Susan Sontag

Susan Sontag

Biographie

Susan Sontag est une romancière et activiste politique américaine née le 16 janvier 1933 à New York et décédée le 28 décembre 2004. Elle naît sur la côte est, mais c’est de l’autre côté du pays qu’elle grandit, puisqu’elle passe ses premières années dans la ville de Tucson, en Arizona, et que sa famille emménage en Californie alors qu’elle est adolescente, à Los Angeles. Son père, Jack Rosenblatt, qui travaille dans le commerce international, décède de la tuberculose en Chine quand elle n’a que 5 ans. Elle grandit donc auprès de sa sœur Judith et de sa mère, Mildred Jacobsen, qui travaille comme enseignante et qui ne s’est jamais réellement remise du drame et est totalement dépendante vis-à-vis de l’alcool. La petite famille s’agrandit en 1945, lorsque sa mère épouse en secondes noces Nathan Sontag, qui donne d’ailleurs son patronyme aux petites filles.

La jeune Susan excelle à l’école. Alors qu’elle n’a que 3 ans, elle sait déjà lire ; elle gardera toujours une certaine avance sur les jeunes filles de son âge, puisqu’elle termine le lycée à 15 ans et entre à l’université l’année suivante. Après avoir fréquenté Berkeley quelques temps, elle décide d’intégrer l’Université de Chicago, où elle suit des cours de littérature, de philosophie et d’histoire. Après avoir décroché son diplôme, elle décide d’entrer à Harvard, afin d’y effectuer un doctorat en philosophie, littérature appliquée et théologie. En 1957, elle remporte une bourse d’étude grâce à l’American Association of University Women (une association qui veut donner les mêmes chances de réussite aux femmes) pour étudier au prestigieux St Anne’s College d’Oxford. Mais elle quitte l’établissement en cours d’année pour s’installer à Paris, où elle termine finalement ses études.

Sa vie personnelle en parallèle de son implication dans ses études n’est pas inexistante pour autant. Susan Sontag épouse en effet en 1950 Philip Rieff, un professeur assistant, seulement dix jours après qu’il n’ait commencé à la courtiser…! Elle n’a alors que 17 ans et fréquente encore à cette période l’Université de Chicago. Deux ans plus tard, ils ont même un fils, David. Mais petit à petit, le couple s’éloigne ; Paris est sans doute le facteur déclenchant, Susan y découvrant toute une communauté intellectuelle et artistique, qui l’éveillent à de nouvelles causes. En 1958, Susan et son mari se séparent officiellement.

Susan Sontag, sitôt ses études terminées, décide d’enseigner pendant plusieurs années. Elle sera professeur de philosophie et de théologie dans plusieurs établissements, et notamment dans les très réputés City University of New York et Columbia University.

1963 marque un tournant dans sa vie. Non seulement elle a 30 ans cette année-là, mais en plus elle publie son premier ouvrage, The Benefactor. Certes elle écrit depuis son plus jeune âge, et tient des journaux intimes, mais elle décide alors de vivre de sa plume et va publier de nombreux textes à partir de ce moment-là. The Benefactor et Death Kit (publié en 1967), ses deux premiers romans de fiction, sont salués par la critique, qui voit en elle la digne héritière de Nathalie Sarraute et d’André Gide.

Mais ce qui passionne le plus Susan Sontag, c’est de réfléchir sur la société actuelle. De nombreux sujets, comme l’inégalité des personnes ou encore le sida, l’intéressent particulièrement. Elle écrit alors de nombreux essais et courts textes qu’elle publie dans divers journaux dont la réputation n’est plus à faire, tels que The Times, ou encore The New Yorker. Elle va aussi beaucoup écrire sur la sensibilité gay, et notamment sur de grandes figures gays (sans pour autant mettre l’accent sur leur orientation sexuelle ; ce qui l’intéresse, ce sont leurs idées).

En 1964, elle rédige pour le Partisan Review, une étude autour de laquelle va tourner toute son œuvre future, Notes on ‘Camp’. Le texte apporte aussi notoriété et respect à la jeune femme. Elle y réfléchit sur le mot « camp » et c’est l’occasion de définir les différentes cultures qui composent la société (et notamment la subculture homosexuelle).

Susan Sontag écrit beaucoup, mais elle ne s’arrête pas là. Elle se passionne à la fin des années 1960 pour un nouveau média : les films. Le pouvoir des images la fascine et elle y voit très vite une nouvelle façon de véhiculer ses idées. Après s’être fait la main sur deux films de fiction, elle réalise en 1974 un documentaire, Promised Lands. Elle y évoque les conflits qui ont opposé Israéliens et Palestiniens en 1973 ; c’est là un sujet qu’elle connaît bien et maîtrise.

En 1977, Susan publie On Photography. Elle s’y penche sur le rôle passé et présent de la photographie au sein de nos sociétés. L’ouvrage est acclamé par la critique et reçoit cette année-là le National Book Critics’ Choice Award. Le succès est total pour Susan Sontag, mais en 1978, on lui diagnostique un cancer et les médecins ne lui laissent que quelques mois à vivre. La maladie devient à ce moment un sujet important dans ses textes qui suivront.

À la fin des années 1980, elle rencontre la célèbre photographe Annie Leibovitz au cours d’une séance photo pour la quatrième de couverture de l’un de ses ouvrages, et avec qui elle vit une romance sans que les deux femmes ne vivent ensemble pour autant.

Susan Sontag n’a eu de cesse, au fil des années, de surprendre son lectorat en abordant des thèmes très divers. Ses textes sont caractérisés par un savant mélange d’une forte conscience politique, d’une connaissance parfaite de l’Histoire et de réflexions philosophiques. Elle a également toujours été très engagée politiquement : le conflit israélo-arabe, les guerres qui se succèdent en Europe de l’Est (et notamment en Bosnie et à Sarajevo), la lutte contre le sida, etc.

Susan Sontag est décédée le 28 décembre 2004, à l’âge de 71 ans, des suites de complications dues à une leucémie, et est enterrée au cimetière Montparnasse de Paris. Quatre ans après sa mort, son fils, David, a publié Reborn: Journals and Notebooks 1947-1963, où l’on retrouve de nombreux textes et journaux qu’elle a rédigés jusqu’à ses 30 ans (l’année où elle a commencé à voir ses écrits publiés).

Histoire d'un Coming-Out

Susan Sontag était plutôt discrète au sujet de sa vie privée et en particulier de son orientation sexuelle. Elle a très peu évoqué le sujet dans ses interviews et dans ses écrits. Cependant, grâce notamment à son dernier ouvrage posthume, Reborn: Journals and Notebooks 1947-1963, on sait avec certitude qu’elle a pris conscience très jeune de sa bisexualité.

On peut en effet lire dans un extrait de ses journaux de 1948 : « donc maintenant j’ai l’impression d’avoir des penchants lesbiens (ô combien j’écris ceci à contrecœur) ». L’année suivante, âgée de 16 ans, elle y décrit sa première expérience sexuelle avec une femme : « Peut-être que j’étais saoule après tout, parce que c’était trop beau quand H. a commencé à me faire l’amour […] J’ai pleinement réalisé que je la désirais. »

Susan Sontag a aimé dans sa vie aussi bien des hommes que des femmes, « cinq femmes, quatre hommes », comme elle l’a expliqué au cours d’une interview accordée à The Guardian dans les années 2000.

Dans un entretien paru dans le magazine Out, elle explique le comment du pourquoi de sa discrétion sur son orientation sexuelle : « J’ai grandi à une époque où la règle était le secret de polichinelle. Je m’y suis faite et suis plutôt en paix avec cela. Intellectuellement, je sais pourquoi je n’ai pas plus parlé de ma sexualité, mais je me demande si je n’ai pas refoulé quelque chose à mon détriment. Peut-être que j’aurais pu réconforter des personnes si j’avais plus évoqué ce sujet de ma vie privée sexuelle, mais cela n’a jamais été ma mission première de réconforter les gens, à moins que ce ne soit vraiment quelqu’un dans le besoin. J’ai préféré donner du plaisir et bousculer les choses. »

Bibliographie

Reborn: Journals and Notebooks (2008)
At the Same Time: Essays & Speeches (2007)
Regarding the Pain of Others (2003)
Where the Stress Falls (2001)
In America (1999)
The Volcano Lover (1992)
The Way We Live Now (1991)
AIDS and Its Metaphors (1988)
Under the Sign of Saturn (1980)
Illness as Metaphor (1978)
On Photography (1977)
I, etcetera (1977)
Styles of Radical Will (1969)
Death Kit (1967)
Against Interpretation (1966)
The Benefactor (1963)

THÉÂTRE

Lady from the Sea (1999)
Alice in Bed (1993)
A Parsifal (1991)

FILMS

Unguided Tour (aussi connu sous le titre de « Letter from Venice ») (1983)
Promised Lands (1974)
Bröder Carl (1971)
Duett för kannibaler (1969)

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