Me’shell Ndegeocello

Me'shell Ndegeocello

Biographie

Me’shell Ndegeocello, de son vrai nom Michelle Lynn Johnson, est une chanteuse, rappeuse, compositrice et musicienne (en particulier la basse) américaine, née le 29 août 1968 à Berlin. Ses parents y vivaient alors, car son père, lieutenant dans l’armée, y avait été affecté. Son père, qui est également un musicien hors pair (il joue à merveille du saxophone), lui donnera dès le plus jeune âge le goût de la musique.

La jeune Michelle grandit dans la ville de Washington et commence à jouer et composer dès l’adolescence. Elle intègre très tôt la très prestigieuse Duke Ellington School of Arts, puis la Howard University pendant une courte période. C’est à cette époque qu’elle commence à se faire appeler Ndegeocello, qui signifie « libre comme un oiseau » en swahili (ensemble de langues métissées d’Afrique de l’Est).

Elle intègre très vite plusieurs groupes, essentiellement à la basse, dans l’univers de la musique underground de la ville de Washington. Mais si elle se fait assez vite un nom dans le milieu indépendant (grâce au site Freemyheart.com, un noyau de fans fidèles se forme très vite autour d’elle), le milieu commercial, lui, la boude autant qu’elle le boude. En effet, elle se refuse à écrire des chansons purement commerciales et reste fidèle à ses influences, ce qu’elle produit empruntant à la fois au jazz, au rock, au folk, au rhythm and blues ou encore à la soul.

1988 est une année importante pour elle ; c’est l’année de son déménagement pour New York, de la naissance de son fils, et de ses débuts sur scène en solo. Une année d’autant plus capitale que c’est lors de l’une de ces représentations qu’elle est repérée par le label Maverick Records, grâce auquel elle sort son premier album en 1993, Plantation Lullabies.

Si l’album reçoit un bon accueil critique, c’est l’année suivante que Me’shell se fait vraiment connaître à travers le pays, grâce à sa collaboration avec John Mellencamp sur la chanson Wild Night ; celle-ci atteint la troisième place du top 100 Billboard en 1994 et reçoit plusieurs prix.

L’année suivante, en 1996, elle sort un nouvel album Peace Beyond Passion. On y retrouve ses thèmes de prédilection, à savoir tout ce qui touche à la spiritualité et à l’orientation sexuelle. Dans l’une des chansons les plus connues de l’album, Leviticus: Faggot (dont vous pouvez voir le clip ici), elle aborde l’homophobie ordinaire. Elle y raconte l’histoire d’un jeune garçon de 16 ans mis à la porte de chez lui par son père, sans que ça mère ne lui vienne en aide, une manière de dénoncer le rôle à fois de l’intolérance et de la religion dans le rejet des homosexuels.

Trois ans plus tard, elle déroute sa base de fidèles fans avec un album totalement différent, Bitter. Elle change de style et se tourne vers l’électro, ce qui lui vaut cependant un bon accueil critique. En 2001, elle apparaît sur la bande originale du film de Léa Pool, Lost and Delirious.

En 2002, elle revient à ses thèmes de toujours, c’est-à-dire la discrimination, l’identité sexuelle, le racisme ou encore le nationalisme, avec son quatrième album qui s’intitule Cookie: The Anthropological Mixtape. C’est aussi l’occasion de revenir à ses premières amours musicales, baladant l’auditeur entre jazz, soul, funk, hip-hop et rock. On y trouve encore une fois une chanson abordant de manière explicite l’homosexualité, Barry Farms. L’histoire est celle d’une femme qui n’assume pas son homosexualité, et qui préfère continuer de sortir avec un homme plutôt que de s’afficher avec la femme qu’elle aime, la narratrice de la chanson en l’occurrence, qui lui demande à plusieurs reprises si elle serait capable de l’aimer sans en avoir honte (« Can you love me without shame? »).

L’album qui suit, en 2003, Comfort Woman, est moins engagé et est plus axé sur la paix et les relations amoureuses. C’est vers cette période qu’elle se convertit à l’Islam et décide de changer son nom pour celui de Meshell Suhaila Bashir-Shakur, tout en gardant le même nom de scène. L’album qu’elle sort en 2005, The Spirit Music Jamia: Dance of the Infidel, est d’ailleurs fortement marqué par cette conversion.

En 2007, elle surprend de nouveau ses fans avec l’album The World has made me the man of my dreams, dans lequel elle allie musique électronique, hip-hop, funk, etc. Elle a aussi sorti il y a moins d’un an un nouvel album, Devil’s Halo Downtown.

Me’shell Ndegeocello continue de composer et chanter encore aujourd’hui. On retrouve toujours dans ses travaux les mêmes thèmes qui lui tiennent à cœur, c’est-à-dire tout ce qui touche aux discriminations (sociales notamment), à l’homophobie, au racisme, à la place des femmes, etc. Elle s’est constitué une base fidèle de fans qui apprécient autant la qualité de ses textes engagés que celle de la musique qu’elle propose et qu’elle tente de renouveler en permanence.

Comme l’a bien expliqué Martha Mockus dans son ouvrage Me’shell Ndgeocello: musical articulations of a black feminism, « ce qui est central dans l’ethnographie musicale de Ndegeocello ce sont ses convictions politiques pour la recherche de la liberté, et les luttes contre le capitalisme, le racisme, le sexisme et l’homophobie dans l’histoire culturelle africaine-américaine. »

Histoire d'un Coming-Out

Depuis ses débuts, Me’Shell n’a jamais caché sa bisexualité. Elle est d’ailleurs sortie alternativement (et ouvertement) avec des hommes puis avec des femmes. Ses histoires avec la chorégraphe Winifred R. Harris et avec l’activiste Rebecca Walker (dont elle a tatoué le prénom sur sa nuque) sont ses relations les plus connues.

Elle aborde aussi régulièrement dans ses chansons l’homosexualité, tout ce qui touche à l’identité sexuelle ou encore à l’homophobie.

Discographie

Devil’s Halo Downtown (2009)
The World has made me the Man of my Dreams (2007)
The Article 3 [EP] (2006)
The Spirit Music Jamia: Dance of the Infidel (2005)
Comfort Woman (2003)
Cookie: the Anthropological Mixtape (2002)
Bitter (1999)
Peace Beyon Passion (1996)
Plantation Lullabies (1993)

Mshell

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