Passion

Le remake du film français Crime d'Amour

Année de Production : 2012

Date de Sortie : 13 Février 2013

Réalisation : Brian De Palma

Scénario : Brian De Palma, d’après le scénario original d‘Alain Corneau et Nathalie Carter

Avec : Rachel McAdams (Christine), Noomi Rapace (Isabelle), Karoline Herfurth (Dani), Paul Anderson (Dirk), Rainer Bock (inspecteur Bach), Benjamin Sadler (le procureur)

Nationalité : Germano-Française

Genre : Policier & Thriller

Durée : 1h 40min.

Titre Original : Passion

Passion : Résumé

Dans une entreprise multinationale, deux femmes se livrent à un jeu pervers de manipulation : alors qu’Isabelle est fascinée par sa supérieure, Christine, cette dernière profite de son ascendant psychologique sur elle et l’entraîne dans un jeu de séduction et de manipulation…

Dans une entreprise multinationale, deux femmes se livrent à un jeu pervers de manipulation : alors qu'Isabelle est fascinée par sa supérieure, Christine, cette dernière profite de son ascendant psychologique sur elle et l'entraîne dans un jeu de séduction et de manipulation…

L'avis d'Univers-L

Scénario/Réalisation
Casting
Lez/Bi Quantité
Lez/Bi Qualité

Résumé : Un remake moins réussi.

Note des lectrices : Soyez la première !
45

Passion se présente comme le remake du film français Crime d’amour.

Je préfère vous prévenir tout de suite, pour la raison sus-citée je vais sans cesse comparer ce film à Crime d’amour et je ne vais pas être tendre. Je dois juste dire, pour être honnête, qu’au niveau de l’esthétisme c’est très réussi, la photographie est très belle, l’ambiance bien restituée, les actrices jouent proprement, il y a ce quelque chose d’Hitchcock qui est assez fascinant. Par contre, je vous annonce que mes compliments envers Passion s’arrêtent là !

Tout d’abord, je dois dire qu’après visionnage, ce que j’ai vu ne m’étonne pas de la part de Brian De Palma. Je ne suis pas spécialiste de ses œuvres, loin de là, mais comme vous certainement, j’ai au moins vu Femme Fatale. Il y a des lieux communs : le soin perfectionniste apporté à l’image, l’ambiance pesante, le mélange du délire et de la réalité (flou entre les frontières du réel et de la représentation), le calcul, le mensonge, la manipulation, et bien sûr – ce qui nous intéresse particulièrement ici – la présence de la femme lesbienne ou bisexuelle comme incarnation parfaite de tout cela. La lesbienne cumule chez De Palma, elle a toutes les tares, elle est vicieuse, calculatrice, manipulatrice, un peu cinglée (je dis « un peu » pour tirer une moyenne, parce que ça allait encore dans Femme Fatale, mais en revanche dans Passion c’est l’hôpital psychiatrique direct), et elle est sexy aussi, c’est déjà ça. Bon, je n’ai rien contre De Palma, j’essaie de me dire que malgré tout il doit bien nous aimer pour montrer des lesbiennes/bi à chaque fois, même si ce n’est pas toujours joli à voir.

J’aurais aimé aimer de film, il y a tellement de bonnes choses, et je dois reconnaître que j’ai comme un pincement à l’idée que je vais devoir être obligée d’en faire une critique négative.

Je tire ce jugement indépendamment du fait d’avoir aimé ou pas Crime d’amour : ce remake est mauvais. Je ne comprends pas qu’en étant admiratif d’une œuvre on puisse à ce point la détruire, c’est tout sauf lui rendre hommage, je me dis que si j’avais commencé par Passion, je n’aurais jamais, au grand jamais, cherché à regarder Crime d’amour. En gros, si on a aimé Crime d’amour, je pense qu’on détestera Passion, si on n’a pas aimé Crime d’amour, ce n’est pas Passion qui nous réconciliera avec. Je me situe au milieu en ayant moyennement apprécié Crime d’amour (disons qu’une fois suffit), et je dois dire que j’ai trouvé que Passion a complètement pastiché les quelques passages qui m’avaient plu et qui étaient marquants.

Pour vous l’expliquer, contrairement à ce que j’avais fait avec la critique de Crime d’amour, je suis désormais obligée de vous spoiler, alors attention à ce qui va suivre.

La différence d’âge entre les deux actrices est gommée pour complètement disparaître. Du coup, on n’y croit plus à cette espèce d’admiration pour la réussite de la directrice et pour son charisme (sans compter qu’en plus question charisme il est difficile de passer derrière Kristin Scott Thomas), on a plutôt l’impression que vu son âge et son physique la directrice est une ancienne copine d’école de son assistante et qu’elle est une grosse arriviste ou une fille à papa. Désolée si ça à l’air caricatural de dire ça, ce n’est pas juste à cause de l’âge, l’actrice ne parvient pas à convaincre parfaitement. Pareil pour son assistante. Je n’ai rien contre Noomi Rapace qui nous a prouvé son talent dans Millenium mais ici on dirait qu’elle a douze ans et franchement on ne croit pas à son potentiel comme prodige ou comme future remplaçante de la directrice. Encore une fois, Ludivine Sagnier était extrêmement bonne, convaincante et profonde dans ce rôle et c’est dur pour les actrices de Passion de tenir la comparaison. Alors certes des artifices viennent essayer de nous faire gober cet écart d’âge auquel on ne croit pas : en donnant un look de vieille à Rachel McAdams et en mettant une frange à Noomi Rapace, mais ça ne suffit pas. En plus, je n’ai pas trouvé d’alchimie particulière entre les actrices de Passion, ce n’est pas qu’elles jouent mal, juste que ça apparaît très scolaire, très propre, sans ce petit truc en plus.

Un petit changement au niveau de la secrétaire de l’assistante, dans Passion c’est une femme et dans Crime d’amour c’était un homme. Nous avions déjà vu cette actrice allemande dans le film d’horreur Nous sommes la nuit où elle se faisait séduire par une cheffe vampire lesbienne. Dans Passion, nous n’avons donc que des femmes comme personnages centraux, à part bien sûr l’amant relou qui est toujours là et toujours aussi inconsistant, et le policier qui mène l’enquête.

Le secrétaire de Crime d’amour était beaucoup plus crédible, il ne semblait pas être un psychopathe, et même si finalement il n’était pas si net que ça, on ne s’en doutait pas, ou peu, ce qui provoquait une sorte d’effet de surprise sur la fin. Là il n’en est rien, dès le début on voit que ça va sentir le roussi et c’est donc très prévisible. Prenons l’exemple de la scène du cachet, lorsque l’héroïne tombe en dépression après avoir été humiliée publiquement et qu’elle se bourre d’antidépresseurs et n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle fait tomber un cachet, ce qui attire l’attention de son/sa secrétaire. Comparaison : dans Crime d’amour on se dit que peut-être c’est un placebo et que peut-être ça va mettre la puce à l’oreille du secrétaire et que peut-être il osera en piquer un dans la boîte pour faire des analyses. Même si ce n’est pas l’effet de surprise du siècle, on n’est pas sûre, on se pose des questions, on est dans le doute et c’est plutôt agréable de se faire balader. Dans Passion, le cachet tombe grossièrement au fond d’un plat, donc on voit que ça va être facile pour la secrétaire de se faire une idée, on la voit qui comprend que c’est un placebo et qui le prouve en buvant la potion et en se rendant compte que cela ne lui fait aucun effet. Pas de surprise donc, sauf peut-être celle de découvrir qu’effectivement c’étaient des placebo et que notre héroïne jouait la comédie depuis le début. Mais ça s’arrête là et l’effet paraît moins réussi que celui de Crime d’amour.

De la même manière que pour le secrétaire, le personnage d’Isabelle était mieux réussi dans la version de Corneau, en tout cas moi je l’appréciais, alors que là dans Passion il me laisse de marbre. Je trouve l’Isabelle de De Palma détestable, c’est peut-être volontaire de sa part de faire ressortir en plein la part noire des personnages, mais ça n’a pas accroché de mon côté. Je préfère largement quand on arrive à apprécier le héros même si lui aussi est un méchant (prenons l’exemple de Dexter avec la série télé, on l’aime même si c’est un pourri). Là, la Isabelle, elle est juste toute pourrie.

L’intrigue lesbienne est en revanche beaucoup plus présente, avec plusieurs baisers et une scène de sexe suggérée. C’est vrai qu’à ce niveau-là Crime d’amour était cruellement vide. Mais il n’est à aucun moment question de sentiments. Contrairement à Crime d’amour la directrice incarnée par Rachel McAdams est plus convaincante en bisexuelle quand elle cherche à séduire sa secrétaire que lorsqu’il s’agit de Kristin Scott Thomas, mais cela tient certainement plus au nouveau scénario de De Palma qu’au jeu d’actrice puisque que ce dernier insiste plus sur la drague et le rentre-dedans. Il rend quelque part les relations plus conflictuelles, plus extrêmes (même si ça paraît difficile à croire !) et je dois dire que je trouve que c’est quand un même un joli tour de force. Par contre, une scène de sexe en forme de chantage sexuel c’est pas super sexy, ça fait limite viol, je n’ai pas aimé du tout. Les baisers échangés ne semblent jamais rendus, il n’y a pas de désir partagé ou de passion, contrairement à ce que le titre du film aurait pu nous laisser croire. Ce que De Palma semble entendre par passion se trouve à un autre niveau et je dois dire que ce qu’il appelle « passion » moi j’appelle ça « avoir une grosse araignée au plafond », j’espère qu’il n’y a pas beaucoup de passionnés comme ça qui peuplent les rues parce que là je ne sors plus de chez moi ! Bon après, comme on dit, chacun sa vision des choses !

Quant à la fin, elle est différente de celle de Crime d’amour (enfin un peu d’innovation j’ai envie de dire), alors afin de vous laisser un peu de surprise si jusque-là la lecture de ma critique ne vous a pas enlevé l’envie de regarder Passion, j’arrête dès à présent mon article et vous laisse le soin de découvrir cette œuvre par vous-mêmes.

Passion : Critiques Presse et Récompenses

« L’infernal processus d’inversion de tout devient ici essentiellement un principe de jouissance. (…) De Palma renoue avec sa veine la plus libre et la plus fantasque. (…) Rien de plus exultant au cinéma en ce début d’année que de voir avec quelle voracité inentamée De Palma orchestre cette guerre du regard. » Jean-Marc Lalanne (Les Inrockuptibles)

« Des louves dangereuses, (…) toutes hyper phalliques et super féminines, dans la lumière brillante du chef op habituel de Pedro Almodóvar. Il est rare qu’un suspense policier spectaculaire et haletant culmine à tel sommet d’équivoque. » Louis Guichard (Télérama)

« Le meilleur instantané de notre ultra-contemporanéité vu sur grand écran depuis un bon moment. » Damien Aubel (Transfuge)

« [Rachel McAdams et Noomi Rapace] (…) s’entredévorent délicieusement. Ce thriller érotique sent bon son petit Hitchcock illustré en rappelant que le bon Brian sait ce que filmer veut dire. » Caroline Vié (20 Minutes)

« À l’image de ses personnages, Brian De Palma prend un malin plaisir à manipuler son monde, multipliant les retournements de situation, brouillant les frontières entre rêve et réalité jusqu’à perdre le spectateur dans un jeu de dupe à la conclusion diaboliquement noire. » Kevin Bertrand (aVoir-aLire.com)

« Dans Passion, le cinéma de De Palma finit par se déchaîner : les escaliers s’enroulent, les cauchemars s’emboîtent et la musique de Pino Donaggio devient une reprise ininterrompue de celle de Pulsion. (…) C’est à ce moment, abandonnant le récit policier pour le fantastique, que les images de Brian De Palma retrouvent leur vraie chair. » Stéphane du Mesnildot (Cahiers du Cinéma)

« Retour aux sources (le thriller sulfureux) pour De Palma. Retour gagnant tant Passion est une œuvre qui n’en finit pas de surprendre tout en offrant un best of des obsessions du cinéaste. » Geoffrey Crété (Ecran Large)

« Un pur de Palma avec de l’angoisse, des masques, des doubles, du voyeurisme. Brian de Palma a réussi à brouiller (…) les pistes de ce thriller animé d’un excès de féminité. Les deux actrices débordantes de sensualité sèment le trouble. » Florence Ben Sadoun (Elle)

« (…) Passion frappe par sa modernité, et par la manière malicieuse dont son auteur, comme libéré de ses chaînes, s’abandonne au plaisir de la mise en scène. » Isabelle Regnier (Le Monde)

« (…) C’est un régal de sophistication et de classicisme à la fois. Filmage ondoyant mettant en valeur les appas de ces héroïnes complexes et attirantes qui se sadisent mutuellement. » La rédaction (L’Humanité)

« L’exercice pourrait apparaitre vaniteux, si la virtuosité totale de [Brian De Palma] n’ouvrait par-delà son glacis de désincarnation sur un réel vertige (…) dévorant, qui irrigue (…) le rapport du cinéma de De Palma à (…) celui de la passion. » Julien Gester (Libération)

« Entre l’hallucination cockée et un réel sans cesse manipulé et détourné, Passion se construit alors comme une chaîne de culpabilité infinie. (…) Brian De Palma, héritier revendiqué de Hitchcock, a cristallisé une certaine esthétique américaine emprunté aux studios et à la fascination du pire. » Nicolas Bauche (Positif)

« POUR : De Palma se fout un peu de l’histoire (…) et réaffirme la toute-puissance du cinéma, dont il maîtrise la grammaire sur le bout des rails de travelling. » Christophe Narbonne (Première)

« [Brian De Palma] a retrouvé la forme et son Passion marque le retour en grande pompe à son cinéma tarabiscoté et maniériste des années 70, traduisant l’ambition d’un système de manipulation par l’illusion. » Romain Le Vern (TF1 News)

« Loin d’être dysfonctionnel, Passion ne dégage pas la conviction viscérale d’un réalisateur bien plus jouisseur et inventif dans de nombreux films antérieurs. Dans ce recyclage autocitationnel permanent se dessine la tournure muséale d’un cinéma plus mort que vivant. » Arnaud Hée (Critikat.com)

Passion : Extraits

DANI : J’ai appris la nouvelle. Je trouve ça dégueulasse.
ISABELLE : Qu’est-ce qui est dégueulasse ?
DANI : Christine qui va à New York et grâce à toi.
ISABELLE : Quand l’équipe fonctionne, tout le monde est gagnant. Ma réussite dépend de la sienne.

CHRISTINE (en train de mettre à Isabelle une paire de chaussures rouges en croco) : Je suis ravie que tu m’accompagnes. Ces cocktails sont d’un ennui mortel, mais il faut faire du relationnel. (Finit d’attacher les chaussures) Voilà ! Comment tu te sens ?
ISABELLE : Elles ont du style.
CHRISTINE : Et ça c’est primordial.
ISABELLE : Sauf que je ne suis pas sûre de pouvoir marcher normalement avec.
CHRISTINE : Tu ne te sens pas un petit peu coquine avec ?
ISABELLE (gênée) : Oh…
CHRISTINE : Tu es une fille très secrète, tu sais.

 

A propos de Edwine Morin

Relectrice et Chroniqueuse Occasionnelle. Passionnée par les séries télévisées, elle en dévore depuis des années dans tous les thèmes possibles et ses préférences sont si hétéroclites qu'il est difficile d’en trouver les limites. Romantique dans l’âme, elle a succombé au charme d’I Can’t Think Straight et de Loving Annabelle tout en étant fan du travail de Quentin Tarantino.

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