Les questions 1 et 2 d'Isabelle bien que tournées sur le ton de l’humour sont pertinentes et ont –je pense- des réponses avant tout sociétales.
Les femmes se doivent d’être féminines dans les shôjos. La femme y est érotisée (cheveux longs notamment) et infantilisée (pas très intelligente comme la courgette). Cette marque de fabrique a déjà fait largement ses preuves dans des mangas tels que Sailor moon. La société japonaise étant patriarcale, le shôjo (genre porté généralement vers un public féminin) est une lecture censée donner des réponses aux adolescentes en questionnement sur la manière de se comporter dans leur société.
Alessandro Gomarasca, sociologue
« Plus le discours des hommes [Japonais] leur renvoie l’image d’êtres irresponsables, plus elles fétichisent à l’extrême leur personnalité infantile »
Takuya Yazaki, designer japonais
« Les Japonais manquent de confiance en eux. C’est pourquoi ils préfèrent des héroïnes en apparence plus jeunes. Quant aux filles, elles deviennent conscientes de leur pouvoir et se déguisent en poupées virginales. »
Tout est résumé dans le discours du designer et on comprend mieux pourquoi les femmes érotisées et infantilisées sont véhiculées par les shôjos. Les hommes cherchant à se rassurer préfèrent des « baby faces ». Les filles doivent donc jouer de cette image pour charmer et arriver à leur fin en soit.
D’ailleurs le manga nous prouve que l’attitude de ce « baby face » marche du tonnerre puisque la fille qui le représente –Himeko en l’occurrence- est l’objet de désir des deux stars du lycée : Chikane et son penchant masculin Souma.
Le message à faire passer aux adolescentes japonaises :
«Soyez baby face et vous aurez du succès ».
Personnellement, suite à l'engouement sur ce topic, j'ai décidé de regarder cette série. Je n'ai pas encore lu les résumés de Virginie, je le ferai sans faute quand j'aurai terminé cette série pour avoir une vision différente de la mienne. Et oui, pas envie de me faire influencer d'une quelconque manière pendant mon propre visionnage
J'en suis à l'épisode 6. Immédiatement, j'ai trouvé la relation prêtresse lunaire et prêtresse solaire étrange symboliquement. En effet, les manga puisent souvent la base de leur scénario dans différentes mythologies.
Mythologie grecque
Lune = Artémis (déesse refusant la compagnie des hommes et munies d’un arc à flèche). Le clin d'oeil à Chikane est net : archère et amour lesbien.
Artémis représente également l’hésitation apparente entre le bien et le mal parmi toutes les divinités. Tiens, tiens, le mal est justement scellé sur la lune dans le manga… Chikane aurait-elle une part sombre et de ténèbre en elle ?
Mythologie hindoue
Lune = Soma (assez proche de Souma) et symbolise l'union entre les Hommes et les Dieux. Dans le manga, union entre les meccas et les prêtresses.
Mythologie japonaise
Lune = Tsuki-Yomi
Soleil =Amaterasu
1) La lune et le soleil ne peuvent jamais vivre ensemble, ils vivent donc en alternance.
2)Susanoo (frère de la lune et du soleil) banni des cieux
3)Susanoo tue l'Orochi -dragon à huit tête- et obtient l'épée Kusanagi no tsurugi ou originellement appelée Ama-no-Murakumo-no-Tsurugi
4) L'offre de cette épée à Amaterasu (soleil) marque la réconciliation entre le frère et la soeur.
Mes conclusions
1) Le manga s'inspire largement des mythes japonais car il fait référence à Susanoo et la fameuse épée pour tuer l'Orochi. Mais selon ces mêmes mythes, le soleil et la lune ne peuvent vivre ensemble. L'absence d'allusion à la lune lorsque Susanoo offre l'épée à Amaterasu me conforte dans l'idée que Chikane va se sacrifier. Sa mort serait-elle nécessaire à l'invocation de Susanoo pour apporter la paix dans le manga? Qui plus est, le sceau du mal se trouve sur la lune ce qui pourrait renforcer la nécessité du sacrifice de la prêtresse lunaire, celle-ci portant finalement une part du Mal en elle.
je vois ainsi Chikane mourir à la fin du manga. Mon pressentiment s’accentue encore avec le déni de l’amour Chikane pour Himeko. Celle-ci ne semble pas vraiment vouloir vivre sa romance avec Himeko.
2) Une autre référence : celle du jeu vidéo Final Fantasy X. Dans ce jeu, on retrouve le symbole solaire (le héros) et le symbole lunaire (l'héroïne). Une entité Sin ne peut être éliminée que par un Invokeur (l'héroïne et le symbole lunaire en l'occurence) mais revient à la vie tous les 10 ans. L'invokeur ne survit pas à la destruction temporaire de Sin, il doit donc se sacrifier pour apporter une paix de courte durée. Sin rappelle Orochi du manga qui revient inexorablement toujours à la vie. La malédiction dans le jeu vidéo est rompue par le sacrifice du héros, symbole solaire.
Alors aura-t-on droit au sacrifice ultime du soleil pour le salut de sa lune et la disparition définitive d’Orochi ?
Cela symboliserait la prise de responsabilité ultime de Himeko.
Au contraire aura-t-on droit au sacrifice de la lune pour son soleil et pour qu’elle puisse vivre son une idylle avec Souma ? Cela symboliserait l'existence de l’amour de Chikane pour Himeko mais amour qu'elle refuse de vivre en quelque sorte. Elle trouve donc son salut dans sa propre mort.
Quoiqu’il en soit, je reste persuadée que l’une des deux mourra après avoir avoué son amour à l’autre dans une scène à faire pleurer les chaumières. Ainsi, peut-être leurs prochaines réincarnations leur permettront de vivre enfin ensemble (bien qu'il faille rompre la malédiction de l'Orochi un jour ou l'autre...)
Pffffiou, ca y est, j'ai écrit un roman comme à mes habitudes. Désolée pour la longueur du post