Merci Aumai pour ces retours enjoués
Tu ferais une excellente ambassadrice pour aller distribuer nos livres au grand public !
Chrysalide a écrit :Je comprends donc que la complémentarité des écritures a contribué à vous aider mutuellement à avancer l'histoire et à aller au bout du bout. Je trouve aussi l'idée de départ de la variante du "cadavres exquis" très ludique et chouette. Mais ce que je continue à me demander, c'est par rapport aux deux styles ajustés. Est-ce que votre intérêt était d'ajuster le tout de manière à ce qu'il y ait l'impression qu'il n'y ait qu'une seule main à l'écriture? ou est-ce que vous avez fait en sorte de garder la touche de chacune et de garder un rythme binaire?
Pour répondre à ta question Chrysalide, en effet, le but pour nous est que cela ne se voie pas que nous l'avons écrit à 4 mains. Pour nous, la fluidité dans l'écriture est l'un des éléments clés. La fluidité est ce que nous recherchons quand nous lisons un livre, c'est vraiment l'un de nos critères de référence. Ainsi, il était primordial pour nous que cela ne se sente pas à la lecture que l'histoire à été écrite à deux, nous ne voulions pas que ça fasse buter le lecteur, que ça l'oblige à s'ajuster continuellement ou que ça lui provoque des ralentissements,... Il fallait donc que nos styles se fondent bien l'un dans l'autre.
Je pense qu'il y a deux choses - et je suis certaine qu'Isa viendra rajouter son point de vue si je n'ai pas tout dit ou si elle n'est pas tout à fait d'accord - qui ont permis ce mélange:
1/ tout d'abord, on est sur la même longueur d'onde et on sait ce que l'on veut pour cette histoire (et on veut la même chose bien sûr, sinon cela ne fonctionnerait pas), donc on sait quel rendu on souhaite et on oeuvre toutes les deux dans cette direction en faisant de notre mieux
2/ ensuite, on fait plusieurs relectures successives ou chacune reprend ce que l'autre a écrit, réécrit dedans au besoin, efface des passages qui semblent dissonants ou avec lesquels on est pas d'accord/pas à l'aise, on gomme si quelque chose est trop marqué dans le style (mais c'est plus rare car, au moment même d'écrire, c'est déjà un exercice de style où on écrit en se disant que ça doit fonctionner à deux et en imaginant à quoi ça devrait ressembler idéalement, on se corrige donc déjà soi-même pour gommer des tics de langage ou d'écriture)
Chrysalide a écrit :Pour la scène d'amour dans le second tome, chose qui est super délicate à écrire, à doser même, entre les détails les émotions et tout et tout et sa manière de voir les choses aussi assez personnelle au fond, je voulais savoir si vous étiez les deux à vous en charger de l'écriture de cette scène, ou si vous avez pratiqué la courte paille pour savoir laquelle allait la rédiger? ou peut-être que chacune a écrit sa scène d'amour de son côté et vous avez fusionné ensuite ce qui vous paraissait le mieux à retenir? (un peu comme si vos deux écritures avaient fait l'amour! :p)
Pour moi, l'écriture d'une scène d'amour est peut-être la chose la plus intime à écrire, on y met un peu de son intimité par le biais d'un personnage, du coup, quand deux auteures sont sur le coup, je suis intriguée par le choix et le dosage de chaque élément qui compose cette scène. Qui choisit qui dose comment? de manière à se dévoiler ou pas trop justement? enfin ce sont des petites questions que j'ai à l'esprit. : )
Quant à qui a écrit quoi, le but est que cela ne se sache pas, ou ne se devine même pas d'ailleurs! L'attribution des passages à écrire est très aléatoire et ne répond pas à une logique précise. Au début, on s'envoyait le texte, on écrivait un bout avant de se renvoyer la suite, et ainsi de suite, et les longueurs variaient d'un envoi à l'autre. Parfois Isa écrivait beaucoup, parfois c'était moi. Je me souviens qu'on se laissait volontairement des embûches en terme de scénario au tout départ, du style on finissait notre passage par un cliffhanger et on le renvoyait à l'autre en lui disant "bon courage avec ça"! C'était drôle, mais au-delà de ça on pensait surtout au lecteur: si nous-même ne sachions pas où allait l'histoire, il fallait redoubler d'ingéniosité pour donner suite aux éléments et ça allait forcément être une surprise et un scénario imprévisible pour le lecteur lui-même. À l'arrivée, nous voulions aussi faire quelque chose de dynamique et d'imprévu, que ça puisse surprendre. Par exemple, j'avais imaginé un personnage qui serait méchant, je lui avais attribué un comportement "louche", et malgré cela Isa y a vu un gentil et l'idée m'a séduite et nous sommes restées avec ce personnage "gentil". Comme dit dans l'interview, nous sommes toujours les premières surprises à la découverte de ce que l'autre a écrit !
Ensuite, quand on a cessé de fonctionner en "cadavre exquis" et que l'on s'est vraiment posées pour se dire "ok, on a des personnages, il leur est déjà arrivé quelques trucs, maintenant il faudrait vraiment poser ça à plat et cadrer leurs aventures de manière plus précise", on a écrit un scénario avec une trame et des scènes. Là, on a un peu pioché dedans pour chacune prendre des scènes qui nous donnaient envie. Encore une fois, le scénario n'était qu'une trame: au moment d'écrire ça devenait souvent différent que ce que l'on avait imaginé, plus profond, plus détaillé, plus long. C'est comme un relai: l'autre n'écrit que quand elle a reçu de le morceau précédent de son binôme, pour savoir d'où partir. Impossible de juste se dire "on écrit ça, ça et ça chacune de notre côté et ensuite on colle le tout pour former une histoire", un peu comme ce qu'ils font au cinéma en tournant les scènes à l'envers. Pour nous, ce n'est pas comme ça. Malgré le scénario et la trame, on continue à accueillir l'inspiration quand elle nous rend visite.
Concernant la scène d'amour (et oui, on y vient !), nos écritures n'ont pas fait l'amour, non ! Je pense vraiment qu'il ne faut pas voir les choses comme ça, même si c'est une vision poétique
Encore une fois, Isa peut venir le dire si elle n'est pas d'accord ou si elle voit les choses différemment, mais de mon point de vue, on écrit la scène d'amour comme on écrit n'importe quelle autre scène. C'est technique, on a un effet à rechercher, un équilibre à maîtriser. On n'y met rien de personnel, on y met notre coeur et notre énergie bien sûr, mais au même titre que n'importe quelle autre scène du roman. Je ne crois pas que ce soit le vécu qui puisse forcément rendre un livre réussi, la preuve avec l'héritage du pouvoir qui est du genre fantastique et qui décrit des personnages qui ont des aptitudes hors du commun qui n'existent pas et qui font des choses que nous n'avons jamais faites ou ne maîtrisons pas (par exemple la randonnée extrême ou les combats à l'épée). Nous recherchons la justesse psychologique des personnages et les scènes d'amour doivent être visuelles et arrivent comme une suite logique des événements.
Malgré la gêne qui peut exister lors de l'écriture d'une scène de sexe - et c'est humain je suppose -, c'est aussi notre parti pris de jouer la carte de l'érotique dans les scènes d'amour de nos romans, c'est ce qu'on demande autant que faire se peu aux auteures de Reines de coeur, alors il faut être honnête et être les premières à appliquer ces règles de notre côté ! Sans mauvais jeu de mot, il ne faut pas avoir peur de se mouiller ^^
Sans en dire plus, la scène du tome 1 a été écrite majoritairement par l'une d'entre nous, mais a ensuite été retravaillée par les deux avec ajouts et suppressions, tandis que la scène qui ouvre le tome 2 est un mélange de deux scènes écrites chacune de notre côté. Comme nous voulions redémarrer ce tome 2 sur les chapeaux de roue, la décision a été prise d'écrire chacune de notre côté pour l'ouverture du roman pour ensuite ne garder que la plus réussie des deux ou fusionner les deux. Comme ce n'est jamais facile de jeter, on a réussi à recomposer les deux scènes et on est assez contentes du résultat
Je crois que j'ai essayé de répondre à tout, mais si ce n'est pas le cas, il ne faut pas hésiter à me le dire.
Aumai77 a écrit :Chrysalide, tu devrais lire le premier tome...
Merci ! Je n'aurais jamais osé le dire mais puisque tu le fais à ma place... !
Sans plaisanter et sans nous faire de la publicité mal placée, si tu es vraiment curieuse et intéressée du rendu de l'écriture en binôme Chrysalide, il n'y aura pas de meilleur moyen pour toi de t'en faire une idée que de lire notre travail directement. Tu connais nos intentions mais cela ne gage pas de notre réussite, c'est au lecteur seul de s'en faire une opinion et d'en juger.