Steven Universe

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Luck

Steven Universe

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Du 20 au 23 juillet dernier s’est tenue à San Diego la Comic-Con International, convention récompensant (notamment) les meilleurs comics, animes, mangas et séries d’animation de l’année, au terme des Eisner Awards.
Pour info et cette année, le prix de la meilleure anthologie de comics a été décerné à Love is Love, recueil dédié (jusque dans les bénéfices) aux victimes de la tuerie d’Orlando de juin 2016.

L’occasion surtout d’évoquer ici la (très) attachante série d’animation américaine Steven Universe, qui avait elle aussi son stand et ses fans à la Convention de San Diego.
Résumer Steven Universe est proprement impossible; ne pas en faire état sur un forum voué à la culture Lgbt relève en revanche de l’hérésie pure. : )

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En substance, cette série de science fantasy a été créée par Rebecca Sugar, trentenaire bisexuelle agacée par le matraquage des genres, et inspirée par les rêveries de son petit frère Steven Sugar.
La série, diffusée depuis 2013 sur la chaîne de télévision Cartoon Network, compte à ce jour cinq saisons (de 25 à 50 épisodes), chaque épisode durant une dizaine de minutes.
Série confidentielle dans les pays francophones, elle bénéficie en France du bénévolat déjanté et passionné d’un fanclub (présidé par un Lyonnais), qui propose via son site Steven Universe Fantasy (SUF) l’ensemble des épisodes et leur sous-titrage maison (sous-titrage des plus fins et intelligents puisque les jeux de mots sont surajoutés et explicités le cas échéant).

S’il faut tenter une entrée en matière… Disons que la série met en scène un jeune garçon, Steven, demi-humain orphelin (de mère), potelé, maladroit et bienveillant, aux côtés de trois drôles de dames (mères de substitution), Garnet, Amethyst et Pearl, gemmes de cristal extraterrestres humanoïdes à l'apparence féminine (mais pas que, leur corps étant assujetti à leur volonté, ce qui est intéressant, et les portant parfois à la fusion avec qui veut, ce qui est doublement intéressant). Tous quatre sont dotés de pouvoirs surnaturels et se trouvent en charge de missions assez spéciales visant, dans l’ordre, à protéger leur lieu de vie, la placide Beach City – bourgade de bord de mer qui ne s’inquiète que peu du remue-ménage de cette famille un peu dérangée (le maire étant obsédé par sa réélection et les habitants par la quiétude de leur commerce) – et, de façon plus générale… la Terre, perpétuellement menacée de tentatives de dévastation orchestrées par d’autres gemmes moins pacifiques. (Je fais court).
Steven, anti-héros par excellence, portant bas son jean et haut son tshirt rose à étoile jaune, se voit au fil des épisodes instruit de son passé, de ses pouvoirs et des choix personnels qui s’offrent à lui. Un comic d’initiation, donc, dont le propos et l’enseignement gagnent en subtilité, les saisons devenant plus denses et les épisodes, par leur thématique, plus ambigus et sombres, nonobstant l’aspect gentillet et les couleurs flashy de l’œuvre. Chaque personnage, sans surprise, révèle ses failles, faiblesses, sacrifices, dévotions et aspirations secrètes.

L’intérêt de cette étonnante série, au-delà de son humour barré, de sa poésie (partitions musicales comprises, très réussies), de sa sensibilité et de ses tentaculaires développements, tient dans son dessein militant queer, de l’esthétique au sous-texte. Ici, rien n’est convenu, à sa place, attendu, normé - sans drame pour autant. La différence (des corps, peaux, sexualités, systèmes de pensée, émotions) et un libre-arbitre total (dans l'identité mais aussi la perte d'identité et ses transformations) y sont revendiqués sans concession.
Le palpitant fait seul office de dynamo, en définitive, compose les familles et suggère les trajectoires personnelles. Une évidence mise en lumière avec ingénuité, à apprécier entre deux ou trois cookies cat. : )

J’ajoute pour le plaisir le teaser composé par l’association lyonnaise, qui proposait hier soir un livestream dédié à la Convention de San Diego de juillet (avec interviews - excellentes - de la créatrice Rebecca Sugar, et de la « voix » masculine américaine de Steven, Zach Callison).

Et un medley faussement metalleux et hargneux, où le talent des interprètes réside dans leur capacité à ne pas (trop) rire d'eux-mêmes (la hargne n'allant jamais bien loin, avec Steven Universe. Une chance). : )

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