Forum du Site Univers-L.com

Un film très surprenant, je ne saurais même pas comment le qualifier. Mystique humoristique ? Le ton du film m'a surprise, pas forcément dans le mauvais sens mais je ne savais pas que le film emprunterait cette voie-là. Parfois burlesque, même.

Il y a pas mal de nudité dans ce film (que les femmes, bien sûr). Il est toujours question du corps des femmes d'une manière ou d'une autre, que ce soit pour être possédée en tant qu'objet (Bartolomea qui "appartient" à son père) ou en tant qu'être physique (Benedetta qui est possédée par une entité mystique), ou la dépossession du corps (petite séance de torture et de viol à coup de poire d'angoisse en passant).

D'ailleurs à ce sujet, même si le film est à recontextualiser dans l'époque qu'il raconte, il y a un petit effet kiss cool quand Bartolomea raconte au calme à Benedetta que son père la violait et que ses frères lui passaient dessus. Okay. Au vu de tout ce que ce personnage subit dans le film, j'imagine que Bartolomea doit faire figure de démon tentateur ou autre. Son corps est un réceptacle à tout et n'importe quoi sans que ça ne dérange personne, pas même elle (Benedetta la force à s'ébouillanter deux fois de suite enfin, c'est très particulier).

Il y a également les scènes de flagellation, l'apparition des stigmates, l'absence de pudeur quand chacune chie à côté de l'autre sans pression ou encore la peste qui déforme les corps enfin bref : on sent que le corps est à l'honneur dans ce film, dans toute sa splendeur comme dans sa laideur.

Les seuls moments où Benedetta et Bartolomea reprennent un contrôle total de leurs corps sont ceux où elles effectuent leurs petites affaires à l'abri des regards. D'ailleurs c'est ironique, c'est au moment où elles s'abandonnent le plus qu'elles prennent finalement le contrôle.

La fin du film peut laisser perplexe. Disons-le de suite, Bartolomea n'est pas une flèche (Benedetta lui apprend à écrire d'ailleurs). On sent que le cerveau n'est pas l'organe qui la travaille le plus pour le dire gentiment, à l'opposé de Benedetta qui est plus spirituelle et donc cérébrale. D'emblée, Bartolomea est introduite comme une femme objet par son père. Elle apparaît d'ailleurs avec le troupeau, attachée comme les animaux, là où Benedetta est très spirituelle. La fin est donc logique : retour à la case départ pour Bartolomea qui reste à poil dans une étable, et retour aux sources pour Benedetta qui veut regagner son couvent (et j'imagine ses habits).

Alors soit le film n'a rien à dire et est juste racoleur au possible, soit le film est très complexe et possède plusieurs niveaux d'analyse. Je pencherais pour la deuxième option, mais je ne saurais pas l'analyser comme il le faut. Mention spéciale à Virginie Efira, c'est une actrice surprenante peu importe le rôle qu'elle tient.