Saison 2 – On a toutes quelque chose d’Helena Peabody

Interview liée à la série The L-Word

Rachel Shelley

Interview accordée à Judith Silberfeld pour le site Têtu en mai 2005

La deuxième saison de The L-Word arrive dès le 19 juillet sur Canal et à compter du 8 septembre sur PinkTV. Parmi les nouveaux personnages, Helena Peabody, incarnée par la ravissante Rachel Shelley.

Il y a toujours un doute, lorsque l’on interviewe un acteur. Joue-t-il la comédie ou est-il vraiment tel qu’il se montre ? De passage à Paris en mai 2005, Rachel Shelley a su séduire les journalistes venus partager avec elle un petit-déjeuner copieux. À l’époque, la diffusion de The L-Word, déjà culte outre-Atlantique, n’a pas encore commencé en France, mais certains, par la magie d’Internet, suivent les épisodes au même rythme que le public américain, à quelques heures près. Étrange expérience, pour une actrice qui débarque pour la deuxième saison d’une série, de rencontrer la presse d’un pays qui n’a pas encore eu la chance de découvrir la première.

Une chose est sûre: ce n’est pas le chef opérateur qui rend Rachel Shelley si jolie, elle l’est vraiment. Son personnage, Helena Peabody (la fille de Peggy Peabody), est une riche héritière, femme d’affaires habituée au pouvoir et à ce que personne ne lui résiste, que ce soit professionnellement ou en amour. Seule sa mère, Peggy Peabody, que les téléspectateurs ont rencontrée dans la saison 1, la déstabilise.

Helena s’immisce dans la vie professionnelle de Bette (Jennifer Beals) et s’intercale très vite entre elle et Tina (Laurel Holloman). Glaciale, sublime, bitchy, elle vole à Bette le rôle de Superwoman et à Marina (Karina Lombard, qui ne figure plus au générique de cette nouvelle saison) celui de l’Européenne de service. Car Rachel est Anglaise, elle est même la première actrice britannique à avoir joué un premier rôle dans un film bollywoodien, Lagaan (nommé aux Oscars en 2002 dans la catégorie «meilleur film en langue étrangère»), et c’est en partie ce qui a séduit Ilene Chaiken, la créatrice de The L-Word (TLW), et son équipe. «Les Américains aiment bien avoir un personnage européen, s’amuse Rachel. Et depuis quelque temps, les rôles de méchants sont souvent attribués à des Anglais.» Une question d’accent. Pourtant, dans son pays d’origine, Rachel s’est surtout vu proposer des rôles à la Mary Poppins, comme elle dit, des filles sympas et douces. Rien à voir avec Helena. Qui, si l’on en croit Rachel, n’est pas si salope que ça. Pour elle, Bette et Tina ont rompu, la voie est libre. Néanmoins, précise l’actrice, «lorsque j’ai passé les auditions, on m’a bien précisé qu’il ne s’agissait pas de Dynasty . Mais je me voyais bien en nouvelle Joan Collins!» Selon le scénario, Helena Peabody a «autour de 30 ans, ne se maquille pas. Une sorte de Katharine Hepburn, qui porte pour 5.000 dollars de vêtements à la coupe masculine. Cool, sûre d’elle, incroyablement belle. Un rien butch. Sensuelle sans le faire exprès, avec un sourire à couper le souffle. Elle est sublime et glaciale, sa beauté et sa présence sont frappantes. Chaque geste, chaque parole ne sert qu’à souligner le pouvoir d’Helena». « Lorsqu’on m’a suggéré d’envoyer une vidéo pour le casting, je n’ai pas hésité, raconte-t-elle. The L-Word, ce n’est pas juste une série sympa à faire, elle a un impact très fort, on a l’impression de servir à quelque chose. Et vous connaissez beaucoup de séries avec autant de rôles de femmes, qui ne sont pas définies par rapport aux hommes qui les entourent? Jusqu’ici, j’avais surtout joué la soeur de, la petite amie de. Lors de l’audition, j’ai appris que si j’étais prise, je devrais rester quatre mois pour le tournage, sans rentrer chez moi à Londres. Depuis, je vis sur deux continents.»

Pas trop dur de s’intégrer à une équipe qui a déjà tourné toute une saison? « Nous étions trois petits nouveaux, Sarah Shahi (Carmen), Eric Lively (Mark) et moi. Nous sommes restés un peu ensemble au début, mais tout le monde a été très accueillant. » Rachel s’est même fait des amies parmi les autres actrices: Laurel Holloman (Tina), Erin Daniels (Dana) et Meredith McGeachie, apparemment (et heureusement pour elle) beaucoup plus sympathique que son personnage de Tonya.

Sa première scène d’amour avec une femme? « C’était avec Laurel Holloman, qui joue Tina. C’était la première fois que je touchais une femme enceinte. Et elle était très enceinte! Nous nous entendons très bien, nous avions chorégraphié la scène, mais lorsque je l’ai vue nue, je suis restée figée. Et pendant ce temps, le réalisateur me disait que la passion d’Helena devait être plus flagrante! »

Justement, jouer un rôle de femme qui aime les femmes, ça ne lui a pas fait peur ? Elle rigole à cette question, qui a été posée des milliards de fois à toutes les actrices de la série. «Embrasser un acteur qui ne vous attire pas n’est pas plus facile qu’embrasser une actrice qui ne vous attire pas.» C’est ce genre de réponses qui font que l’on a beau aimer détester Helena Peabody (dans la deuxième saison tout du moins), on ne peut s’empêcher de tomber sous le charme de Rachel Shelley, star en puissance. Elle ne veut pas dire son âge et laisse tomber un sublime «Vous n’avez qu’à écrire ce que vous voulez. Les actrices ne disent jamais leur âge.» Elle n’a pas ce côté «je joue une lesbienne parce que c’est cool» que peuvent avoir certaines actrices, et quand elle dit que c’est un rôle comme un autre, qu’on oublie l’orientation sexuelle des personnages, elle le pense, elle ne se cherche pas d’excuses. Elle est aussi loin d’être bête, ou naïve. «Je suis sûre que certains passages touchent plus les lesbiennes que les autres téléspectateurs, mais si la série a un tel succès, c’est parce qu’elle joue sur des ressorts classiques, comme le triangle amoureux, par exemple. Qu’elles soient homos ou hétéros, les femmes sont confrontées aux mêmes problèmes.» Non contente d’être une bonne actrice, qui plus est ravissante (on ne se lassera jamais de le répéter), Rachel Shelley a aussi un joli brin de plume et une bonne dose d’autodérision. Elle a, par trois fois, fait bénéficier les lecteurs du quotidien britannique The Guardian, de son journal de bord : lors du tournage de Lagaan, à son arrivée à Hollywood et sur le tournage de The L-Word. Sous le charme, on vous dit. Encore plus quand elle remarque, comme si c’était une évidence, que «les homos ont vu des hétéros à la télé pendant des années, il est temps que ce soit l’inverse».

Interview originale sur Têtu

Rachel Shelley

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A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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