Bon alors je me lance, pas trop sûr du résultat mais bon
D'abord pour moi c'est une histoire d'amour, une histoire d'amour entre ado mais dans une société où les filles se marient très tôt, comme Shirin mais on peut se marier plus tôt.
Ensuite juste pour mon avis, j'ai été troublée par le début, par les scènes de caméra de surveillance, ne sachant trop si c'était vrai ou pas.... Stratagème qu'on comprend ensuite parce qu'on se sait pas trop bien, en tout cas moi j'ai refusé d'y croire, si Mehram surveille vraiment toute la maison...Y croire c'est à la limite de l'acceptable, pourtant c'est vrai, c'est horrible. J'ai trouvé le début un peu ennuyant, le temps que les choses se mettent en route, que tout soit en place ; l'attirance des deux filles, le glissement de Mehram, les parents, les amis, leurs soirées dissolues et leurs engagements, pour certains, politiques via la mise à disposition pour tous de films censurés.
Et puis ensuite je me suis laissée captée, emprisonnée par l'histoire, par les choix stylistiques.
le fantasme de leur vie à Dubaï m'a un peu choquée, mais c'est c'est assez fort, car c'est un fantasme et il montre que les deux amantes aspirent à une relation complètement libérée de toutes entrave.
Une chose qu'il me semble que certaines d'entre vous ont oublié c'est le pouvoir de la peur. La peur est un puissant maître qui peut conduire à se renier pour se protéger soi-même mais aussi les autres.
Ainsi le père, qui a participé à la révolution islamique (oui oui, Athi lui reproche avec sa révolution d'avoir laissé un monde invivable que eux les jeunes doivent supporter...Islamiste peut-être pas mais contre le Shah oui), se remet au prières quand il comprend l'implication de son fils dans la police des bonnes moeurs, quand il voit, chez lui ce haut responsable de la police, chez lui...Son fils devient une menace, une épée de Damoclès, à partir de ce jour il va mentir parce qu'il a peur, pour lui, pour sa famille. Se faire arrêter n'est pas anodin surtout par la toute puissance police des bonnes moeurs complètement incontrôlable.
D'ailleurs où sont les parents de Shirin ? Morts.
Et comment se passe la garde à vue des deux jeunes filles ? Atroce.
On est fiché en Iran pour une mèche de cheveux qui vole trop haut, un manteau ou une chemise trop courte sans qu'on sache quelle est la bonne longueur.
Toute l'équipe du film est interdite à vie sur le territoire iranien (et la jeune française qui joue Shirin y allait jusque là, tout les ans...Même l'équipe du film à fait des choix ; un petit film : un exil), comme les chanteuses pop, les réalisateurs un peu trop libres de pensée.
Bref donc voilà pour le père plus lucide que la mère qui se voile la face.
Shirin...Ah Shirin. Vu déjà son bagage familial. Le mariage est construit sur un chantage, c'est un mariage forcé. Comment dire non ?..de plus il y a Athi. Elle se fait douce avec Mehram après qu'il l'ai violée par jalousie et désespoir ? Euh, oui c'est horrible, mais imaginez quelle peut être sa peur quand elle découvre qu'il sait, qu'il a vu, qu'il a regardé peut-être ?
Si on ne peut quantifier l'amour entre les deux jeunes filles je crois cependant que Athi est plus réservée, Shirin plus sensuelle. J'ai bien aimé aussi le fait que leur glissement vers une relation sensuelle se fasse sans heurts (sauf avant d'être sûre que c'est partagé de la part de Shirin, qui pleure), qu'elle soit naturelle comme c'est souvent le cas en fin de compte.
Pour Mehram je ne suis pas sûre qu'il ai eu droit au lavage de cerveau lors de sa cure...Il va à la Mosquée au début parce que c'est un lieu où il se sent bien, où il peut réfléchir.
Il fait une mauvaise rencontre au moment propice. Il voulait en rentrant couper les ponts avec ses anciennes relations qui l'ont mené au gouffre. Mehram tombe dans le police des moeurs comme il est tombé dans le crack. Là, il est considéré, et peut laisser libre court à ses démons, à sa paranoia...Parce que pour mettre sa famille sous surveillance vidéo il faut être parano. La religion n'est qu'un moyen pas un but.
Il est froid, déterminé, sans remord...La scène où il trahit ses amis et frappe son ex-copain est glaçante...Et si j'ai bien compris c'est lui qui a dénoncé les adeptes du doublage de films subversifs...par vengeance ou pour Shirin, pour les deux ? C'est un calculateur.
J'ai bien aimé le film, trouvé les acteurs très convainquants, la réalisation m'a plue et j'avoue en avoir pris plein la tête...
J'ai aimé la sensualité troublante et pourtant si pudique (sauf la scène de fantasme...mais moi et les fantasmes), cela m'a mis un peu de baume au coeur...Non pas du tout c'était encore pire du coup !!
ps : un petit article sur l'Iran et la perte des valeurs...Je trouve que cela donne un éclairage assez intéressant au film.
http://www.monde-diplomatique.fr/2012/07/AHMADI/48094