous l’aviez perfectionné ?

Vous savez, lorsque j’ai auditionné pour la première fois pour la série, j’ai auditionné devant John Madden et Michelle Ashford à la base pour le rôle que jouait Heléne Yorke. J’ai auditionné, quitté la pièce, fait tout le trajet jusqu’au train et puis ils m’ont rappelée juste avant que je ne prenne le train pour me dire « Pourriez-vous revenir et tenter de jouer Betty ? ». Lorsque j’avais lu le scénario j’avais adoré Betty et je savais qu’ils voulaient quelqu’un de plus vieux donc j’ai répliqué « Oh, j’arrive tout de suite ! ». J’ai lu le rôle calmement et lorsque je l’ai lu devant eu pour la première fois je lui ai donné une espèce d’accent de Brooklyn. Puis, lorsque nous avons décidé des jours de tournage, John m’a dit « J’aime beaucoup l’idée de l’accent mais nous devons l’expliquer, donc qu’est-ce que tu penserais d’expliquer la raison de sa présence à St Louis ?! ». Et j’ai répondu « Absolument, je suis tout à fait d’accord avec toi. ». Dans les années 50, en règle générale, les gens ne voyageaient pas si facilement, tout particulièrement cette classe-ci. Je lui ai dit « Que penses-tu de Chicago ? C’est très proche de St Louis ». Dans les autres parties du Missouri il y a un accent sudiste très prononcé, donc c’était une des possibilités mais j’ai dit « Tu sais, il est tout à fait possible qu’elle en soit venue à un marché plus petit, comme ils disent, pour faire plus de business ; elle peut donc venir de Chicago ». Donc oui, c’est avec cela que l’on a conclu et je pense que c’est important. Je crois que ça fait partie de l’environnement sonore de cette partie du pays à cette période-là. Je trouve que c’est intéressant.

Y a-t-il quelque chose de particulier que vous faites pour vous mettre dans la peau de ce personnage ?

Je repense aux femmes de cette époque. C’est particulièrement visible dans le troisième épisode, mais on peut le voir dans chaque épisode, je pense que Lizzie Caplan, qui joue Virginia, a fait un super travail, elle a créé une femme et un personnage authentique à qui elle était historiquement et a également donné une perspective à une femme qui avait du pouvoir à l’époque où les femmes n’en avaient pas. Le seul endroit où elles pouvaient avoir du pouvoir, silencieusement, était la chambre. En particulier pour une prostituée : elle n’a aucun pouvoir mais ici, dans le domaine du sexe, elle a du pouvoir. Elle le sait bien plus que la personne avec qui elle se trouve dans la pièce. C’est une pensée que j’ai toujours en tête. Une femme comme cela essayait toujours de revendiquer son pouvoir, elle se bat pour lui. Pas uniquement avec les Masters et les hommes qu’elle fréquente mais également avec Virginia et des femmes qui sont plus cultivées qu’elle. Il lui faut beaucoup de temps pour accorder sa confiance.

On ne voit jamais votre amoureuse, Helen. Est-ce difficile de jouer lorsque vous n’avez personne de précis en tête ?

Dès que j’ai lu le pilote, j’ai su qu’il faudrait que je travaille dessus. Même lorsque j’ai auditionné, je me suis inventé quelqu’un. J’étais si curieuse, si j’avais pu faire plus d’épisodes… mais vous ne savez pas jusqu’où cela ira. Je me suis toujours créé quelqu’un de particulier. Et puis, cela permet de garder les choses réelles si vous pouvez visualiser quelqu’un dans votre esprit. Le costumier et moi-même avons beaucoup discuté à ce sujet.

Les costumes étaient un autre sujet intéressant parce que j’étais, en quelque sorte, dans un autre univers social pendant cette période, il y avait plus de créativité et c’était plus qu’une option de porter des pantalons en journée par exemple. La plupart des femmes portent des pantalons de temps à autre… ici, vous l’auriez porté toute la journée jusqu’au moment au vous deviez mettre une robe et commencer à vous faire de l’argent pour la nuit.

C’est un personnage si marrant et différent. Qu’est-ce qui vous a le plus plu en elle ?

J’aime sa force. C’est une femme qui ne sait ni lire, ni écrire et qui n’a socialement rien pour elle, tout est contre elle, et pourtant, elle trouve toujours un moyen de se montrer plus rusée que ce docteur brillant et d’être si forte dans la première scène avec lui. Je pense, qu’en tant qu’acteur, il n’y a rien de mieux que de pouvoir jouer des personnages forts, particulièrement à une époque différente. Je pense que, bien qu’elle soit une prostituée, elle a davantage l’opportunité de dire ce qu’elle pense que la plupart des femmes grâce à la place qu’elle occupe dans la stratosphère sociale.

Vous avez aussi joué Maureen dans Rent. Cela vous a-t-il servi ?

C’est très intéressant également. Je pensais à Rent l’autre jour parce qu’une de mes amies, Margot Bingham, travaille maintenant sur Boardwalk Empire. Nous avons fait Rent ensemble, et elle est venue à l’écran et a eu une scène d’amour et je me suis dit « J’ai embrassé ces lèvres tous les soirs pendant six mois ». L’une des choses les plus formidables que j’ai apprise en jouant dans Rent ce ne fut pas quelque chose que j’ai réellement « appris ». Je n’avais jamais eu l’occasion de jouer une femme gay avant de jouer dans cette comédie musicale et j’ai tellement d’ami(e)s gays autour de moi et j’étais, genre… c’était une nouvelle expérience d’étudier la culture lesbienne parce que je pense que nous sommes beaucoup immergés dans la culture homosexuelle masculine. Donc c’était merveilleux, beau quelque part. Je voulais faire en sorte que Maureen soit authentique, donc j’ai fait beaucoup de recherches sur ce qu’il se passait au début des années 90. C’est un point de vue important lorsque vous jouez dans une période donnée et particulièrement pour un personnage homosexuel, parce que notre monde est tellement différent que ce qu’il était il y a cinq ans, notre monde est si différent de ce qu’il était il y a dix ans et notre monde est certainement merveilleusement différent de ce qu’il était dans les années 50. Je pense que c’est très important d’examiner ce qu’il se passait dans la culture homosexuelle pour savoir qui était le personnage que vous interprétez et ce qu’il pouvait montrer aux autres, cela fait partie du monde dans lequel il a grandi.

Et je crois que  Masters of Sex a fait un super travail là-dessus. [Le gigolo de cette semaine] est une autre espèce de… sa relation avec le personnage de Beau Bridges est encore un autre travail, c’est fascinant. Je pense que Loin du Paradis, le film, fait un très bon travail en examinant le monde de la culture gay donc j’ai beaucoup pensé à ce film. J’ai aussi vu le documentaire de Stonewall de nombreuses fois. Le documentaire sur Harvey Milk est excellent également. Ce que j’adore avec ce documentaire c’est qu’il y a une telle diversité de la communauté homosexuelle. Ce documentaire fait un super travail en nous montrant la diversité des personnes présentes à San Francisco de ce temps-là. J’essaye vraiment de faire des recherches sur ce qu’il se passait à l’époque. Les femmes homosexuelles que j’ai interprétées appartenaient à des périodes et lieux très précis qui encadraient leur comportement et ce qu’elles pouvaient dévoiler de leur vie. Cela me rend également très reconnaissante que mes enfants puissent grandir dans un monde où, s’ils le sont, ils pourront être gay ou lesbienne sans subir de contrainte, ils pourront être ce qu’ils veulent être. Dans la comédie où je joue maintenant, chaque jour, il y a une ligne qui dit « Vous pouvez changer le monde lorsque vous changez votre vision des choses ». Chaque jour cette phrase a un impact jusqu’au fond de la salle.

Il y a beaucoup des séries/comédies dans lesquelles vous jouez qui sont LGBT-friendly. Est-ce important pour vous ?

Amen ! Alélluia ! Je trouve ça génial. Avant que je ne vous appelle, je me disais « C’est vraiment génial que les trois derniers projets que j’ai fait soient si outrageusement LGBT-friendly ». Un peu de pub LGBT ! Vivez votre vie, soyez qui vous êtes ! Ce qui est génial avec Betty c’est qu’elle est vraiment qui elle était destinée à être à une époque où les gens ne le pouvaient pas. La ligne que j’ai dite à Virginia avant de partir, je ne me rappelle pas de la phrase exacte, mais en gros je lui disais que nous vivions dans un monde où vous ne pouviez aller nulle part sans l’aide d’un homme ; et qu’est-ce que c’est triste mais c’était très vrai à cette époque. C’est triste ce qui arrive à la fin de mon histoire dans la série mais je pense que c’est vraiment important que cette histoire soit racontée.

Assurément. Ce n’est pas comme si elles passaient à la télé à cette époque ! C’est seulement que, maintenant, elles sont étudiées.

C’est une autre chose que j’adore avec le documentaire de Stonewall, parce qu’il y a tellement de personnes qui étaient homosexuelles à des époques dont on ne parle pas, et ce documentaire parle de ce que la sous-culture était et comment les gens… comment les gens pouvaient y accéder à travers la fiction et les grosses villes ; mais c’était vraiment du bouche à oreille et il fallait s’exposer pour que les gens puissent se rencontrer. C’est simplement si triste pour moi que pendant des années et des années des gens aient dû être si silencieux et secrets. Donc c’est intéressant de regarder ça d’un point de vue historique.

Que pouvez-vous nous dire de votre nouveau film : Franny ?

Nous l’avons filmé alors que je jouais dans Rent. Frances Fisher joue ma mère. Je joue la fille la plus répugnante qui ait jamais existé et Frances est la mère la plus répugnante. Ma sœur, jouée par Jen Ponton, se fait embarquer dans un braquage de banque et est forcée de conduire à travers tout le pays en tant qu’otage. Nous la suivons et nous essayons de la retrouver, non pas parce que nous voulons l’aider ou la sauver, mais parce que nous sommes si répugnantes que nous ne pouvons vivre nos vies sans elle. Nous jouons les pires humains qui existent. C’est un film vraiment intéressant et j’ai hâte de le voir. Ils sont en train de faire quelques réglages finaux. C’est vraiment intéressant et drôle !

Et vous jouez toujours dans Kinky Boots.

J’ai huit représentations par semaine. J’ai deux représentations aujourd’hui ! Je viens littéralement de quitter la scène en chantant « Vous pouvez changer le monde lorsque vous changez votre vision des choses ». C’est génial. J’ai joué tellement de femmes lesbiennes fabuleuses et magnifiques. Maureen était une petite saloperie insolente mais Betty est bien plus agréable.

Traduit par Lou Morin

Interview originale sur le Site Afterellen.com

Retour à la fiche de présentation Masters Of Sex

A propos de Lou Morin

Traductrice Anglais/Français

Répondre