The Secret Diaries of Miss Anne Lister : Interview de l’actrice Maxine Peake, l’interprète d’Anne Lister

The Secret Diaries of Miss Anne Lister : Interview de l'actrice Maxine Peake

Interview accordée à Natasia Langfelder, le 16 Mai 2010 pour le site Lezgetreal

Le film, The Secret Diaries of Miss Anne Lister [Les journaux intimes d’Anne Lister] s’inspire des écrits personnels de celle-ci, mademoiselle Lister étant connue pour être la première “lesbienne moderne” de Grande Bretagne. Elle tenait un journal où elle relatait sa vie en détail, et en particulier, toutes ses conquêtes féminines. Elle a séduit bon nombre de dames et a fini par vivre en couple, mariée à une de ses amantes.

L’actrice britannique Maxine Peake incarne le rôle titre dans le film. Actrice accomplie, qui joue depuis ses 13 ans, elle est plus connue pour ses rôles à la télévision. Peake est ainsi apparue dans de nombreux films et a passé beaucoup de temps sur les planches. Elle a généreusement pris le temps, malgré un agenda chargé, de s’entretenir avec Lezgetreal.com à propos de son rôle d’Anne Lister.

The Secret Diaries of Miss Anne Lister a fait la première du Festival de films gay et lesbiens de Londres et sera ensuite projeté au Festival de films et vidéos LGBT Inside Out de Toronto le 30 mai 2010.

Qu’est-ce qui vous a incitée à incarner ce rôle d’Anne Lister, la “première lesbienne moderne” ?

Je n’avais jamais entendu parler d’Anne Lister auparavant. J’ai eu vent du projet par une amie à moi. Elle était responsable des tournages en extérieur et m’a dit : “Tu as entendu parler de ce projet sur Anne Lister ? C’est une voyageuse et une icône lesbienne.” Donc j’ai auditionné pour le rôle. Un mois plus tard, ils m’ont appelée et m’ont dit : “Si vous voulez le faire, nous aimerions que ce soit vous qui le fassiez.” Il s’agit d’un film dramatique centré sur un personnage féminin fort. De plus, la majorité de la distribution est féminine, ce qui devient de plus en plus rare donc c’est en partie ce qui rend ce projet excitant.

Anne Lister a fait la première du BFI, le Festival de films gay et lesbiens de Londres en 2010, et d’après le buzz de la communauté lesbienne, vous avez réussi à imposer un style lesbien. Comment êtes-vous entrée dans le personnage ?

Eh bien, j’ai lu ses journaux intimes et parlé avec une experte. Elle vit à Halifax dans la propriété d’Anne Lister. J’ai vu le documentaire. Voir où elle (Anne Lister) vivait et les paysages d’Halifax ; [ils] sont si désertiques qu’elle devait être vraiment forte mentalement. Elle aimait cet environnement et cette campagne. C’était une femme d’extérieur, sportive et passionnée. Je crois qu’elle passait beaucoup de temps dehors et connaissait les environs comme sa poche. Ces paysages peuvent être si désertiques et désolés. Ça [ce style] vient de sa relation à la terre. De son amour de la nature. Oh, et le costume et les bottes ont aidé !

Vous avez déclaré que selon vous, le précédent président américain, George Bush, était un “malfaisant”. Sachant qu’il est farouchement opposé aux droits des homosexuel(le)s, pensez-vous que faire ce film, qui présente pour ainsi dire un mariage lesbien autoproclamé soit aussi un acte politique ?

Oui, mais vous savez, en fin de compte, il s’agit d’une histoire humaine sur une femme qui se réjouit d’être qui elle est. Connaissant la situation de notre pays à l’heure actuelle, je suis préoccupée par les conservateurs. Je pense que The L-Word a rendu un fier service rien qu’en apportant un peu de visibilité par ici. Oui, plus les minorités deviennent visibles et plus elles peuvent faire valoir leur point de vue.

Vous êtes plus connue en tant que Veronica dans Shameless et Twinkle dans Dinnerladies. Pensez-vous qu’accepter un rôle comme celui-ci changera la façon dont vos fans vous perçoivent ?

Oui, je le pense. La dernière chose que j’ai faite pour la BBC était un drame du nom de Criminal Justice. J’y jouais une femme timide de classe moyenne, battue par son mari avocat ; c’est un changement. Après avoir joué un personnage tyrannisé, incarner à nouveau quelqu’un de fort ; vous espérez que les gens croiront que vous êtes tous ces différents personnages. [Vous espérez qu’ils] croient que vous accomplissez ce voyage.

Il y a eu de nombreux commérages concernant votre poids. Comment cela vous a-t-il affectée ?

J’ai 35 ans aujourd’hui, j’en avais 24 quand j’ai perdu du poids. Onze ans plus tard, les gens continuent à me dire : “Vous avez perdu tellement de poids !” J’ai perdu environ 30 kilos. J’ai un poids idéal maintenant, je fais de l’exercice et pas particulièrement de régime. C’est une obsession très dangereuse. Les magazines parlent de qui est trop gros ou trop maigre, de la cellulite, des bras trop gros, des régimes, c’est épouvantable. J’aimerais qu’on puisse passer outre cette obsession du poids et de l’apparence.

Anne Lister est une icône lesbienne en Angleterre… Aujourd’hui, vous l’incarnez. Les fans lesbiennes étant les plus fidèles qu’on puisse avoir, êtes-vous prête à devenir une icône gay ?

C’était une telle personnalité qu’il y avait beaucoup de pression ! Je ne voulais pas décevoir les gens. Ce film est pour la communauté LGBT, d’abord parce qu’il n’y a pas beaucoup de trucs qui s’adressent à cette communauté. C’est une figure qui est source d’inspiration. Elles [les lesbiennes] en savent tellement sur elle que j’ai pensé : “Est-ce que je vais être à la hauteur de leurs attentes ?” Elle a eu une vie tellement extraordinaire. Et le film donne vraiment l’impression d’en être une partie. Le public lesbien est un bon public ! J’espère que la communauté lesbienne ira voir le film et ne sera pas déçue. Je sais que certaines personnes pourraient être contrariées qu’une hétéro joue ce rôle, mais je veux stimuler l’imagination et vraiment faire un bon film. Encore une fois, je veux que personne ne soit laissé pour compte.

Vous avez joué dans des films, des séries télé et bien sûr, vous vous êtes produite au théâtre. Dans quel univers vous sentez-vous le plus à l’aise pour travailler ?

Je pense que de nombreux acteurs préfèrent le théâtre. Personnellement, je passe par des phases et pour le moment, je meurs d’envie de monter sur scène. C’est un luxe d’avoir 4 à 6 semaines pour répéter une pièce, de pouvoir la refaire encore et encore. Pour les films, vous n’avez droit qu’à quelques prises. Nous avons tourné Anne Lister en 18 jours. Parfois, on n’a pas fait ça ou on n’a pas réussi à obtenir telle ou telle chose. Dans le cadre d’une pièce, vous pouvez rater quelque chose un soir et vous dire : “J’y arriverai demain soir.” J’aime cet aspect imprévisible du théâtre. Mais un bon script est un bon script, quel qu’en soit le support.

Jane English a déclaré qu’il restait suffisamment de matière pour faire un autre film sur Anne Lister. Seriez-vous partante ?

Complètement. Si c’était une sorte de suite en 10 parties, ce serait génial. Il y a presque 20 ans passés en revue en une heure trente, même si je ne prends pas réellement d’âge, mais ça va des années 20 aux années 40. Si Jane voulait en faire plus, j’adorerais jouer pour elle à nouveau. Plus sous l’angle du business cette fois, car le film se focalise vraiment sur l’aspect romantique et il y a bien plus en Anne que ça.

Il est prévu que le film soit ensuite projeté au Festival du film de Toronto. Allez-vous y assister ?

Le Festival du film de Toronto ! Je suis très excitée à l’idée d’y aller. C’est la première fois que je me rends à un festival international. J’irai aussi à San Francisco et Los Angeles. Je suis très enthousiaste. J’ai des amies qui vivent à Toronto et avec un peu de chance, j’arriverai à les voir elles et leurs maris. Je suis excitée de voir quel genre d’endroit est Toronto, comme c’est urbain et tout…

Un grand merci d’avoir pris le temps de parler avec moi, Maxine ! C’était un plaisir et profitez bien de Toronto !

Merci et à bientôt.

Traduction Magali Pumpkin (31 Mai 2010)

Interview Originale sur le site Lezgetreal.com

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