Un Artiste est forcément un Monstre.

Pour parler de tout et de rien.
Répondre
keneddy

Re: Un Artiste est forcément un Monstre.

Message par keneddy »

Deux réalisateurs , en particulier, ont été monstrueux avec leurs acteurs pour leur art : Kechiche et Clouzot .
Le second est peut-être d'ailleurs encore plus monstrueux puisqu'il a, comme dans son célèbre les diaboliques , maltraité à l'extrême ses comédiens, dont sa propre épouse, la fragile et soumise Vera
Image
https://www.youtube.com/watch?v=HzWaqr-U1Zk

Ici une illustration du sujet par un court métrage animé
le portrait oval
Image

Avatar du membre
Fantasmagorie
Messages : 1881
Enregistré le : ven. 16 janv. 2015 11:55
Localisation : Belgique

Re: Un Artiste est forcément un Monstre.

Message par Fantasmagorie »

Un artiste n'est pas forcément un monstre.

Mais lorsqu'il est, peut-on dissocier le monstre de l'artiste ? Peut-on en faire deux entités distinctes pour séparer les actes du monstre de l'œuvre de l'artiste ? Pouvait-on retirer les récompenses de Harvey Weinstein (preuve de la reconnaissance de son travail, de son œuvre voire du talent de ce dernier en tant qu'artiste) pour la raison de son ignominie ?

Harvey Weinstein, un monstre à Hollywood

Peut-on apprécier pleinement une oeuvre en se détachant totalement de son auteur ?

jepassevitefait écrivait "L'artiste , quel que soit son art , est le scribe de ses semblables .
Il chante joies et peines que chacun a ressenti un jour.
Il est le miroir de tous. "

"chacun a ressenti un jour" n'est-ce pas une forme d'identification ? Pourquoi crée-t-on des liens entre l'artiste et nous mêmes ? Pourquoi ne nous limitons-nous pas à l'oeuvre ? D'où vient cette connexion ? ("Il est le miroir de tous" !) Le danger survient lorsqu'on commence à idéaliser l'artiste. J'avais déjà parlé du piédestal par ici. Parfois le talent d'un artiste force tellement le respect que l'associer au monstre est difficile. Il n'est pas toujours un monstre, mais lorsqu'on découvre qu'il l'est, l'image que l'on porte sur l'oeuvre change t-il ? Devrait-il changer ? Peut-on continuer à apprécier l'oeuvre pleinement après cela ?

Impossible pour moi d'apprécier pleinement une œuvre sans en attribuer, sans en reconnaître les mérites à l'artiste. Surtout lorsqu'on se laisse facilement emporter dans les "c'est du génie, c'est une légende, ...". Dissocier l'oeuvre de l’artiste, c'est comme lire un livre sans en connaître l'auteur. L'auteur n'est pas inconnu, il existe mais on ouvre, par nonchalance, par désinvolture, par manque d'intérêt et donc non reconnaissance du travail de cette personne, le livre sans prendre la peine de retenir ou au moins lire le nom de l'auteur en première de couverture.

D'un autre côté, on peut très bien voir une oeuvre sans en connaitre la part d'ombre qui entoure l'artiste. En regardant une simple série, on arrive à apprécier des acteurs, ce qu'ils offrent. Dans ce cadre là qu'est-ce qui arrive lorsqu'on prend connaissance de ce côté sombre ? Je pense à un Kevin Spacey notamment, qui lui a suivi Weinstein dans sa chute. Qu'est-ce qui arrive, lorsqu'on est attaché à l'artiste, quel que soit son art, acteur, producteur, réalisateur, écrivain, dessinateur, sculpteur, architecte, musicien etc. et qu'on découvre que c'est un monstre ?
RIDE

"At the end of the day who I love shouldn't be an issue for you or any one else" Stefanie.

ImageImageImageImage

Avatar du membre
apache
Messages : 276
Enregistré le : lun. 21 août 2017 21:05

Re: Un Artiste est forcément un Monstre.

Message par apache »

Tes questions sont intéressantes et ouvertes sur le ressenti du public de l'artiste, je pense qu'elles n'ont pas de réponses définitives puisqu'elles seront aussi nombreuses et différentes que l'est le nombre de personnes qui compose ce public, dans toute sa versatilité, son émotion et sa subjectivité. L'oeuvre à partir du moment où elle est mise en lumière se transforme, elle devient un objet, elle n'est plus le sujet, j'imagine que pour l'artiste c'est pareil, et j'imagine que seul l'inconnu garde sa place de sujet parce qu'il y a une part d'insaisissable qui reste, qui le protège de la vue de tous et qui protège son oeuvre. J'aimerais ajouter qu'il y a beaucoup d'hypocrisie autour de cette notion de monstruosité, comme si dans nos lignées, jamais un seul monstre dont nous sommes issus n'aurait existé.

Avatar du membre
Fantasmagorie
Messages : 1881
Enregistré le : ven. 16 janv. 2015 11:55
Localisation : Belgique

Re: Un Artiste est forcément un Monstre.

Message par Fantasmagorie »

Doit-on oublier le génie de Michael Jackson parce qu'il s'est comporté comme un monstre?
Carl Wilson, Doit-on oublier le génie de Michael Jackson parce qu'il s'est comporté comme un monstre, 6 mars 2019. Slate

[Michael Jackson ne disparaîtra pas. Ce qui signifie que nous continuerons à nous demander quoi penser de lui et comment gérer nos instincts moraux. Comment concilier mentalement le fait que Jackson aurait fait des choses répréhensibles à de petits enfants mais qu’il a aussi largement répandu la joie et changé la face de la pop mondiale? Aucune de ces deux choses ne modifie l’autre. Tout désir de minimiser les crimes qu’il est soupçonné avoir commis a été extirpé de moi. Mais, tout comme qualifier des gens de génies déforme la réalité –façon de légitimer tout ce qui les touche de près ou de loin–, nous devrions hésiter avant de les qualifier de monstres. Parce que c’est succomber au fantasme inverse: réduire une personne qui a commis des actes méprisables au véhicule de ces actes, à un être consumé par la malveillance, corrompu et inauthentique dans tous les autres domaines. Cette déshumanisation nous protège de la crainte d’avoir quoi que ce soit en commun avec ces gens, ou de faire l’effort de les comprendre.]

Carl Wilson, Doit-on oublier le génie de Michael Jackson parce qu'il s'est comporté comme un monstre, 6 mars 2019. Slate

[Il est vital que quelqu’un comme R. Kelly, encore une fois, soit accusé et, espérons-le, poursuivi pour les années d’agressions supposément commises contre des jeunes femmes. Mais cela ne remédie en rien à ce qui a permis à Kelly de le faire pendant si longtemps. La compulsion culturelle qui pousse à donner à des artistes et à des célébrités des statuts de dieux et de héros, puis à défendre désespérément ces illusions, n’est pas soignée lorsqu’une ou plusieurs de ces stars sont enfin éjectées du panthéon.]
Même si je trouve l'article orienté, il n'en reste pas moins intéressant, soulevant des questions que je me pose moi-même. C'est un sujet que je trouve très intéressant et je me demande s'il y a des réponses. Comme dit apache, il n'y a pas de réponses définitives et ayant lu très attentivement l'article, j'imagine que cela va aux limites de chacun...

Par contre, son introduction sur Charles Dickens... Je passe les John Lennon et Elvis Presley... je me dis qu'est-ce qu'on attend d'un artiste au final ? Qu'il soit parfait ? Qu'il soit un exemple pour nous, pour être parfaitement à notre image ? (ironie). Dickens avait-il des comptes a rendre à quelqu'un ? Est-ce qu'il avait demandé qu'on lui porte cette attention ? Et est-ce qu'un artiste demande cela ? C'est plutôt nous qui sommes responsables. Responsables de notre projection sur ce qu'il laisse dans la nature. Sont-ils des modèles ? Artiste veut-il dire modèle ?

Ensuite vient encore le plus important. Qu'est-ce qu'un monstre ? Là encore, question subjective. D'accord Dickens a voulu mettre sa femme dans un asile alors qu'elle n'était pas folle, c'est horrible, mais j'ai envie de dire et alors ? Pas parce que c'est lui mais il y a le contexte de l'époque. Ce qu'on ne faisait pas à cette période ! En tout cas moi ça ne me choque pas... Cette part d'ombre vient avec l'homme et il faudra faire avec ou le boycotter et brûler dès maintenant ses livres de sa bibliothèque... Je me dis qu'à un moment on devra brûler toutes les bibliothèques nationales, publiques, et jeter la culture ou toute culture à la poubelle car jamais ça ne viendra d'un être totalement pur et innocent... Ou juste d'un artiste sans aucune part d'ombre l'entourant (mes écrivains préférés sont sains et saufs, ouf!).

Par contre, le viol, la pédophilie, tout cela on peut qualifier d'actes monstrueux. Et encore pour moi c'est un euphémisme vu à quel point ces actes détruisent une personne. Un meurtre aussi peut être un acte monstrueux... La subjectivité entrera en jeu pour le reste, je donne des exemples de l'article qui parle de racisme, d’antisémitisme, d'homophobie.

L'article laisse d'autres pistes intéressantes sur le sujet. Notamment What Do We Do with the Art of Monstrous Men ===>

(Ce paragraphe c'est vraiment moi maintenant, lorsque je vais m'éclater sur Off the Wall.)
"They did or said something awful, and made something great. The awful thing disrupts the great work; we can’t watch or listen to or read the great work without remembering the awful thing. Flooded with knowledge of the maker’s monstrousness, we turn away, overcome by disgust. Or … we don’t. We continue watching, separating or trying to separate the artist from the art. Either way: disruption. They are monster geniuses, and I don’t know what to do about them."

Ils ont fait ou dit quelque chose d'horrible mais ont créé quelque chose de génial. Ce qui est horrible fait de l'ombre au travail génial ; nous ne pouvons pas regarder ou écouter le travail génial sans nous rappeler de la chose horrible. Conscients de la monstruosité du créateur, nous faisons marche arrière, rempli de dégoût. Ou pas. Nous continuons à regarder, séparant ou essayant de séparer l'artiste de l'art. Dans tous les cas : échec. Ce sont des monstres géniaux et je ne sais que faire à propos d'eux.
Je n'ai pas encore lu cet article mais rien que ce deuxième paragraphe (qui soulève mes questionnements de l'autre post) je le trouve déjà passionnant, ça devrait être un article enrichissant.

Je me demande à un moment si au lieu de mettre en avant la monstruosité de l'artiste, il ne faudrait pas plutôt parler de son hypocrisie ? Voir si son oeuvre n'est pas en contradiction avec sa vie. Prôner quelque chose et faire tout son contraire.

Je laisse ça là et j'y reviendrai.
RIDE

"At the end of the day who I love shouldn't be an issue for you or any one else" Stefanie.

ImageImageImageImage

Avatar du membre
Fantasmagorie
Messages : 1881
Enregistré le : ven. 16 janv. 2015 11:55
Localisation : Belgique

Re: Un Artiste est forcément un Monstre.

Message par Fantasmagorie »

Peut-on encore écouter Michael Jackson?

A croire qu'ils ont lu ce sujet du forum... ça n'arrête pas. Encore un article qui reflète parfaitement bien mes questionnements. Et le podcast est Ô combien intéressant. Quatorze minutes qui en valaient la peine.

Sinon, du côté du texte il y a ceci :
Mathieu Bock-Côté, Peut-on encore écouter Michael Jackson?, 6 mars 2019. Journal de Montréal [On connaît le cas classique de Louis-Ferdinand Céline, écrivain d’exception, auteur de Voyage au bout de la nuit, mais aussi antisémite forcené, qui a publié quelques pamphlets orduriers, relevant de l’appel au meurtre. Peut-on encore aujourd’hui apprécier sa prose, tout en sachant que l’homme était dévoré par sa part diabolique ? Comment nier son génie ? Comment nier qu’il s’est aussi noyé dans la fange ?

Cette question se pose aussi pour les intellectuels. Martin Heidegger est l’un des plus grands philosophes du XXe siècle. Certains soutiennent même qu’il fut le plus grand. Il s’avère qu’il a aussi soutenu le IIIe Reich et qu’il était dévoré par un puissant antisémitisme. Peut-on encore le lire aujourd’hui, et s’en réclamer, en sachant que son œuvre porte en elle cette part immonde, à laquelle on ne saurait pourtant la réduire ?

Pensons aussi à Jean-Paul Sartre, l’un des philosophes les plus célèbres du XXe siècle, qui a soutenu le communisme totalitaire, alors qu’on le savait coupable de la mort de millions d’hommes et de femmes. Singulier paradoxe : Sartre se voulait un philosophe de la liberté et s’est mis intellectuellement au service d’une idéologie enfermant les hommes dans un univers concentrationnaire en prétendant les émanciper. Sartre demeure un écrivain immense.]
RIDE

"At the end of the day who I love shouldn't be an issue for you or any one else" Stefanie.

ImageImageImageImage

Avatar du membre
Fantasmagorie
Messages : 1881
Enregistré le : ven. 16 janv. 2015 11:55
Localisation : Belgique

Re: Un Artiste est forcément un Monstre.

Message par Fantasmagorie »

J'allais poster côté "à quoi penses-tu tout de suite" mais comme ça concerne ce sujet, autant en parler directement ici. Rien a changé depuis mes dernières interrogations.

Aujourd'hui nous vivons de plus en plus dans un monde où on a besoin de validation. Validation sur tout. Ce qu'on aime, ce en quoi on croit, ce qu'on pense, ce qu'on aime pas, ce qui est bien de penser, ce qui n'est pas bien de penser.

La dernière chose qui me fait penser ceci c'est le cas JK Rowling. J'ai toujours lu de manière assez éloigné ses histoires, je savais qu'il y avait quelque chose avec les transgenres. Quand j'ai finalement lu de quoi il s’agissait (parce que je voulais savoir qu'est-ce que les gens avaient tellement contre elle et ce qu'elle avait fait) un jour j'ai finalement cliqué sur les liens et lu moi-même ses propos. Je ne vais pas entrer dans les détails parce que je ne connais pas trop le contexte (ni pourquoi elle est à fond sur le sujet. Elle semble obsédée par le sujet et en même temps les gens lui donnent de la matière alors qu'ils pourraient simplement l'ignorer). Quoi qu'il en soi, avant que je ne sache ce qu'elle avait bien pu faire, j'avais vu quelqu'un parler d'Harry Potter... Je me demande quand même qu'est-ce que Harry Potter a avoir avec ce que JK Rowling pense des transgenres. Il n'y a pas de lien. Je ne suis pas fan d'Harry Potter mais on ne va pas remettre une oeuvre en cause à chaque fois qu'on estime que son auteur déraille.

C'est là que vient cette culture de l'annulation ("cancel culture" je ne savais pas que ça avait même un nom. Je connaissais bien la signification du terme en anglais "being cancelled" pourtant).

Dénoncer des gens c'est bien, je peux comprendre le fait de ne pas avoir envie de participer à quelque chose dont on est contre. Je ne comprends pas par contre le fait de vouloir dire aux autres quoi faire. Et puis est-ce qu'on doit faire une investigation sur chaque personne qu'on regarde, écoute, lit, etc. Et puis une fois que c'est fait "ah d'accord, il répond à mes standards, je peux l'aimer maintenant". C'est vrai que nous sommes des saints nous. Il faut absolument qu'ils soient parfaits comme nous. Je me posais déjà la question avant. Pourquoi nous les idéalisons ? Il est peut-être là le problème. Le fait d'attendre que chaque artiste qu'on aime, admire soit un saint.

Et surtout qu'est-ce qu'on fait quand leur vie personnelle ne nous intéresse pas ? Comment on va savoir s'il faut les annuler ou pas ?
RIDE

"At the end of the day who I love shouldn't be an issue for you or any one else" Stefanie.

ImageImageImageImage

Avatar du membre
Mira2012
Messages : 2007
Enregistré le : dim. 4 nov. 2012 19:42
Localisation : Paris

Re: Un Artiste est forcément un Monstre.

Message par Mira2012 »

Probablement que nous voyons tous et toutes midi à notre porte. Personne n'est parfait, mais si les dires ou comportements d'un(e) artiste prouvent qu'ils vont carrément à l'encontre de mes valeurs profondes, ça coince chez moi, et cela me coupe toute envie de suivre leurs travaux. Tout comme dans la vie, je ne vais pas vouloir socialiser avec des gens qui heurtent mes convictions. Il y a d'autres comportements que je ne vais pas relever, car je les trouve "moins graves"... Mais c'est totalement subjectif...

Avatar du membre
Fantasmagorie
Messages : 1881
Enregistré le : ven. 16 janv. 2015 11:55
Localisation : Belgique

Re: Un Artiste est forcément un Monstre.

Message par Fantasmagorie »

Oui totalement d'accord avec toi sur le côté subjectif. Ce qui me dérange c'est plus la culture, pousser les autres à faire comme nous. Pas forcement le fond sur lequel je suis d'accord avec ces gens (les plus honnêtes d'entre eux, parce qu'avec toutes ces personnes qui dénoncent le racisme, l'homophobie, la transphobie, on croirait presque qu'ils ne le sont pas eux-mêmes... J'ai envie de dire, tant mieux pour l'humanité si ce n'est pas le cas).

Je pense que ce qui me dérange le plus c'est la visibilité qu'on donne à ces personnes (les JKR), à leurs propos, alors qu'on pourrait tout simplement les ignorer. Je commence même à penser que les gens qui diffusent certaines bêtises en général sont même plus problématiques que ceux qui en sont à l'origine. Et je parle des cas les moins graves ici en ce qui concerne cette culture. Ce que pense JKR des transgenres j'ai envie de dire on s'en fiche, on lui fait juste de la publicité et d'ailleurs maintenant elle met en garde contre cette culture qui l'empêche de donner son "opinion"... Voilà ce à quoi on va arriver. Ce seront les "oppresseurs" qui se sentiront oppressés dorénavant. Les hommes maintenant au travail disent "on ne peut plus rien dire à nos collègues femmes sans être taxé de sexiste", "on ne peut plus draguer sans..." . La culture de "l'annulation" engendre la culture du "on ne peut plus rien... sans...". Il existe des problèmes dans nos sociétés et ils seront bientôt minimisés (non ils le sont déjà) car on en parle trop!! "j'en peux plus d'entendre parler du racisme", "j'en peux plus des LGBT" , "j'en peux peux des femmes et de leur me too" etc.

Je comprends et je suis d'accord sur le fond de dire que si la personne fait ou dit des choses à l'encontre de nos valeurs, on aurait pas envie de suivre ses œuvres, et pour moins que ça moi je n'aurais pas envie non plus, mais ça dépendra quel image j'ai de cet artiste, est-ce que je "le connais" (d'où le "faut-il faire des recherches sur la personne?", j'aime bien Robert Cormier comme auteur par exemple mais à part les romans qu'il a écrit, je ne connais rien sur ce type... Il pourrait être homophobe, je ne sais pas... ) et sur quel sujet ils sont "problématiques".

Je me souviens d'un professeur italien qui disait aux garçons de ma classe qui supportaient les clubs espagnols de football (il s'adressait aux noirs et aux arabes) que les espagnols ne les aimaient pas, qu'ils étaient racistes et qu'il ne comprenait pas pourquoi les élèves étaient aussi fous de ces clubs, et achetaient les maillots, les billets... C'est à peu près l'idée avec les artistes. Pour moi la question c'est pourquoi on en arrive là... Pourquoi le simple fait que l'artiste soit talentueux fait qu'on passe outre cela. ça dépend de ce que chacun peut supporter (les fameuses "problématiques") ou ignorer parce que malgré tout ça ne le touche pas. ça dépend même de sa propre vision de la problématique. Tout ça pour dire je peux ne pas partager les mêmes valeurs que ces artistes sur certains points. Je crois que si malgré tout on continue à suivre l'oeuvre (comme l'histoire de la classe avec le football) c'est parce qu'elle nous inspire. C'est comme ne pas mettre de côté l'enfant d'un monstre.


Sinon...
Fantasmagorie a écrit :
sam. 9 mars 2019 01:41
Journal de Montréal [On connaît le cas classique de Louis-Ferdinand Céline, écrivain d’exception, auteur de Voyage au bout de la nuit, mais aussi antisémite forcené, qui a publié quelques pamphlets orduriers, relevant de l’appel au meurtre. Peut-on encore aujourd’hui apprécier sa prose, tout en sachant que l’homme était dévoré par sa part diabolique ? Comment nier son génie ? Comment nier qu’il s’est aussi noyé dans la fange ?

Cette question se pose aussi pour les intellectuels. Martin Heidegger est l’un des plus grands philosophes du XXe siècle. Certains soutiennent même qu’il fut le plus grand. Il s’avère qu’il a aussi soutenu le IIIe Reich et qu’il était dévoré par un puissant antisémitisme. Peut-on encore le lire aujourd’hui, et s’en réclamer, en sachant que son œuvre porte en elle cette part immonde, à laquelle on ne saurait pourtant la réduire ?

Pensons aussi à Jean-Paul Sartre, l’un des philosophes les plus célèbres du XXe siècle, qui a soutenu le communisme totalitaire, alors qu’on le savait coupable de la mort de millions d’hommes et de femmes. Singulier paradoxe : Sartre se voulait un philosophe de la liberté et s’est mis intellectuellement au service d’une idéologie enfermant les hommes dans un univers concentrationnaire en prétendant les émanciper. Sartre demeure un écrivain immense.]

C'est très moralisateur tout ça. Ce n'est même pas que je suis contre le fond, oui être antisémite ce n'est pas bien, soutenir le 3è........ aussi. Mais c'est historique, ça fait partie de l'histoire. On ne peut pas éradiquer l'histoire parce qu'on n'est pas d'accord avec ce qui s'est passé. On peut seulement prendre ses responsabilités et retenir des erreurs du passé.

Les mêmes personnes qui écrivent ce que j'ai souligné seront les mêmes qui seront contre le fait d'enlever les statues des grands belligérants ou colonisateurs européens.
RIDE

"At the end of the day who I love shouldn't be an issue for you or any one else" Stefanie.

ImageImageImageImage

Avatar du membre
Mira2012
Messages : 2007
Enregistré le : dim. 4 nov. 2012 19:42
Localisation : Paris

Re: Un Artiste est forcément un Monstre.

Message par Mira2012 »

Je crois au contraire qu'il faut continuer de dénoncer haut et fort les propos et comportements abjects. Artistes ou pas, célèbres ou pas... Il y a une grosse différence entre laisser un artiste "problématique" réaliser ses oeuvres, et le porter carrément aux nues, lui donner des avantages, des gros budgets (voir Polanski... ). Les "élites" se serrent les coudes, peu importe les agissements. Symboliquement, socialement, cela envoie un message clair aux opprimés: on en a rien à faire de vous.

Le cas JKR a été peut-être trop loin, mais le fait est qu'à cause de ses jugements à l'emporte pièce, elle a fait du mal à une partie de son lectorat - qui s'est senti trahi et rejeté. Les fans d'Harry Potter qui sont trans ne s'en fichent pas du tout de ce qu'elle pense d'eux...

L'argument du "on ne peut plus rien dire" vient surtout des gens qui refusent de changer quoi que ce soit, car cela les arrange.
Et bizarrement... Ce sont eux que l'on entend le plus ! En ce moment c'est d'ailleurs la fête du slip. J'ai rarement vu une telle poussée de conservatisme, de sexisme, d'homophobie, de racisme, de négation pure de la souffrance d'autrui.

Avatar du membre
Fantasmagorie
Messages : 1881
Enregistré le : ven. 16 janv. 2015 11:55
Localisation : Belgique

Re: Un Artiste est forcément un Monstre.

Message par Fantasmagorie »

L'argument du "on ne peut plus rien dire" vient surtout des gens qui refusent de changer quoi que ce soit, car cela les arrange.
Le problème c'est qu'on leur donne de plus en plus raison ! Ou ils se donnent de plus en plus raison entre eux... à choisir...

On exagère tellement sur des choses qui ne sont pas graves que lorsque quelque chose de vraiment sérieux arrive on entend dire "il ne faut pas voir le mal partout". C'est un peu comme crier au loup pour moi, ça arrange ceux qui refusent de changer qu'un petit troupeau crie au loup alors qu'il n'y a rien et lorsque quelque chose de grave arrive, ils ont la légitimité de dire "on ne peut plus rien dire" et ça va passer.

Cette culture de l'annulation c'est souvent sur des bêtises, à ne pas confondre avec les mouvements contre le racisme ou le me too, des choses assez graves qui n'ont pas nécessité que des tweets sur internet et un appel à l’annulation pour changer les choses (le premier du moins), il y a eu des manifestations, des pétitions, des donations, beaucoup d'action pour changer les choses. Quand quelque chose de grave arrive réellement, on ne se contente pas de dire "ah il faut l'annuler". Quelque chose de grave implique un changement de loi, un changement profond d'un tout un système.

La culture de l'annulation c'est souvent sur quelque chose que quelqu'un a dit ou fait et sur lequel on n'est pas d'accord, c'est souvent ridicule et rien d'important, il suffit juste de passer à côté.

Je suis d'accord pour Polanski mais ce n'est pas l'élite qui va voir ses films, c'est la populace. Pas parce qu'on lui a menti en lui présentant un gentil, ils connaissent la vérité mais ils s'en fichent et dans d'autres cas ils ne connaissent pas le réalisateur parce qu'encore une fois, ils n'ont pas fait de recherches car ils s'en fichent quelque part aussi. Si l'élite pensait que personne n'irait voir un film, ils ne le feraient pas et ne le financeraient pas parce que ça ne rapporterait rien.

Pour ce qui est de JKR, pas tous les fans transgenres. Tout le monde ne réagit pas aux choses de la même façon, il y en a bien qui s'en fichent de ce que elle, ou quelqu'un d'autre peut bien dire. Il y a beaucoup de choses ridicules qui sont dites et qui ne méritent pas vraiment l'attention. Même chose sur l'homosexualité, elle ferait les mêmes tweets ça me passerait par dessus la tête.
RIDE

"At the end of the day who I love shouldn't be an issue for you or any one else" Stefanie.

ImageImageImageImage

Répondre