Virginie Despentes

Les femmes et hommes qui vous ont marqué...
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Liklaugh
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Re: Virginie Despentes

Message par Liklaugh »

J'ai posté volontairement sur le topic dédié à l'émission radio, mais au cas où, je vous précise que V.D. a été interviewée par Bang Bang. ;)
"Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien." Socrate

Carmilla fan

DJ Lik !

Silverring

Re: Virginie Despentes

Message par Silverring »

Après toutes les interview données par Virginie Despentes ces derniers temps, je craignais qu'il n'y ait plus rien de neuf, et puis :

http://www.univers-l.com/bye_bye_blondi ... page2.html

Merci Clieuterpe !!!

C'est vrai quoi, j'ai enfin une réponse quant à mon interrogation sur sa signature de l'appel élaboré par Osez le Féminisme. Et comme moi aussi je me suis laissée séduire par l'énergie de ce collectif à ses débuts, je n'ai vraiment plus rien à (re)dire...

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bathilde
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Re: Virginie Despentes

Message par bathilde »

Bon, alors je ne sais pas comment j'ai fait pour passer à côté,mais Virginie Despentes a été ma révélation littéraire des derniers mois (même si j'ai lu pour l'instant que Teen Spirit et Apocalypse bébé). Je connais pas assez sa pensée, mais niveau style rien à redire, j'adore. J'ai trouvé son dernier roman plus lisse que Teen spirit (au niveau du style), mais quand même, c'est génialement écrit quoi. On dirait qu'elle jette ses pensées sur le papier, on entend ce qu'on lit...presque une nouvelle Céline! Sa capacité à passer d'un personnage à un autre est bluffante. sa manière de percevoir le monde, de rentrer dans la tête des ados. Elle disparait totalement derrière son roman mais elle est toujours là. Bref, une auteure brillante! Merci pour cette découverte.
"un vent fou siffle dans ta tête" Georges Bataille

Ah! laisse-moi te rappeler comment tu étais, quand tu n'existais pas encore Neruda

Toi, que défendais-tu ? Ciel insensible et pur
Tremblant tu m’abritais.
Eluard

Méluzine

Re: Virginie Despentes

Message par Méluzine »

bathilde a écrit :Bon, alors je ne sais pas comment j'ai fait pour passer à côté,mais Virginie Despentes a été ma révélation littéraire des derniers mois (même si j'ai lu pour l'instant que Teen Spirit et Apocalypse bébé). Je connais pas assez sa pensée, mais niveau style rien à redire, j'adore.
Tu peux t'attaquer à King kong théorie si tu veux en savoir plus sur sa pensée. ;) Moi c'est le premier livre que j'ai lu d'elle et ça a été une grosse claque, c'est ça qui m'a donné envie de lire ses romans et d'en savoir plus sur elle.

Silverring

Re: Virginie Despentes

Message par Silverring »

bathilde a écrit : Merci pour cette découverte.
Heu, quand tu dis ça, doit-on comprendre que notre discussion par ici a eu un rôle dans ces lectures ?

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bathilde
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Re: Virginie Despentes

Message par bathilde »

Silverring a écrit :
bathilde a écrit : Merci pour cette découverte.
Heu, quand tu dis ça, doit-on comprendre que notre discussion par ici a eu un rôle dans ces lectures ?
Oui.
"un vent fou siffle dans ta tête" Georges Bataille

Ah! laisse-moi te rappeler comment tu étais, quand tu n'existais pas encore Neruda

Toi, que défendais-tu ? Ciel insensible et pur
Tremblant tu m’abritais.
Eluard

Silverring

Re: Virginie Despentes

Message par Silverring »

Merci pour cette réjouissante précision ! :)

Si vous avez envie qu'on vous fasse un peu plus que la lecture :[url=
http://www.manufacturedesabbesses.com/t ... e-161.html]King Kong Théorie mis en scènes par Cécile Backès et joué par Salima Boutebal, c'est jusqu'au 1er août à la Manufacture des Abbesses, Paris[/url]

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Enka
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Re: Virginie Despentes

Message par Enka »

Bougre de crème d'emplâtre à la graisse de hérisson ! Et moi qui évitais consciencieusement cette partie du forum sous prétexte d’allergie à l’encre d’impression !

King Kong Théorie… je crois n’avoir jamais été autant aspirée par un bouquin. Je fus servie en matière de réconciliation avec la lecture, et plutôt deux fois qu’une ! Le propos est extrêmement intéressant, les récits poignants, les développements travaillés et clairs. Here we go !


J’ai lu vos avis avec attention (du moins jusqu’à la page 5 ou 6 histoire de ne pas spoiler les prochaines lectures). Je me retrouve dans beaucoup, aussi, je m’excuse d’avance des redites.

Tout comme certaines, j’ai tiqué sur un fossé d’expression à un certain moment de la lecture. Disons qu’à partir des trois quarts, le propos s’accélère et semble plus emporté. En fait j’ai beaucoup ris dans cette dernière partie car soulignée d’un ton ironico-incongru. Un délice verbal.
Parallèlement, on sent bien évidemment la colère. En fin de comptes, c’est peut-être cela qui bascule : passer d’une sorte d’amertume à de la colère au fur et à mesure de la création.

J’ai tout autant apprécié la première partie, mais avec une attention plus particulière sur l’enchaînement des arguments qui se juxtaposent méthodiquement.
D’un côté, je ne m’accorde pas sur son ton catégorique, il est très risqué de ne pas nuancer son propos de la sorte. Il ne faut pas voir le mal partout chez tout le monde.
D’un autre, aurait-il la force qu’il a s’il n’était énoncé ainsi ? Non, je ne crois pas.


Certaines fois, je dois avouer avoir eu du mal à suivre le raisonnement à l’échelle du livre, de l’impression de retrouver des éléments contradictoires de ci, de là. Notamment sur le jeu des artifices, leur appréhension, leur compréhension. J’ai eu l’impression de passades entremêlées de rejet, d’apprentissage, de jeu, de rejet de nouveau, puis de résignation. Plutôt déroutant. Avez-vous perçu cela également ? Ai-je loupé quelque chose ?

Quoiqu’il en soit, il faut une force admirable pour étaler ses bouts de vie au grand public avec une telle conviction et franchise. On sent bien que ce n’a pas toujours été aussi limpide, et que la nécessité de faire éclater ces tabous sociétaux était Ô combien plus forte. Un grand pas pour la visibilité, peu importe que la marche soit encore longue.

Une mention toute particulière pour la conclusion que j’ai eu peur de ne pas voir arriver, et avec laquelle je ne peux bien évidemment que m’accorder : le féminisme n’est pas aux femmes, il est à tous. L’Egalité est non seulement un droit mais également un devoir. Une lutte par tous, pour tous qui pourrait avoir comme slogan : « essayez de réfléchir, une entorse au cerveau ça n’arrive pas comme ça ! ».



Quand j’ai eu fini le livre, j’ai visionné « Baise moi ». Je me souvenais avoir essayé de regarder ce film il y a plusieurs années de cela, et n’avoir absolument pas accroché une traitre demie seconde. Je ne l’ai pas tellement plus apprécié cette fois ci (violence, qualité d’image, …). Par contre, il est marrant de constater combien ce film suit la trame du récit de « King Kong Théorie » et en relève plusieurs éléments clés :
- le viol
- la prostitution
- la violence et vengeance mises entre les mains des femmes sans restriction aucune
- l’argent
- le jeu des artifices et leur connotation / pouvoir
- le contrôle des autorités étatiques sur la scène finale avec uniquement des hommes

Le reste de ses ouvrages s'inscrit-il récursivement sur ces thèmes ?


Enfin – et je m’arrêterais là dessus, promis - , je pensais encore avant-hier que ce livre était une suite d’évidences avec lesquelles je m’accordais plus ou moins directement, et … point barre.
Non.
« King Kong Théorie » est l’archétype du retour boomrang à tendance effet dominos.


Et parenthèse de fin ou "PS" comme bon vous semblera, simplement parce que le fait tombait tellement à pic... Hier matin je tombe sur ce premier article :
http://www.atlantico.fr/decryptage/ceci ... 24464.html
*claque*
Je regarde dans le menu sur le côté et poursuis :
http://www.atlantico.fr/decryptage/vagi ... 24392.html
*rire circonspect à la limite du coincé*

Comme un terrible et navrant constat « oui, on en est encore là ».


Bref… je vous laisse, il faut que j’aille commander la suite made in VD.
Au plaisir d’en discuter plus amplement ultérieurement. Cet ouvrage est définitivement à mettre entre toutes les mains !
Ainsi squatte-il.

Silverring

Re: Virginie Despentes

Message par Silverring »

Merci Enka, j'ai adoré te lire !!!
J'ai pas trouvé ça long, hein, tu peux en rajouter si tu veux !!!
Nan, c'est vrai, tu nous a joliment découpé ton propos, c'est hyper rythmé tout ça, tout ça...

Heu, question : tu parles de quoi là
Certaines fois, je dois avouer avoir eu du mal à suivre le raisonnement à l’échelle du livre, de l’impression de retrouver des éléments contradictoires de ci, de là. Notamment sur le jeu des artifices, leur appréhension, leur compréhension. J’ai eu l’impression de passades entremêlées de rejet, d’apprentissage, de jeu, de rejet de nouveau, puis de résignation. Plutôt déroutant. Avez-vous perçu cela également ? Ai-je loupé quelque chose ?
Moi pas comprendre :roll: (merci de ne pas m'envoyer le relire, je suis en mode relecture d'Apocalypse Bébé)
« King Kong Théorie » est l’archétype du retour boomrang à tendance effet dominos
Je suis pas sûre de mesurer la portée de l'image, mais instinctivement, elle me fait bien sourire ;)

Concernant ta drôle de revue d'atlantico, je ne sais pas exactement ce que ça t'a inspiré outre un rire coincé, mais il se peut que le deuxième article résonne fort bien avec la lecture de Testo Junkie de Beatriz Preciado.
Pour ceulles qui n'auraient encore compris le lien entre ces livres, je rappelle que Testo junkie porte en ouverture une citation de King Kong Théorie

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Enka
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Re: Virginie Despentes

Message par Enka »

Ce que VD nous compte dans KKT, retrace plusieurs années de sa vie, de tribulations diverses en expériences variées. De fait, il n’est pas étonnant de la voir évoluer. Ce qui m’a par contre étonné, c’est cette impression sur les artifices en mode tape forward-rewind. Voici quelques passages.

De mémoire, elle commence par dire qu’elle n’a cure des artifices. Son style de vie, son style vestimentaire, etc, lui sont propres, elle le revendique haut et fort. Je ne retrouve pas le passage, aussi, je compte sur vos souvenirs également.

Puis la prostitution arrive, et elle semble découvrir « leur pouvoir », en jouer à qui mieux-mieux lorsque la nécessité se fait sentir.
Coucher avec l’ennemi - p. 63 a écrit : J’étais jusqu’alors une meuf quasiment transparente, cheveux courts et baskets sales, brusquement je devenais une créature du vice. […] Mais j’ai aussi tout de suite craint cette importance justement, qui dépassait mon entendement, mon contrôle. L’effet que ça faisait à beaucoup d’hommes était quasiment hypnotique. […] J’étais devenue un jouet géant. […] Finalement, aucun besoin d’être une mégabombasse, ni de connaître des secrets techniques insensés pour devenir une femme fatale… il suffisait de jouer le jeu. De la féminité.
Percer les faiblesses des hommes, potentiels violeurs qui pouvaient lui voler sa vie – selon ses termes -, a manifestement contribué à l’aider dans sa reconstruction et à la réconcilier en un sens avec la gente masculine.

Et rejet.
Coucher avec l’ennemi - p. 76 a écrit : Et bien qu’elles ne donnent pas clairement leurs tarifs, j’ai l’impression d’avoir connu beaucoup de putes, depuis. Beaucoup de femmes que le sexe n’intéresse pas mais qui savent en tirer profit. Qui couchent avec des hommes vieux, laids, chiantes, déprimants de connerie, mais puissants socialement. Qui les épousent et se battent pour obtenir le maximum d’argent au moment du divorce. Qui trouvent normal d’être entretenues, emmenées en voyages, gâtées. Qui voient même ça comme une réussite. C’est triste d’entendre des femmes parler d’amour comme d’un contrat économique implicite. Attendre des hommes qu’ils paient pour coucher avec elles. Ça me semble aussi glauque pour elles, qui renoncent à toute indépendance […].
Elle n’est ici clairement pas d’accord avec ces femmes aux allures d’escort-girl en CDI temps complet, qui doivent en passer par ce fameux « jeu de la féminité » cité plus haut et que VD mettait en lumière et s’appropriait avec plaisir. Ces femmes jouent le jeu que l’on attend d’elles et en tirent bénéfice jusqu’au bout. C’est une grande mascarade où tout le monde y gagne. Tout comme le jeu de la prostitution (selon le regard de VD) avec ses artifices, les attitudes qu’il faut avoir, celles qu’il ne faut pas, etc… Certes la différence est une question de liberté de son être après effort, mais pourquoi donc, si les parties sont consentantes, y trouvent leurs avantages et savent pertinemment que tout cela est un festival d’hypocrisie bi-cautionné, s’insurger de cela ?
Coucher avec l’ennemi p. 79 a écrit : Mais ce n’est pas grave, ce qui compte, c’est de colporter une seule idée : aucune femme ne doit tirer bénéfice de ses services sexuels hors le mariage. En aucun cas elle n’est assez adulte pour décider de faire commerce de ses charmes.
… et quelques pages plus tard, VD en appelle à la compréhension et la liberté de faire commerce de ses charmes comme bon semble à chacun. Elle parle ici de la prostitution.
Il s’agit là d’une incohérence à mon sens puisque recouvrant les deux cas susmentionnés.
Parallèlement, n’y aurait-il pas ici pas un relent d’amertume pointant le fait que les femmes décriées par VD inscrivent leur vie dans un accord tacite homme-pouvoir étatique puisque se rapprochant du mariage (vie bien ordonnée et normée), alors que la prostitution a le cul entre deux chaises avec ce même pouvoir : « on cautionne implicitement mais cachons le absolument » ?
King Kong Girl – p. 116 a écrit :A Lyon, je me coupe les cheveux super courts, on m’appelle “monsieur” dans les boulangeries ou au tabac, ça ne me fait ni chaud ni froid. Les réflexions sont – “arrête de fumer ta clope comme un mec” -, la plupart du temps, culture underground, privilégiée, à l’écart, on me fout une paix royale. Ça doit se voir que ça me va très bien comme ça. C’est le punk-rock, c’est chez moi. Ça ne va durer qu’un temps.
Retour aux origines, les artifices se sont envolés. VD en puissance !
King Kong Girl – p. 130 a écrit :ça n’a pas été une décision consciente. Plutôt un calcul de survie sociale. Limiter les mouvements, physiquement, préférer les gestes doux. Ralentir la diction. Privilégier ce qui ne fait pas peur. Devenir blonde. Refaire mes dents. Me mettre en couple, avec un homme plus vieux, plus riche, plus connu. Vouloir un enfant. Faire comme ils font. Après le scandale du film. Me fondre un peu dans leur décor. Le temps de voir. Arrêter de boire. Autant pour préserver mon look que pour éviter la désinhibition de l’alcool. Les comportements virils qui vont avec […] J’ai réintégré ma catégorie, telle que pensée dans mon nouveau milieu. Porter du rose et des bracelets brillants. J’ai vraiment fait de mon mieux, pour passer inaperçue... Ça n’a pas été neutre. C’était un affaiblissement consenti. […] Je me refais une santé mentale, dans mon ombre de blonde. Le monstre en moi ne lâche pas l’affaire.
Retour des artifices.
Ces phrases courtes ont un goût d’écoeurement, de rancœur, des échos de la résignation, aussi temporaire puissent-t-ils être.


Voilà, ce sont ces ondulations qui m'ont marquées. Je me demandais si vous aviez aussi tiqué dessus.
En ressort une image assez animale in fine : se camoufler quand nécessaire, une question de survie.


Silverring a écrit :
« King Kong Théorie » est l’archétype du retour boomrang à tendance effet dominos
Je suis pas sûre de mesurer la portée de l'image, mais instinctivement, elle me fait bien sourire ;)
Je pensais assez naïvement qu’étant donné que je m’accordais sur une bonne partie des points développés dans KKT, tout ceci était acquis et rodé.
Une fois le bouquin fermé, la vie continue. Et c’est à ce moment précis, fourbe bestiole, que face à des situations tellement banales (une lecture d’article, un film, une discussion, …), les propos de VD me sont revenus en ondes successives (le boomrang). De là en découlent des suites de réflexions, l'effet dominos.



Pour le deuxième article d’antlantico, le contenu en soit est plutôt bien écrit. Ce qui généra ce rire circonspect est l'opposition de ce propos avec :
1. le titre dans la barre d'url "vaginocratie"
2. les commentaires
Ainsi squatte-il.

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