Je viens apporter une modeste contribution à ce débat et espère ne pas éveiller de tensions en le faisant.
Pour ma part, je suis bi et je réalise qu'il m'arrive de plus en plus souvent de devoir militer pour cette identité au risque d'être souvent incomprise ou rejetée.
Pourquoi cette "étiquette" ?
pas pour une question de facilité... au contraire, je pense svt qu'il me serait bien plus facile de me dire lesbienne car je m'épargnerai ainsi des milliards de sempiternelles questions ou reproches.
Mais le fait est que j'ai aimé des hommes, comme j'ai aimé des femmes. j'ai aimé être avec les unes comme avec les autres. MAIS depuis 7ans une personne détient mon coeur et c'est une femme. alors, les autres qu'ils soient masculins ou féminins...m'importent clairement peu.
au début de ma relation, je ne me disais ni hétéro ni homo... j'avais une expression que j'ai entendue ailleurs depuis : "je suis machinosexuelle" (remplacer "machin" par le prénom de l'être aimé). Pour moi c'était elle, et c'est tout.
1 an plus tard, j'ai compris que c'était trop facile de dire cela. si je pouvais aimer une femme au grand jour, c'est pcq d'autres s'étaient battus pr cela. Galvanisée par "harvey milk" entres autres, j'ai commencé à dire ouvertement que j'étais lesbienne. Chaque réaction surprise me confortait dans mon opinion qu'il fallait que je participe à faire changer les mentalités et je pensais que pour cela il me fallait rester sous cette nouvelle étiquette.
Puis "catastrophe"
, au bout de 3 ans de relation, la belle romance se transforme en cauchemar quotidien... Il y avait clairement de l'orage au paradis, mais se séparer en cohabitant n'est jamais une chose aisée. Alors qu'on tente de ne pas sombrer, une jolie sirène vient me fredonner des airs célestes et me voilà tel l'équipage d'Ulysse lâchant tout pour plonger retrouver ma nouvelle muse.
Forcément en voulant remonter sur mon bateau, je me suis pris une bonne dérouillée et me suis retrouvée sur un canot d'infortune l'âme en peine et totalement perdue.
Bref... cessons là, les métaphores batelière.
En clair, c'est à ce moment là, que le "voile " est tombé. Après qq semaines de solitude, j'ai recommencé à sortir, et à la grande surprise de mon entourage de l'époque... je n'allais jamais systématiquement vers les femmes. j'ai commencé à devoir encaisser les "ah mais en fait t'es une hétéro refoulée ?" "je te rappelle que j'ai toujours assumée avoir connu des hommes avant".
"mais t'es quoi ? tu veux pas te décider ?" "pourquoi ça te dérange de pas savoir si je risque d'emballer un homme ou une femme ?"
et j'ai aussi eu droit à des "tu me dégouttes !" ou des "t'es sérieuse tu vas pas emballer des mecs, tu te trahis toi même"
je crois que c'est là que j'ai compris qu'il était temps que je m'assume. J'étais et je suis bi.
Vouloir assumer être autre chose me faisait du mal et faisait aussi du mal à d'autres qui se sentaient trahis par cette "part de moi qui aime autrement"
(pour la suite de mes aventures marines : après qq mois à naviguer seule, j'ai réalisé que je ne voulais qu'une chose : retrouver mon ancien navire et surtout sa jolie capitaine. j'ai de là, ramé et ramé encore pour y retourner, et quand la capitaine m'a lancé une corde d'arrimage j'étais la plus comblée des femmes.
Aujourd'hui cela fait 7ans (moins qq mois perdus en mer) qu'on est en couple, et d'ici peu cela fera un an qu'on est mariées étrangement depuis cette mésaventure marine, je n'ai plus eu envie de sillonner les océans autrement que blottie contre la plus belle des navigateuses)
Depuis 4ans je revendique enfin d'être bi, et ce n'est JAMAIS facile.
Côté hétéro j'ai droit à :
- mais pourquoi t'es avec une femme alors ?
- ah mais c'est une passade !
si j'avais un euro pour chaque fois où je l'entend celle là !
- ça doit bien te manquer les hommes, t'as jamais envie d'un ptit coup rapide ? je suis dispo !
- ben du coup t'es branchée plan à 3 ?
quand je dis "je suis bi", est ce que la moitié de l'humanité entend "je veux un plan à 3"
oh une de mes préférées, entendue moins souvent mais qui fait toujours mal :
- pourquoi tu fais ça à tes parents ? si t'aimes aussi les hommes, pourquoi rester avec une femme et les obliger à supporter ça.
mes parents adorent leur belle-fille et si j'osais la quitter je pense qu'ils m'en voudraient alors ta g****e Duc*n
Côté homo (gay ou lesbienne) j'ai droit :
- c'est triste pour elle, un jour tu la quitteras pr un homme
dans ce cas, le risque est tout aussi élevé que je la quitte pr une autre femme... et sinon, c'est MON probleme mais surtout : je ne veux pas la quitter !
- ben pourquoi tu te dis pas juste lesbienne, on te prendrait moins la tête
ah ça...
- j'aime pas les bi, vs savez pas c'que vous voulez
plait il ?
- je plains ta meuf, à sa place j'aurais jamais pris le risque de me mettre avec une bi
y'a un petit truc qui s'appelle "l'amour". Elle m'aime, je l'aime, on s'aime...c'est tout !
des deux côtés j'endure :
- tu sais jamais ce que tu veux toi ! (phrase prononcée si j'ai le malheur de prendre le temps de choisir entre une salade composée ou un burger frites au resto...)
- mais pourquoi tu dis que tu es bi ? t'façon t'es en couple alors te prend pas la tête
certains jours j'y songe fortement
- c'est pas un peu facile d'être bi ?
clairement : NON
pour conclure je reprendrai les mots très juste de mira
Mira2012 a écrit :A chacune sa vie et ses ressentis. Pour mon cas, il n'existe pas de "préférence", juste une évidence. Un état de fait. Une préférence sous-entend que l'on a le choix. Perso, je n'ai jamais eu le choix
ces mots m'ont touché en plein coeur et ceux sont eux qui m'ont donné envie de répondre. c'est exactement ça. je n'ai jamais eu le choix. j'ai aimé c'est tout.
Parfois l'enveloppe autour était masculine et d'autres fois elle était féminine. J'ai toujours privilégié l'amitié avant l'amour. je ne peux pas aimer sans amitié préalable. c'est vers la fin de l'adolescence que j'ai aimé pour la première fois une femme, les sentiments étaient là, beaux, splendides même, forts et intenses. J'ai aimé sans arrière-pensée, sans réfléchir.
Moins d'un an plus tôt j'avais aimé un homme pr la première fois, et j'y avais tout autant mis mon âme.
J'ai conscience que je ne répond pas à la question de savoir pourquoi des femmes quittent les hommes pour d'autres femmes. et je n'apporte aucune explication du pourquoi certaines de là, vont délaisser ces femmes pour retourner vers des hommes. Dans tous les cas, ces situations me rendent tristes car elles induisent des coeurs brisés.
je vous laisse sur cette phrase qui décrit ma vision des choses avec justesse :
"j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui"
(Phrase attribuée à Alfred de Musset mais qu'il avait repris d'une lettre qu'il avait reçu de Georges Sand )