[Film] Carol

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Griottesurlegateau

[Film] Carol

Message par Griottesurlegateau »

C'est marrant Fantasmagorie, que tu repostes sur ce film.
Je suis de nouveau dans son ambiance depuis qques semaines et l'ai révisionné.

Et je viens de déterminer comment répondre à cette interrogation qui trotte dans ma tête depuis le premier visionnage : que deviennent ces deux personnages ensuite ? Qu'imaginer de leur vie, après ces retrouvailles, dans le New-York des années 50, dans la continuité de cette sensibilité que Rooney Mara et Cate Blanchett leur ont insufflée, dans ce projet d'une vie commune ?

Pour explorer cette interrogation, le biais de la BD se dessine (c'est le cas de le dire). Je vois exactement sur quelle ambiance de couleurs elle reposerait.

Ce film est, en plus, à l'origine de recherches sur les photographes de rue de cette époque et sur le jazz...tout un univers, vraiment.

Avez-vous déjà projeté ces deux personnages dans le futur ?

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Fantasmagorie
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Re: [Film] Carol

Message par Fantasmagorie »

C'est un peu comme ce que l'on disait avant. Le film se termine au moment où ça aurait du commencer. On a envie de connaitre la suite de leur histoire, parce que c'est à la fin qu'elle va véritablement commencer vu que les choses sont claires entre Therese et Carol. Il n'y a plus de secrets.

J'ai tendance à accrocher aux histoires déjà construites. A l'habituelle question "se mettront-elles ensemble, ne se mettront-elles pas ensemble" je préfère voir un couple qui existe déjà et dont je vais suivre la vie, le futur.

En fait, on dirait qu'on ne sait pas trop quoi raconter sur ce futur. Si un couple de femmes est déjà ensemble, que raconter de plus ?

On dirait que les déboires que rencontrent ces personnes avant de se mettre ensemble sont plus intéressants, où qu'il y a plus à dire, plus d'idées à ce propos... mais quelles idées ? A partir du moment où cela devient répétitif ? Cela me rappelle le titre d'un sujet sur ce forum "Pourquoi des femmes quittent les hommes pour d'autres femmes". Cela semble vraiment être le schéma narratif que tout le monde a choisi de suivre. Par manque d'imaginations ou par souci de représenter la réalité ? Rien que celle-là, encore et encore...

Du coup on rate un peu quelque chose... la suite. On se demande, mais après, que leur arrive-t-il ? Sûrement qu'il n'y a plus rien à raconter...
RIDE

"At the end of the day who I love shouldn't be an issue for you or any one else" Stefanie.

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Fantasmagorie
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Re: [Film] Carol

Message par Fantasmagorie »

Carol parody - Independent Spirit Awards

Une parodie de la scène du restaurant. Au cas où vous ne la reconnaissez pas, la personne qui joue Carol n'est autre que Kate Mckinnon. Son sujet existe sur le site, j'ai donc hésité sur l'endroit où poster cette vidéo, mais ici, ça me semble très approprié.

Kate, en Carol essaye de séduire Therese au restaurant, mais ses efforts sont sans cesse perturbés par le serveur qui ne comprend pas qu'il doit lui laisser un peu d'espace...

En effet, c'est très dur à comprendre pour lui que "Carol" est en train de draguer Therese, une autre femme... il a tellement du mal à l'envisager que même lorsque Carol fait des grands signes vers le personne qu'elle essaye de séduire, il comprend, on ne sait trop comment qu'il s'agit de lui dont elle parle. Elle lui dit de se réveiller car il est serveur dans un restaurant gay...qui s'appelle "lezzie"... et de regarder autour de lui, car il n'y a que des lesbiennes autour... Ah oui il y a de l'autre côté un couple formé par Wanda Sykes et Jane Lynch, ce qui est un formidable clin d’œil :lol: .

Tout cela sous les rires de Cate Blanchett, Todd Haynes et Rooney Mara qui s'amusent de la vidéo et de l'humour de Kate McKinnon. En effet c'est excellent ! :)
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Griottesurlegateau

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Message par Griottesurlegateau »

Je trouve que, le parti pris par Todd Haynes de rapprocher les deux personnages en fin de film, ose une porte sur l'avenir.

Quelle femme va devenir Carol dans cette émancipation qui semble dessiner ses contours : un job, un salaire, un appartement ?
Va-t-elle se départir de cette sophistication qui lui colle au corps comme une seconde peau ?
Qu'est-ce que cette nouvelle vie va modifier en elle ?

Comment Carol et Thérèse vont-elles conjuguer leur quotidien ? Quels projets vont être les leurs ?

Comment Thérèse, qui travaille au NY Times, va-t-elle vivre les évènements à venir ?
Je pense, plus loin dans le temps, à Stonewall par exemple.
Quel va être son sujet photographique de prédilection, au delà de Carol ?

En explorant cette période aux USA, j'ai rencontré ces deux femmes, deux figures américaines de la cause lesbienne et féministe : Phyllis Ann Lyon et Dorothy Louise Taliaferro « Del » Martin, formées toutes eux au journalisme.
Elles s'installent en couple justement, début 1953, dans la rue Castro à San Francisco.
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Elles se marient en 2008.
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Elles créent la revue The Ladder (L'Echelle)...
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entre autres...

A partir de recherches autour de l'Oak Room au Plaza Hotel, il semblerait que ce lieu aisé de rencontre (tels le Metropolitan Opera, le Sutton Theater, le bar de l'Astor Hotel) ait été protégé des descentes de police.
Il semblerait que les femmes se rencontraient au Howdy Club.
Je ne sais pas pourquoi Todd Haynes a choisi l'Oak Room du coup.

Griottesurlegateau

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Message par Griottesurlegateau »

Des emprunts à Edward Hopper (peintre)
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(Cliquer sur l'image pour les avoir en grand).

You will understand this one day. And when it happens, I want you to imagine me there to greet you, our lives stretched out ahead of us, a perpetual sunrise.
« Tu comprendras un jour. Et quand cela arrivera, je veux que tu imagines que je serai là pour t’accueillir, nos vies déployées devant nous, tel un éternel soleil levant. »
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Je crois que c'est cette subtile ouverture vers l'avenir qui m'a le plus profondément marquée. Cette victoire de la liberté sur le conformiste étriqué.

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Atta
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Re: [Film] Carol

Message par Atta »

Je viens de voir ce film pour la première fois . Je vais répéter sûrement ce qui a été dit mais bon... ;)
J'ai adoré les jeux de lumières/reflets/regards dans le film. On sent de la profondeur, du relief dans les personnages et c'est ce qui est plaisant.
Ceci dit, on fleurte parfois avec l'ennui ou du moins avec des longueurs pas toujours nécessaire.
Mais l'univers créé autour de ce film m'a particulièrement touchée.
Exception faites pour la scène où elles font l'amour, je l'ai trouvé assez froide et étrange? Y ' à que moi qui ait ressenti ça?

Mais c'est un détail, il y a quand même beaucoup de positif. L'une d'entre vous a mentionné vivian maier dans l'idée graphique du film et j'avoue que je retrouve ça aussi et comme je l'adore, je ne suis plus très objective.
bref merci d'avoir remonté le topic :D
“My silences had not protected me. Your silence will not protect you.” Audre Lorde
"Disrespect invites disrespect. Violence incites violence. When the powerful use their position to bully others, we all lose." Meryl Streep

Griottesurlegateau

[Film] Carol

Message par Griottesurlegateau »

Merci Atta pour ce retour ;) .
Atta a écrit :Ceci dit, on fleurte parfois avec l'ennui ou du moins avec des longueurs pas toujours nécessaire.
Quels passages te sont appparus longs et pas toujours nécessaires ?

J'ai pu ressentir, à certains premiers visionnages, ce même sentiment. Tout est très lent, silencieux. Tout est décryptage de symboles, qui prennent du temps à être approfondis.
A force d'explorer la construction de ce film, on se rend compte que rien n'a été laissé au hasard, que des directions artistiques multiples sont offertes au spectateur.
Les emprunts visuels prégnants et récurrents à d'autres artistes, remaniés dans le contexte de l'histoire, ouvrent sur d'autres univers photographiques, cinématographiques, picturaux. C'est assez génial.

Je découvre par exemple de nombreuses références scénographiques au film Lovers et Lollipops de Ruth Orkin et de Morris Engel.
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Larry qui fait la lecture à Peggy proche d'Harge tenant Rindy sur ses genoux en train de dessiner,
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Ou Ann et Peggy se démaquillant et Carol coiffant les cheveux de Rindy,
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Les dessins d'enfants...
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Dans un autre films de Morris Engel "Le petit fugitif".
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Un livre sur Ruth Orkin et Morris Engel
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Atta a écrit :Exception faites pour la scène où elles font l'amour, je l'ai trouvé assez froide et étrange? Y ' à que moi qui ait ressenti ça?
Non. J'ai ressenti la même chose. Le mot "froide" est bien choisi.

Pas que la scène ne s'incorpore pas dans le fil narratif du film. Au contraire. Elle donne à voir presque brusquement, ce qui est sous-tendu tout au long des scènes précédentes. Mais je crois que je ne l'aurais pas tourné de cette façon.
Les jeux de lumière dans les ocres et sombres sont assez réussis pour faire ressortir l'intimité de la scène.
Non. C'est le jeu des actrices et surtout celui de Cate Blanchett qui n'arrive décidément pas à me convaincre.
Le fait déjà qu'elle soit filmée de dos au départ, puis qu'elle mette la main sur le sein de Thérèse de façon peu naturelle, comme si elle voulait le cacher au spectateur alors qu'on pourrait s'attendre davantage dans une telle situation à ce qu'elle le découvre plutôt avec sensualité. On sent une retenue qui nuit me semble-t-il à la scène. (Je ne parle pas de la scène de la ceinture qui m'a toujours semblé assez abrupte).
Même leurs baisers sont lassants sur la longueur, et dans le jeu et dans le manque d'originalité des plans pris par la caméra.
La connexion entre les deux actrices n'y est pas je trouve.
Rooney Mara est davantage dans son personnage. Peut-être bien dans cette même admiration que lui a inspirée Cate Blanchett à la ville et pour laquelle elle n'a pas trop dû se forcer.

Je ne sais pas. Cette scène n'a pas la finesse du restant du film.

En revanche, j'ai beaucoup aimé la façon dont Cate Blanchett tenait la tête de sa partenaire lorsqu'elle l'embrassait et que sa main descendait le long de son cou.

Peut-être qu'au final, Cate Blanchett n'a-t-elle pas réussi à se glisser dans la peau de cette Carol amoureuse. Peut-être est-elle restée dans cette affection qui la lie visiblement à travers les interviews, à Rooney Mara, sans parvenir à franchir, en tant qu'actrice, le pas vers l'expression d'un désir.
Atta a écrit :L'une d'entre vous a mentionné vivian maier dans l'idée graphique du film et j'avoue que je retrouve ça aussi et comme je l'adore, je ne suis plus très objective.
As-tu vu le film "A la recherche de Vivian Maier" de John Maloof ?

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Atta
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Re: [Film] Carol

Message par Atta »

Griottesurlegateau a écrit :
Atta a écrit :L'une d'entre vous a mentionné vivian maier dans l'idée graphique du film et j'avoue que je retrouve ça aussi et comme je l'adore, je ne suis plus très objective.
As-tu vu le film "A la recherche de Vivian Maier" de John Maloof ?
Oui très bon film, il y a eu tout un cycle Vivian Maier il y a quelques années chez moi et c'est avec ce film que je l'ai découvert!
Griottesurlegateau a écrit :Pas que la scène ne s'incorpore pas dans le fil narratif du film. Au contraire. Elle donne à voir presque brusquement, ce qui est sous-tendu tout au long des scènes précédentes. Mais je crois que je ne l'aurais pas tourné de cette façon.
Exactement. Il y a de très bons films lesbiens avec aucune scène de sexe et clairement cette scène n'était pas indispensable. A la limite ils auraient dû rester dans le sous-entendu. Ou juste montrer une petite partie.
J'ai eu l'impression qu'ils l'avaient mises histoire de dire: voilà, y'a du sexe.
Dommage.

"""Digression: ca me fait penser à la série mistresses US vs. UK ou une scène sexy est clairement montrée (et ratée) dans la version US et cachée (et réussie!) dans la version UK. Quelque fois il suffit de sous entendre un peu plus pour rendre la scène réussie"""""


Et en même temps est ce que cette froideur ne serait pas le reflet de la personnalité du personnage de Cate blanchett qui est dans la retenue et la froideur (de prime abord)? Je ne sais pas , mais la connexion, comme tu dis, n'y es pas.
Griottesurlegateau a écrit :Quels passages te sont appparus longs et pas toujours nécessaires ?
typiquement, la scène de début, lorsque le personnage de Roone Mara va chez Cate blanchett (pardon je ne retiens jamais les noms des personnages)
Ou c'est plein de détails, certaines scènes un peu trop longues ou qui tire en longueur.

Je n'arrive pas à savoir ce que j'ai vraiment aimé ou non sur ce film.

Peut-être faudrait il le revoir, comme toi.

Par contre j'ai bien aimé la construction du film avec une double vision sur la scène du départ ou Cate fait sa déclaration et bim, le gars arrive. Ca donne vraiment du relief au film et à la scène.

La scène de fin est très bien aussi. Et pour le coup ca me plait que ce soit si ouvert car on peut imaginer tout et n'importe quoi.
Griottesurlegateau a écrit :Tout est décryptage de symboles, qui prennent du temps à être approfondis.
c'est clairement ca. On sent la réflexion derrière le film (peut etre un peu trop parfois?). Ce genre de choses est toujours à double tranchant car certaines personnes vont accrocher et d'autres vont décrocher.
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Griottesurlegateau

Carol

Message par Griottesurlegateau »

Atta a écrit :Oui très bon film, il y a eu tout un cycle Vivian Maier il y a quelques années chez moi et c'est avec ce film que je l'ai découvert!
J'ai, depuis que j'ai visionné ce film, un rapport mitigé à l'artiste. Elle y est controversée par certains témoignages d'enfants qu'elle a gardés devenus adultes, qui se plaignent d'avoir été "trimballés" à droite à gauche dans la ville, sans la surveillance dont ils.elles auraient dû bénéficier.
C'est toujours le problème me concernant, entre l'être humain, social et l'oeuvre.
Je ne parviens pas à dissocier les deux.
En tout cas, le premier influence immanquablement mon regard sur le second.
Atta a écrit :Il y a de très bons films lesbiens avec aucune scène de sexe et clairement cette scène n'était pas indispensable.
Oui. Je suis d'accord. La scène hésite entre la pudeur de l'époque et l'ouverture de la nôtre. C'est du coup un peu bancal.
Atta a écrit :Quelque fois il suffit de sous entendre un peu plus pour rendre la scène réussie
Oui, et quelques fois, les scènes d'intimité peuvent aussi être réussies.
Atta a écrit :Et en même temps est ce que cette froideur ne serait pas le reflet de la personnalité du personnage de Cate blanchett qui est dans la retenue et la froideur
Ça pourrait s'entendre. Mais c'est elle qui va chercher Thérèse. C'est elle qui a déjà l'expérience de la relation avec Abby. Et c'est elle qui invite Thérèse, en défaisant sa ceinture, vers une autre intimité.
Atta a écrit :Je n'arrive pas à savoir ce que j'ai vraiment aimé ou non sur ce film.
Oui, je comprends ce ressenti.
Il m'a fallu plusieurs visionnages et des explications dans les symboles utilisés, pour saisir toute la profondeur du film parce qu'au final, il ne se passe pas vraiment grand chose, dans l'action pure.
Todd Haynes a vraiment travaillé sur la psychologie des personnages, la sémantique et les symboles.
Et ça peut effectivement amener à ce que tu écris :
Atta a écrit :On sent la réflexion derrière le film (peut etre un peu trop parfois?). Ce genre de choses est toujours à double tranchant car certaines personnes vont accrocher et d'autres vont décrocher.
Atta a écrit :Par contre j'ai bien aimé la construction du film avec une double vision sur la scène du départ ou Cate fait sa déclaration et bim, le gars arrive. Ca donne vraiment du relief au film et à la scène.

La scène de fin est très bien aussi. Et pour le coup ca me plait que ce soit si ouvert car on peut imaginer tout et n'importe quoi.
Oui. Je suis vraiment d'accord avec toi sur ces deux points.
C'est sur une vraie note d'espoir que se clôture le film.

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Mira2012
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Re: [Film] Carol

Message par Mira2012 »

Finalement, au deuxième visionnage, il n'est pas si mal, ce film ;)
J'ai juste toujours du mal a ne pas voir en Carol une prédatrice (du moins au debut du film), ce qui me met toujours mal a l'aise.

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