[Film ] Olivia . (1951)

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shoes

[Film ] Olivia . (1951)

Message par shoes »

OLIVIA 1951

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Drame français de Jacqueline Audry, d'après un livre de Dorothy Bussy. Avec Edwige Feuillère , Simone Simon

Mademoiselle Julie est la directrice d'une institution près de Fontainebleau.
Elle est bouleversée par l'arrivée d'une nouvelle élève : Olivia.

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Mira2012
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Re: [Film ] Olivia . (1951)

Message par Mira2012 »

J'ai toujours eu de la réticence à visionner ce film... Parce que c'est un "drame" des années cinquante, j'imagine forcément un personnage lesbien négatif, une pauvre jeune fille innocente perdue à cause de ce personnage, et un film se terminant avec une morale bien hétéro et le personnage lesbien soit mort, soit emprisonné, soit à l'asile...

Peut-être ai-de tort.

Quelqu'un l'a vu?

shoes

Re: [Film ] Olivia . (1951)

Message par shoes »

J'ai moi aussi des réticences à le voir: l'affiche, le baiser , semblent affrayants, avec toujours en effet cette image de la lesbienne vampire .
Toutefois , il est histoire d'un amour pur d'après la critique :?

Mais il semblerait qu'il y ait deux histoires distinctes : l'une de deux femmes qui sont impliquées dans un amour platonique , et une autre histoire malsaine d'une emprise diabolique.

Je n'en sais encore rien car pas vu non plus

J'ai beau avoir un faible pour les films qui datent , là , j'ai des appréhensions.
En outre , j'ai un problème réel avec l'équation: amour platonique =amour pur.

On dirait que le sexe est symbole de damnation . :evil:

Quoi qu'il en soit c'est une tragédie alors préparons nos mouchoirs.
Mais peut-on parler de vision négative?
A voir, car l'époque était de toute façon très manichéenne avec les relations amoureuses et très moralisatrice qu'il s'agisse d'hétérosexualité ou homosexualité : soit les petits oiseaux qui gazouilllent , soit la grande dépression.
Mais il est certain que les lesbiennes heureuses , ce n'était pas de bon ton. :evil:

Mais est ce que ça change vraiment?
En tout cas, il semblerait.

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Mira2012
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Re: [Film ] Olivia . (1951)

Message par Mira2012 »

l'Amour platonique dans le sens philosophique du terme est l'amour le plus noble qui soit. Mais de la à faire de l'amour physique quelque chose de "sale", il y a une limite... Que même Platon n'a pas franchie, il me semble.

Il faudrait une cobaye parmi nous qui vérifie que ce film ne baigne pas dans ces clichés :lol:
shoes a écrit :
Je pense qu'ils voulaient déjà le faire avant cet événement. Cela les a surement juste confortés dans leur décision. En tout cas Javi (le futur showrunner si la série se fait) sait qu'on l'a à l'oeil ;)

shoes

Re: [Film ] Olivia . (1951)

Message par shoes »

Vu!!!: pas si mauvais que ça , sincèrement :)

Bon, on n'échappe pas aux clichés , à la grande tragédie.
Mais je dirais que le Lesbianisme n'est pas la cible ici: tous les préjugés de l'époque sont présents , sans penser nuire, et c'est là le pire , à commencer par la vision de la jeune fille apparentée à la dinde écervelée qui gloussotte, ou la petite souris friande de bêtise quand le chat n'est pas là , et le Chat c'est Mademoiselle Julie, la docte et inébranlable Melle Julie, qui laisse passer le devoir avant la passion, car il s'agit bien de passion confrontée sens de la responsabilité.
Et amour entre femmes, en effet il y a.

Donc, les clichés ne nous sont pas épargnés , à tous les
niveaux, y compris la vision raciste de l'Afrique avec ses
cannibales, en ce sens, pas un chef d'oeuvre , pareil pour le symbolisme pessimiste du sens du devoir à placer au dessus de l'amour, a fortiori quand il s'agit d'amour entre l'élève et le mentor.

Pour moi, il n'y a pas cette (con)damnation de l'amour lesbien, mais bien une intransigeance pour la relation nuisible entre le pygmalion et son oeuvre.
Olivia est de l'argile dans les mains de Julie, et on ne tombe pas amoureuse de son modelage.
Un fait qui interpelle: souvent est rappelé que Mllle Julie a connu Olivia enfant , montre qu'il ya une loi à ne pas transgresser.
( un truc m'a choquée : l'action de couper la tête des actrices lors des gros plans ..)

Malgré une certaine indulgence éprouvée pour ce film, l'impression de film d'épouvante que je craignais est malheureusement là : on croirait qu'on introduit Olivia chez Nosferatu , avec un final attendu qui rappelle la crémation de l'antre de l'antéchrist .
Y aurait-il quand même une diabolisation du Lesbianisme?
Toute en hypocrisie ?
Peut être..
Sinon je rapprocherais Olivia de the Chhildren's hours pour certains aspects.
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Children's hours.
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Olivia

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Mira2012
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Re: [Film ] Olivia . (1951)

Message par Mira2012 »

Merci pour tes impressions, Shoes. Peut-être finirai-je par le visionner :)

XNB
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Re: [Film ] Olivia . (1951)

Message par XNB »

Reprise au Mac-Mahon, Paris.

Ah, ce charme étrange et désuet des vieux films (surréaliste scène de bal costumé).

Quelques repères biographiques sur la réalisatrice pour "resituer":

"seule réalisatrice française de l'époque avant Agnès Varda, elle a adapté les histoires de Colette et les aventures du chevalier d'Éon. Maintes fois victime de la censure."

schpountzette

Re: [Film ] Olivia . (1951)

Message par schpountzette »

Merci XNB :)
Je laisse quant à moi ceci :

https://youtu.be/626UKNhYerI

XNB
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Re: [Film ] Olivia . (1951)

Message par XNB »

schpountzette: Je laisse quant à moi ceci
Merci pour ces extraits qui redonnent bien l'ambiance étrange du film, avec notamment la magnifique scène de bal (à voir en intégralité!)

Tout l'intérêt du film (mais aussi parfois ses limites) réside dans le fait que les sentiments homosexuels y sont vécus comme une évidence, un cadre naturel qui n'est jamais questionné. L'atmosphère est bien entendu celle d'un conte de fée initiatique, le voyage aller-retour en fiacre faisant office de rite de passage (d'où sans doute l'allusion de Shoes à
Nosferatu,
même si ici le climat n'est guère effrayant, tout au plus parfois un peu pesant).

Le monde extérieur apparaît lointain, étranger, vaguement menaçant, symbolisé par la brève et brutale irruption des juges phallocrates; la pension en huis-clos (autre histoire adaptée par la réalisatrice!) fait figure de havre, où les seuls sentiments exprimés (quels qu'ils soient...) sont féminins, et où l'héroïne, loin de toute idée de transgression, peut librement développer ses propres émotions, face à des responsables du pensionnat somme toute assez bizarres, et paraissant symboliser chacune un des "péchés" capitaux. En ressort-elle mûrie?

Bref, une impression d'onirisme, à la Cocteau, pour un film qui devait détonner dans le contexte de l'époque, et qui, rien que pour la splendide scène de bal, reste à voir!

La réalisatrice Jacqueline Audry, à gauche, avec la romancière Colette
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schpountzette

Re: [Film ] Olivia . (1951)

Message par schpountzette »

Je laisse également cet article ;)
https://next.liberation.fr/cinema/2018/ ... te_1695975
Ainsi que cet extrait , dont les premières minutes sont consacrées au fameux bal que je qualifierais de sapphique dans le sens premier du terme , où mon regard s'est longuement posé sur le personnage de Géorgie, tant son allure me ramène à Missy/Issmy, amie intime de Colette ( J'aime cette expression d'amie intime, non pas que je sois une hypocrite se cachant derrière des euphémismes subliminaux, mais parce que son caractère élégant et respectueux me touche tout particulièrement, et me rappelle que, intérieurement, je nomme ''Mon amie intime", la Dame de mes pensées . Je sais je suis ridicule avec mes usages de naguère :mrgreen: )
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https://youtu.be/PIwfolaF4Fk
Au fond, tout est dit dans cet extrait dont le final fait de violence contenue et dramatique, de soupçons de trahison, magnifiquement filmé près de l'âtre, après que la touchante Julie donne à comprendre qu'elle n'a pas le droit d'aimer Olivia ( qu'elle nomme ' mon enfant' pour marquer le tabou ) , malgré son désir de l étreindre, introduit le ton funeste d'un épilogue annoncé.

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