Interview de Danielle Cormack, l’interprète de Bea Smith

Interview liée à la série Wentworth

Danielle Cormack - Wentworth

Interview accordée à Elaine Atwell le 28 juin 2016 pour le site Afterellen.com

C’est génial. C’est tellement bien écrit et bien joué, et c’est une dynamique qu’il ne me semble pas avoir vue avant, en particulier en considérant le fait que Bea n’est pas une ado et qu’elle prend conscience de ce qu’il se passe. Et Allie qui prend son temps et qui est si gentille. Je trouve qu’il y avait mille raisons pour que ça se finisse mal ou qu’on ait l’impression que la série cédait aux caprices d’une communauté à qui Nicole da Silva manquait cette année. Mais ça ne nous a pas donné cette impression du tout et c’est vraiment bien fait.

Oui, la majorité des retours a été « Waouh ». Mais, je suis tombée sur quelqu’un qui disait que c’était le remplacement de Franky et Bridget. Ça m’a inquiétée parce que je ne l’ai jamais vu comme ça du tout. Alors quoi, on ne peut avoir qu’une seule relation entre femmes dans ce monde ? Encore une fois, c’est encore une preuve que certaines personnes ne peuvent supporter qu’un truc de chaque. Une relation lesbienne, mais cinq relations hétéros. [Rires]

S’il y a bien une chose que la série ne fait pas, j’espère, c’est utiliser des choses/gens uniquement pour le côté symbolique. Mais la télévision, à un certain niveau, doit être un peu normative, parce que c’est juste comme ça que fonctionnent les réseaux. Ceci dit, je crois que cette relation est totalement différente.

Toute la beauté de cette relation réside dans le fait que le seul frein à cette relation est un obstacle émotionnel, pas pratique. Ce n’est pas parce que c’est une garde ou une psychologue ou quelqu’un de l’extérieur ; Bea et Allie, si elles le voulaient, pourraient vivre cette relation. Ce sont juste les obstacles émotionnels de Bea qui peuvent se mettre en travers de leur chemin.

Et puis, elle remet sa sexualité en question. Jusqu’à présent, elle n’avait même jamais eu à se poser ces questions. Je ne pense pas que Bea soit homophobe, elle n’a juste pas eu l’occasion d’être ouverte d’esprit à ce propos. Tout ça arrive très vite et lorsqu’elle dit « Je ne suis pas gay », dans sa tête, peut-être que pour embrasser une autre femme il faut être gay. Et c’est… le bonheur. [Rires]

Mais il faut que vous vous rappeliez la situation dans laquelle elle est, et qu’elle était avec un mec comme Harry.

Oui, je l’ai toujours imaginé comme étant son premier petit-copain à la sortie du lycée et donc tout ce qu’elle avait jamais connu.

Oui, c’est comme ça que je l’ai interprété. Elle a peut-être batifolé un peu, mais en gros, elle a rencontré Harry et a eu un enfant assez jeune. Et ce n’est pas parce qu’elle en voulait un ; elle était prisonnière de cette relation. Elle aurait été pétrifiée de faire quoi que ce soit.

Mais cette relation n’arrive pas à cause de l’absence d’une autre relation gay très aimée de la série.

D’ailleurs, en parlant de… [l’intervieweuse prend une voix de bébé] elle va revenir un jour, non ?

[Rires] Motus et bouche cousue. Mais ça a déjà été annoncé, non ?

Oui, mais ça n’empêche pas les gens de péter un plomb. Plusieurs personnes m’ont envoyé des théories sur la façon dont les choses vont se passer.

Oooh, dites-moi !

Eh bien, apparemment, The Freak va tuer Allie et ça va rendre Kaz tellement folle qu’elle va vous tuer.

[Elle rit de façon incontrôlable]

J’ai été convaincue par cette théorie, mais je crois tout ce qu’on me dit aussi. Vous avez eu un méchant par an, et chaque année je me dis « Pas moyen qu’ils fassent mieux que celui-là ». Après la saison 1, j’ai pensé « Jamais vous ne ferez mieux que Jaqs ». Et puis dans la dernière saison, Jess était tellement, mais tellement, menaçante. Et cette année, vous avez Tammy MacIntosh qui est simplement terrifiante. Comment c’est de travailler avec elle ?

Elle est géniale. La plupart des gens avec qui je travaille sont géniaux. Pour certains d’entre eux, je n’ai pas l’occasion de trop travailler avec eux, mais ils sont super. Il y a un dévouement au travail vraiment incroyable sur le plateau, et si vous n’arrivez pas en étant à 100%, vous êtes un peu laissés derrière. Cette tradition a été établie très tôt.

On le ressent vraiment. Genre, seuls les meilleurs acteurs d’Australie ont réussi à intégrer la série.

Il faut être parfait tout le temps, parce que ça bouge très vite. Et si vous ne l’êtes pas, ça se verra. Ça se verra. Mais, aussi, on a l’avantage de jouer un personnage qu’on a joué pendant quatre saisons. Mais chaque jour a son défi. Tout particulièrement concernant certaines intrigues.

Vous et quelques autres acteurs de la série avez été directs et avez dit avoir des problèmes avec les moments les plus violents des premières saisons. Et on dirait qu’il y a eu un petit changement de ton depuis la saison 2, pour permettre un peu d’optimisme et d’espoir. Est-ce quelque chose que vous avez remarqué ou est-ce moi qui vois ça à travers mes lunettes de critique ?

Non, je ne pense pas. Le truc avec Wentworth c’est qu’à cause de la vitesse à laquelle ça progresse, vous n’avez pas le temps de vous poser et de réfléchir. Donc pour maintenir ce rythme — les cliffhangers, les retournements de situations, etc. — il faut qu’il y ait du drame avec de gros enjeux tout le temps. Et ça veut dire que vos personnages ne seront pas en sécurité. Il est donc important pour toute série d’avoir des moments d’espoir, de soulagement, de joie qui représentent aussi ce que vivent ces femmes dans la prison. Parfois, vous riez et tout va bien, mais ça ne dure qu’une minute. Il y a d’autres séries qui se passent dans le même environnement qui, elles, explorent les petits détails de ce monde sans qu’il y ait trop de danger. C’est plus léger dans le ton et plus reposant à regarder, mais notre série n’est pas de ce genre là. Lorsque vous avez ces moments reposants, c’est bien pour tout le monde, il faut que vous puissiez respirer avant le prochain assaut terriblement dramatique.

Oui, c’est logique dans ce monde.

On passe beaucoup de temps à s’assurer qu’on reste fidèle à notre monde et aux règles de notre monde. Et parfois, pour une intrigue il faut désobéir à certaines de ces règles, mais on n’aime pas trop ça parce qu’on veut vraiment garder les lois de notre monde intactes. Parce qu’une fois que vous avez commencé à violer ces lois, vous êtes maître du monde et vous voulez que ce monde reste sûr. Et après, on se transforme en soap.

Oui, je pense que c’est malheureusement la tendance des séries, même des séries de très très bonne qualité : elles durent trop longtemps. Pensez-vous que Wentworth a prévu sa fin ? Pendant combien de temps voulez-vous jouer Bea Smith ?

Eh bien, je crois que les producteurs veulent que ça continue pendant longtemps. La série marche incroyablement bien à l’étranger et a été vendue à 90 pays à l’international, et a eu des remakes aussi. Je viens juste de voir une vidéo de — je crois que c’était la version néerlandaise ? C’était exactement notre série mais dans une langue différente.

Je n’arrive pas à croire que votre homologue néerlandaise puisse être aussi intimidante, mais je suis sûre qu’ils ont fait de leur mieux.

[En ce qui concerne le futur de la série], ce n’est pas une question facile. Ça y est, on a inventé la roue, il faut juste qu’on trouve d’autres façons de la faire tourner. J’aime arrêter les choses lorsqu’elles sont au top ; je trouve ça vraiment important, plutôt que de continuer coûte que coûte encore et encore. Mais on est encore là.

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A propos de Lou Morin

Traductrice Anglais/Français

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