Betty Berzon

Betty Berzon

Biographie

Betty Berzon, née le 18 janvier 1928 et décédée le 24 janvier 2006, était une auteure et une pionnière en psychothérapie. Elle a contribué à la création du premier centre social réservé aux gays et lesbiennes de Los Angeles et a annoncé publiquement son homosexualité à une époque où celle-ci était encore considérée comme une maladie mentale.

Ses jeunes années

Betty Berzon est née à St Louis, Missouri. Ces parents étaient encore adolescents à sa naissance, et leur mariage malheureux l’a encouragée à chercher du réconfort en dehors de sa famille très rapidement. En effet, elle a à peine 14 ans lorsqu’elle commence à fréquenter des garçons, fait assez rare à l’époque.

D’après ses témoignages, elle était déjà consciente de son attirance pour les femmes, mais a préféré enfouir ses sentiments, ayant entendu que l’homosexualité était une maladie. Son refoulement était tel que, lorsqu’une fille de son dortoir a tenté de la séduire, elle l’a frappée et s’est fait renvoyer de l’Université de Stanford.

Sa carrière

Après ses études, elle déménage à New York. Elle est embauchée dans une librairie alors légendaire, fréquentée par le gratin des littéraires de l’époque. Malheureusement, cette aventure s’arrête brusquement, lorsque son patron –un brin excentrique– lui jette un livre au visage.

En 1950, elle arrive à Los Angeles et y ouvre “Berzon Books”, grâce à des fonds fournis par sa belle-mère. Sa librairie s’impose rapidement sur la scène littéraire locale et elle parvient même à convaincre la poète britannique, Edith Sitwell, de venir y faire une apparition, attirant ses nombreux admirateurs dans le commerce. D’autres écrivains à succès viennent par la suite faire des lectures dans cette librairie, et certains deviennent même des clients réguliers du petit salon. Mais en dépit de ces débuts prometteurs, la librairie ferme après un an d’existence ; Betty Berzon souffre du stress lié à la gestion de ce commerce, ainsi que d’une rupture douloureuse, et entre en dépression. Elle tente de se suicider et passe un an en hôpital psychiatrique.

Durant son internement, elle est suivi par un médecin qui considère encore que les homosexuels sont mentalement dérangés et lui explique qu’elle n’est pas obligée d’être lesbienne. Elle finit par se convaincre qu’il a raison et quitte l’hôpital avec l’envie de débuter une carrière en psychologie.

C’est en 1952 qu’elle intègre l’Université de Los Angeles pour suivre les cours d’Evelyn Hooker, une psychologue sociale qui travaillera plus tard dans sa fondation pour chercher à supprimer l’homosexualité des maladies mentales. Betty Berzon concentre ses études sur la psychothérapie, obtenant son diplôme en 1957, puis un Master en 1962, à San Diego.

Dans la foulée, elle est embauchée par l’un de ses professeurs dans un institut des sciences du comportement. Là, elle apprend aux côtés de talentueux psychologues et se spécialise dans les thérapies de groupe.

Au milieu des années 60, la jeune psychiatre est obsédée par le fait de permettre aux gens qui ne peuvent consulter un professionnel de participer à des thérapies de groupe. Elle édite alors des cassettes audio contenant des instructions pour diriger des groupes de rencontre.

En 1968, pour ses 40 ans, elle réalise qu’elle a échoué dans sa quête de l’amour. Seule et triste, elle accepte son homosexualité et retourne vivre à Los Angeles, où elle pensait plus simple de sortir du placard.

Dès 1971, elle rejoint un groupe d’homosexuels libérationnistes et participe à la fondation d’un centre communautaire : le Gay Community Services Center (maintenant nommé L.A. Gay & Lesbian Center). Betty Berzon y a créé des groupes d’entraide et a formé des conseillers pour les gérer. Elle a ensuite intégré le conseil d’administration et récolté des fonds pour l’organisation. Le centre est très rapidement devenu la plus grande agence gay et lesbienne du pays.

Plusieurs manifestations sont organisées en 1971 et 1972, pour protester contre la classification de l’homosexualité comme maladie mentale. À cette époque, le sujet était extrêmement sensible et les pressions si fortes qu’un psychiatre gay avait témoigné masqué devant l’Association Psychiatrique Américaine pour exprimer son mécontentement face au fait que sa sexualité soit considérée comme pathologique. En 1973, cette association supprime enfin l’homosexualité de la liste des maladies mentales.

En 1986, on diagnostique à Betty Berzon un cancer du sein. Malgré une mastectomie, elle fait une rechute en 2001 et décède des suites de sa maladie le 24 janvier 2006.

Même malade, elle n’a jamais stoppé son combat contre les inégalités : au moment de son admission, le personnel hospitalier lui a demandé si elle était célibataire, mariée ou divorcée ; elle a alors répondu : “Rien de tout cela. Je vis avec une femme depuis 29 ans.” Elle a interrompu la procédure jusqu’à ce que l’hôpital modifie ses formulaires. Désormais, lorsque des patients homosexuels sont interrogés à propos de leur statut marital, ils peuvent cocher la case “Partenariat domestique”. Merci à elle.

Histoire d'un Coming-Out

Au début des années 70, à l’occasion de l’ouverture du centre de services social, Betty Berzon écrit “J’étais enfin capable de déterminer avec clarté ce que le fait d’être gay signifiait…pour la première fois de ma vie, je ressentais des sentiments positifs à propos d’un aspect de moi-même pour lequel j’avais passé des décennies à me détester.” Son acceptation de son homosexualité lui a permis de se battre tout au long des années 70 pour faire progresser les droits civils des LGBT.

C’est à cette époque qu’elle a rencontré Terry DeCrescenzo, qui a fondé le Gay and Lesbian Adolescent Social Services de Los Angeles, qui prend en charge les adolescents homosexuels mis à la rue par leurs parents. Elles étaient toutes les deux parmi les huit membres fondateurs de la Western Gay Academic Union, créée en 1976. Betty Berzon en est, plus tard, devenue la présidente.

Leur relation lui a inspiré l’écriture de son livre “Permanent Partners: Building Gay and Lesbian Relationships“, qui est une sorte de manuel pour les personnes de même sexe souhaitant faire perdurer leurs couples.

Bibliographie

2002 : Surviving Madness, A Therapist’s Own Story
1996 : The Intimacy Dance
1988 : Permanent Partners
1979 : Positively Gay

Betty Berzon

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