Les gender studies

[Méluzine]

Je rebondis sur le sujet "Butch", "Lipstick" et autres mots du jargon puisque je me suis un peu éloignée du sujet de base et que je n'ai rien trouvé qui soit totalement dédié aux gender studies alors soyons fous, je me lance, même si je n'y connais pas grand chose...
J'ai l'impression que la question du genre m'a fasciné depuis tout petite, époque où j'étais totalement un garçon manqué et où ma mère s'arrachait les cheveux en essayant désespérément me faire ressembler à une "fille"... Mais voilà, je me suis toujours sentie un peu seule dans ces interrogations jusqu'au jour où Internet est arrivé et les forums lgbt, entre autres, m'ont permis d'y voir un chouia plus clair.
Je suis tombée sur un article sur le blog d'Ipomee qui me parle pas mal :
"Je pense que ça ne ferait de mal à personne de réellement se poser des questions sur le genre, l'hétéronormativité, la construction de l'identité sociale et sexuelle, et tout ce que ça implique pour ceux qui ne rentrent pas dans les petites cases, d'avoir un peu de curiosité et d'empathie, même sans forcément être concerné."
Je trouve qu'on en est encore loin, déjà que certaines personnes sont un peu à la masse dès qu'on parle d'homosexualité alors la question du genre, il y a encore du chemin...

[Silverring]

Je ne connaissais pas ce blog, merci de l'avoir cité en plus d'avoir indiqué le lien, je trouve que l'extrait choisi en dit long sur ta curiosité sur le sujet, en plus de ce que tu indiquais en introduction

Je suis bien de ton avis. Depuis quelques temps, je trouve que la binarité, la dichotomie H/F, est de plus en plus présente/pressante. C'est peut-être ma sensibilité à la question qui devient aiguë avec ma prise de conscience qui avance... ou pas ! Quand je lis certanes contributions par ici, j'ai 'impression que la tendance essentialiste soit-disant féministe a pris beaucoup de place dans les inconscients collectifs français.
Le féminisme essentialiste est celui qui défend une promotion des femmes dans la société en prétextant de qualités qui seraient propres au "beau sexe" : douceur, vision à long terme entre autres. Par conséquent, il me semble encourager à embrasser "une féminité" qui serait naturelle.

Se je ne suis pas assez claire, n'hésitez pas à me questionner plus avant, ou à faire vos propres recherches.

Bref, la réflexion sur ces question me semble d'autant plus nécessaire et possiblement émancipatrice (même si ce terme francophone me semble souvent insuffisant devant "enpowerment")

[Fleming]

youhou! merci Méluzine de t´être "lancée"
moi non plus je n´y connais pas grand chose, mais le thème m´intéresse beaucoup. Maintenant que j´ai la perspective d´échanger avec vous, je suis motivée pour faire des recherches, et ca me fait du bien!
Je suis allée sur le site dont tu avais donné l´adresse, Silverring, j´ai trouvé la présentation sympa, ensuite j´ai été effrayée par tant de définitions, tant de mots, tant de... d´intellectualisation, mais, attends attends Je sais, j´ai lu quelque part ce que tu penses du mot, de l´acte de nommer, qui peut aider à reconnaitre des vibrations intérieures... ( ce sont mes mots, c´est comme ca que j´ai compris les tiens ) et c´est vrai, au fur et à mesure que je découvrais le site j´ai senti que je devenais curieuse... de connaitre, de re-connaitre, de questionner, de... de jouer aussi avec les mots, quand je me serais suffisamment familiarisée avec eux. Bref, un plaisir Au plaisir!

[Silverring]

Heu, Fleming, tu voulais évoquer l'initiative jemenommedoncjesuis.blogspot.fr ?

Si c'est ça, il s'agit pour ce blog d'offrir un espace d'autodéfinition, donc pas forcément de forger un vocabulaire commun ne la matière. Et comme tu l'a fait pour rebondir sur mon propos, chacunE s'approprie les choses à sa façon selon comment cela résonne en elui...

Qu'on cherche les mots des autres ou qu'on trouve ses propres néologismes, oui, certainE ont besoin de pouvoir nommer les choses pour les laisser exister.

Ce qui me fait penser à un passage de When night is falling :
"- ... Nommer les choses nous donne un pouvoir sur elles.
- Cela donne aussi aux gens un pouvoir sur moi."

Donc oui, choisir ses mots, et les dire, ouvre la porte à l'étiquetage, pour qui a trop besoin de repères. Mais cela me semble d'abord un outil d'enpowerment pour soi. Et j'espère que les partager permet aussi, parfois, d'ouvrir la réflexion ou de la poursuivre, de se laisser faire écho et se sentir semblable, plutôt que de cloisonner...

[Fleming]

je faisais allusion à ce lien:
http://butch-fem.toile-libre.org/

J´ajouterais à

Ce qui me fait penser à un passage de When night is falling :
"- ... Nommer les choses nous donne un pouvoir sur elles.
- Cela donne aussi aux gens un pouvoir sur moi."

que c´est aussi donner aux choses elles-même un pouvoir sur moi, le pouvoir de m´enfermer dans quelque chose de défini, de... délimité. je crains d´être hors-sujet là. Je voulais juste préciser pourquoi je me méfie des mots qui nomment. Mais c´est peut-être comme le solfège, une fois qu´on a appris les notes et tout et tout, on peut improviser peut-être...

[Silverring]

Tout dépend qu'on soit dans l'optique de cloisonner ou non

Quand on décrit une couleur par exemple, on peut le faire touche à touche. Chaque adjectif donne une nuance, une profondeur, ajoute, enrichit l'idée qu'on s'en fait.
Tu vois ce que je veux dire ?

Chaque qualificatif donne un plus, grandit plus qu'il ne limite, dans mon esprit...
Nous ne sommes pas des points définissables en deux dimensions, en mode abscisses et ordonnées. Il faudrait une infinités de données pour faire le tour d'un être. Et vu comment la plupart d'entre nous avance dans la vie, on peut très bien trouver à sa définir par des termes contradictoires, et ce, même pas successivement
Bon, c'est pas le sujet d'origine, et comme je l'indiquais en creux, je ne dis pas que le besoin de verbalisation soit universel

[Méluzine]

J'ai lu votre discussion avec intérêt, je trouve ça super compliqué le fait de nommer parce que, personnellement, intérieurement, c'est quelque chose dont j'ai besoin. Je pense par exemple au terme de "gender fluid" que tu as utilisé l'autre jour Silverrring. Ça me parle beaucoup, mais peut être jusqu'au moment où je trouverais un autre terme qui me parle encore plus. J'ai l'impression que c'est important pour se construire et je ne pense pas que ça nous limite mais par contre, au niveau du monde extérieur, on est quand même d'accord que les gens (la plupart en tout cas), ont tôt fait de nous mettre dans des cases. Et je dis ça parce que je l'ai ressenti dans ma vie, alors que moi, être en recherche (qui évolue pour le coup) de moi-même, ça me convient! Bon vous noterez qu'être enfermée dans des cases, ça me pose vraiment question.

[Fleming]

Méluzine, si tu veux avoir des idées de lecture, je ne sais pas, d´autres pourront ajouter des références, ici à Berlin LA référence c´est Judith Butler, ou c´était, je n´ai pas suivi les discussions dépuis longtemps:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Judith_Butler

[Méluzine]

Merci Fleming! Ici aussi Judith Butler est une référence. J'avoue que j'ai acheté Trouble dans le genre il y a quelques années déjà, mais j'avais trouvé ça vraiment ardu et ça m'a découragé. Du coup, il est resté sur mes étagères en compagnie des mes autres livres qui attendent d'être lus...

[Fleming]

oui, j´ai cru jusqu´à ce soir que j´avais du mal à la comprendre parce que je lisais ses écrits en allemand, mais même dans Wikipédia, le lien que j´ai glissé plus haut, il lui est reproché "son écriture inutilement complexe et dense".
Dommage. Je pars donc à la recherche d´autres auteurs Si de ton côté tu en découvres un d´intéressant à l´écriture abordable, n´hésite pas à venir partager ici ta découverte