Concussion : Interview de Robin Weigert, l’interprète d’Abby

Robin Weigert

Interview accordée à Dana Piccoli le 01 Octobre 2013 pour le site Afterellen.com

Quelle façon de commencer !

[rires] Merci. Oui quand je les regarde, c’est marrant, elles sont toutes tellement psychologiques chacune à leur façon. Il y a un tel mélange. Certaines semblent incroyablement crues, mais elles ne sont pas salaces ou montrées pour l’érotisme ; je ne sais pas. Peut-être que, puisque je n’ai jamais fait de scènes de sexe auparavant, je ne sais pas comment les jouer différemment des autres scènes. Mais elles parlent des relations, pas vrai ? Tout n’est que question de ce qui se passe entre deux personnes, scène de sexe ou non.

Je n’avais qu’une façon d’appréhender ces scènes, et parfois ça ressemblait à ça : je rencontrais la personne pour la toute première fois et le soleil était en train de se coucher et je savais que nous devions faire cette scène de sexe avant le coucher du soleil. J’étais : « Mon Dieu, comment cela va se passer ? ». Certaines scènes étaient comme ça. Tout ce que je pouvais faire, c’était être très à l’écoute, peu importe qui elle soit, et tenter de faire du mieux que nous pouvions dans le temps imparti.

Certaines scènes étaient clairement orientées par Stacie [Passon], de la façon exacte dont elle voulait que ça se passe. Mais pour d’autres, il y avait dans le scénario « femme n°7 » et c’est tout. Donc même ce qu’il se passait entre les deux femmes n’était pas décrit. Par exemple, pour une femme je savais que c’était une artiste qui se produisait devant un public. C’est tout ce que je savais sur elle. Stacie et moi conduisions jusqu’au plateau ensemble ce jour-là, « Et à quoi ressemblera cette scène ? » et j’ai pensé à voix haute « Et si c’était celle où Abby est inquiète de ramener chez elle une blessure de son expérience ? Par exemple, et si cette femme devenait violente avec elle ? ». J’ai pensé qu’elle pourrait faire ça, si c’est une artiste qui se produit en public elle doit être à l’aise avec son corps et ne doit donc pas avoir peur de faire cela. Donc, proposons-lui cela. C’est ce qui à été inventé le jour-même et puis la construction de la scène s’est terminée de façon intéressante pour accompagner quelques dialogues. Ça s’est fait comme une lettre à la poste.

Ou bien, l’espèce de scène très crue avec l’asiatique vers la fin, qui a eu cette qualité parce que l’actrice me paraissait (je ne la connaissais pas du tout) si timide et nous avions si peu de temps. J’ai eu l’impression que la seule façon de tourner la scène était d’être extrêmement dominante avec elle, et de la mener à la baguette. Et dès que j’ai fait ça, elle a réagi de façon très électrique et soudain nous nous retrouvions Dieu sait où, peu importe ce qu’il se passait, c’était vraiment, vraiment dynamique. Ce fut gardé et puis c’est devenu, évidemment, ce besoin d’être cette espèce de dernièreétape, là où elle est vraiment dans la vie maintenant parce que c’est comme ça que cette scène est interprétée. Certaines choses ont trouvé leur place dans le film seulement après avoir été clarifiées, après avoir su quel événement était représenté. Quel est l’événement de cette scène-ci ? Et de celle-ci ? La scène la plus claire sur le papier fut celle qui devait se passer avec Maggie [Siff], avec ce personnage, parce que cela était tellement important pour toute l’histoire.

En fait, c’est ma prochaine question. Abby/Eleanor rencontre beaucoup de gens au travers du film, mais pour la plupart – bien que, pour moi,ils représentaient tous une sorte de thérapie – elle reste distante émotionnellement. Je ne veux pas dire qu’elle est froide. Elle est en réalité plutôt chaleureuse et généreuse, mais je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’Abby serait attirée par Sam (Maggie Siff). On a l’impression que les choses changent après sa rencontre avec Sam. Donc je voulais savoir, quel était le but de cette rencontre ? Est-ce qu’Abby/Eleanor a développé de vrais sentiments pour cette femme ?

Oui, oui et c’était très clair dans le scénario. Toutes les étapes étaient très très prédéterminées. Maggie joue le personnage de cette femme hétéro qui, je suppose,représente un grand danger pour une femme homosexuelle, parce qu’elle peut juste jouer sans aucunes conséquences. Donc Abby finit par se brûler un peu les ailes. C’est comme ça que j’en suis arrivée à me dire qu’elle n’avait même pas réalisé qu’elle avait besoin d’être prise en main, et voilà une femme qui est capable de la prendre en main, de façon un peu impérieuse. Dans cette scène où elle insiste sur les échanges de regards, Abby réalise soudainement qu’il y a un grand danger dans ce regard. Le grand danger en regardant cette femme dans les yeux, est qu’elle sait qu’elle va en quelque sorte s’y noyer. C’est comme passer à travers une porte et tomber dans un endroit vraiment pas ordinaire et vous vous rendez compte que vous avez vraiment des problèmes. C’est un peu ce genre de choses qui arrive entre ces deux-là : Abby est soudainement dans le pétrin et a une peine sincère et réelle. Il devait y avoir ça dans l’histoire pour qu’elle ait du poids. Il devait y avoir quelque chose avec de vraies conséquences émotionnelles. L’autre chose qui a de vraies conséquences émotionnelles pour elle est sa relation avec la femme plus âgée jouée par Laila Robins, une relation qui contenait beaucoup d’amour. Pour elle, lorsqu’elle commence à la critiquer sur sa vraie vie, quand elle commence à la connaître, c’en est trop. Trop. Donc il doit y avoir des limites de ce qui est suffisamment sûr et de ce qui est trop pour elle. Et puis lorsqu’elle franchit la limite, des mesures doivent être prises. Je pense que dans les différents scénarii qui existent, les mesures y sont. Il n’y a pas de sexe sans contrepartie dans la réalité. Cela se rapporte plus au sexe de substitution. Elle donne quelque chose d’elle-même à chaque fois. Elle tire sa joie du sentiment qu’elle donne des choses aux gens parce qu’elle n’est pas autorisée à ressentir ça avec sa femme. Une partie de sa satisfaction vient du fait qu’elle donne des choses à des gens qui en ont grand besoin. Des choses qui sont acquises entre deux partenaires au cours du temps, parce qu’arrivé à ce point l’on connait sa partenaire par cœur.

Robin, vous allez avoir tout un nouveau groupe de fans lesbiennes. J’espère que vous êtes prête.

Oh, ce serait fantastique ! Merveilleux !

Interview Originale sur le Site Afterellen.com

A propos de Lou Morin

Traductrice Anglais/Français

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