I) L’ASPECT PHYSIQUE :
Le stéréotype physique de la lesbienne. Le stéréotype est une idée toute faite, une image sortie d’un moule. Ce mot est d’ailleurs issu du procédé typographique qui permet de réaliser et de reproduire des images fixes. Il s’agit ici des caractéristiques superficielles et communes censées représenter les homosexuelles. En réduisant ces femmes à une attitude, une opinion, un physique, elles sont simplifiées à l’extrême et le public se fait une opinion fausse et erronée concernant celles-ci. La représentation des lesbiennes est alors incomplète, trompeuse, éloignée de la réalité et totalement fausse.
La population imagine, la plupart du temps, les lesbiennes comme des « camionneuses ». Elles portent les cheveux courts, des vêtements masculins et militaires, de grosses chaussures type rangers. Elles ont de nombreux piercings, une rangée de boucles d’oreille, un tatouage tribal sur le bras, fument comme des pompiers et refusent de s’épiler. Le stéréotype est certes poussé à l’extrême mais il reprend les grandes lignes.
Il est cependant appréciable de constater qu’aujourd’hui, cette représentation n’existe ni au cinéma ni à la télévision. Bien au contraire. En effet, conséquences de l’ultra féminisation dans les médias, de la vague de porno chic dans la publicité, de la banalisation du sexe et de la sexualité, cette image est véritablement en train de changer.
Aujourd’hui, la représentation des lesbiennes dans les séries télévisées et au cinéma a beaucoup évolué. On assiste à une surreprésentation des « lipsticks lesbians » au détriment des « butchs » dites camionneuses. Les lipsticks lesbians reflètent la nouvelle manière de montrer l’homosexualité féminine aux Etats-Unis. The L-Word en est la preuve flagrante et éclatante. Ces femmes revendiquent leur féminité de façon ostentatoire. La beauté est leur arme, leur moyen de s’émanciper.
Le fait est qu’à travers cette représentation, les homosexuelles et les hétérosexuelles sont difficiles à différencier. Parce qu’elles sont belles et séduisantes, parce qu’elles n’arborent pas de signes distinctifs, ces nouvelles lesbiennes ne choquent pas, n’effrayent pas et se fondent dans la masse. Elles séduisent les hommes au même titre que toutes les femmes et leur physique avantageux leur permet de survivre dans un média où l’audimat masculin ne peut être ignoré tant il est important et puissant.
Exemple typique de cette nouvelle manière de représenter les homosexuelles et de les montrer, l’épisode 12 de la saison 1 de The L-Word intitulé « Libération » ou « Looking Back » en Version Originale où les héroïnes se rendent au Dinah Shore Week-End à Palm Springs (Californie). A l’origine de ce rassemblement qui existe réellement, deux femmes, Robin Gans et Sandy Sachs. En 1992, ces deux Américaines ont fait leur coming-out dans le célèbre New York Times. Robin, diplômée en psychologie et enseignante à l’université, déclarait récemment à ce sujet : « C’était la première fois que des homosexuelles féminines et « d’apparence normale » sortaient du placard en public. Nous avons motivé des milliers de femmes à faire de même. Il arrive trop souvent que les lipsticks n’avouent jamais leur sexualité et se camouflent parmi les hétéros. Beaucoup sont venues nous remercier et nous demander de fonder un lieu de rencontre pour elles. Nous avons alors ouvert le Girl Bar à Los Angeles et multiplié les apparitions télévisées » . Depuis, ce rassemblement a lieu chaque année et dure trois jours et trois nuits. Une aubaine pour les auteurs adeptes de corps somptueux, de sensualité, de baisers saphiques et en même temps de normalité, de banalité et d’acceptable.
Parce que comme l’a si bien précisé Sandy Sachs, les lipsticks lesbians sont rassurantes et ne choquent pas. Elles donnent une image tout à fait acceptable de l’homosexualité, une image qui ne heurte ni les hommes ni les parents puisqu’elles sont et demeurent des femmes séduisantes. « Le fait que nous soyons un couple équilibré et heureux rassure beaucoup de parents. Nombre d’entre eux nous ont écrit être parvenus plus facilement à accepter la sexualité de leur fille après avoir écouté nos témoignages ».
Alors que la butch choque parce qu’elle se pare d’attributs masculins et menace de prendre la place des hommes qu’elle castre dans leur virilité, les lipsticks revendiquent leur féminité et leur sensualité et ne sont en rien inquiétantes.
II) L’ASPECT SOCIOLOGIQUE :
Un stéréotype répandu veut que les lesbiennes qui travaillent occupent des postes hauts placés et à responsabilités.
À partir du moment où une femme demeure à un poste important dans une société, une entreprise ou autre, à partir du moment où une femme se trouve à un poste de direction, qu’elle est toujours célibataire et qu’elle a dépassé la trentaine, ce cliché veut que cette femme soit homosexuelle.