Régine Deforges

[arthémis]

personne n'en avait parlé, n'en avait écrit une ligne.

La voilà morte emportant son sourire, ses propos à l'emporte pièce, ses idées libertaires.

Une blessure d'ado, pour un amour réprouvé par la morale et surtout des écrits dérangeants, une première condamnation, un autodafé, et plus tard la censure, la privation des droits civiques, puis le succès, la reconnaissance, sans que la personne ne change jamais.

France-inter a repassé l'autre jour un entretien, et j'ai plutôt apprécié ses idées, que ce soit sur le mariage et sur ce désir de se couler dans le moule de la norme, ou sur le fait que les femmes ( certaines) se complaisent dans leur statut.

Et puis je trouve touchant son émerveillement envers la littérature, l'histoire, le sillage d'un canard, son émotion face à une maison qu'elle aimait, à Paris, son humour, et sa tendresse envers Sonia Rykiel.

Elle avait ce petit côté bravache et tendre, plein d'humour, une personne touchante et parfois pleine de naïveté primesautière.

[Loki]

je ne connaissais que son nom, ou alors j´ai oublié... je suis donc allée me renseigner un peu après avoir lu ton post Arthemis, et j´ai besoin qu´on m´éclaire sur un point, je lis ceci sur la page wikipédia qui lui est consacrée:

Elle publie ensuite un catalogue de livres écrits par des femmes (Les Femmes avant 1960). Elle publie une centaine d’ouvrages (notamment des livres d’Apollinaire, Gautier, Restif de la Bretonne et Mandiargues, entre autres), dont la plupart font l’objet d’interdictions diverses voire, pour certains, de poursuites pour outrage aux bonnes mœurs. Parmi les romans érotiques contemporains, L'Or du temps publie notamment La Nue, de Michel Bernard. De nombreux procès et de lourdes amendes obligent Régine Deforges à déposer son bilan.

et en bas de page je découvre que sa première oeuvre érotique est publiée en 1980. En 1980 il y avait encore des poursuites judiciaires pour outrage aux bonnes moeurs? aurait-il fallu qu´elle écrive: +18 sur la page de garde et le tour était joué?
Je croyais que ces procès appartenaient au 19ème siècle...

édit: je trouve ceci qui m´apporte une réponse:

Parmi les ouvrages incriminés par la justice: le Con d’Irène, un texte d’Aragon paru anonymement réédité sous le titre Irène, et les Exploits d’un jeune don Juan, d’Apollinaire. On est en 1968. Régine Deforges, alors compagne de l’éditeur Jean-Jacques Pauvert, a fondé sa propre maison, L’or du temps. La censure, les interdictions, les amendes qui pleuvent la contraignent à fermer boutique. Mais elle ne se laisse pas abattre. Les Editions Régine Deforges voient le jour dans les années 70. Hervé Guibert y publie son premier roman, la Mort propagande, en 1977.

voici l´article

[Silverring]

Le texte a été attribué à Aragon, mais n'était pas de lui... Pour entendre la voix de Régine Desforge et de l'auteure qui a tardivement reconnu son oeuvre :
http://www.franceinter.fr/emission-les- ... -russe-gal

[arthémis]

loki tu es bien naïve...et non la censure ne date pas du XIX ème.

Régine Déforges a même été un temps privée de ses droits publics.

Peu après sa mort France 5 a diffusé un documentaire sur elle : Régine Déforges, amoureuse et rebelle...Et ses aventures à Montmorillon...Ce qui est incroyable c'est que 50 ans plus tard les esprits parfois ne sont même pas apaisés.

Le titre est un peu accrocheur mais c'est un joli documentaire découpé en trois parties : le Poitou, la propriété de Mauriac et Paris. Elle guide le spectateur dans les trois lieux qui ont marqués sont oeuvre littéraire.

[HighSkull]

France 3 diffusera lundi 28 avril, 23h45, un documentaire sur cette personnalité " fascinante", où elle revient, entre autres, sur ses amours avec une camarade de lycée.
Personnellement, si, adolescente, j'ai été éblouie par Le cahier volé, mon premier roman " lesbien", lu en cachette, cette auteure m'a surtout écoeurée par la suite. En effet, certains de ses écrits m'ont tout simplement donné la nausée.

[Mira2012]

En effet, certains de ses écrits m'ont tout simplement donné la nausée.

quelque chose t'a choquée en particulier ?

[HighSkull]

Je suis loin d' être " coincée", du moins je crois, et le sexe, pour ne pas dire le " cul ", consenti entre personnes jouissant de leurs capacités mentales ne me choque pas. Seulement, pour moi, on ne peut pas tout prôner au nom de la liberté sexuelle; aussi, quand Deforges écrit que si un adulte veut avoir une relation sexuelle avec une fillette, et si elle le désire également, il ne devrait pas avoir de sanctions pour cet adulte, alors là, oui, je m'insurge!
Pareil, l' histoire de Toutes les femmes s' appellent Marie, l' un de ses derniers récits, ne m'inspire que du dégoût. En effet, si certrains voient dans cet ouvrage un vibrant plaidoyer pour le droit aux handicapés mentaux de vivre leur sexualité, moi je n'y vois qu'une abjecte histoire d'inceste, où une veuve, Marie, mère d' un attardé, Emmanuel ( "Dieu est avec nous ", étymologiquement parlant) qu'elle nourrit toujours au sein adolescent, décide de se donner à lui, et assouvir ses pulsions, pour l'empêcher de commettre un viol. J'ai lu que c' est un " exemple bouleversant du sacrifice maternel". Eh ben, pas pour moi.
Aussi, peut-on tout écrire au nom de la liberté d' expression, et exposer la société à n'importe quelle dérive? A vous de juger...

[Mira2012]

cela ne donne pas trop envie de lire ces textes, effectivement...