Gertrude Stein et Alice Toklas

C’est aussi à cette époque qu’elle découvre l’Europe.

Gertrude Stein arrive à Paris en 1903. Son frère la rejoint avec sa femme l’année suivante.

Gertrude Stein

Il lui fait rencontrer Vollard, un marchand de tableaux parisien qui est le seul à cette époque à posséder des tableaux de Cézanne. C’est à ce moment-là qu’elle achète son premier grand tableau et qu’elle commence à écrire, en 1905, un recueil de trois nouvelles : Three Lives. Elle rencontre aussi Pablo Picasso, alors en pleine période rose, qui la prend pour modèle en 1906.

Gertrude Stein

Elle s’est installée au 27, rue de Fleurus, dans un petit pavillon à deux étages et un très grand atelier attenant avec son frère et son épouse. Elle y vit en jeune artiste célibataire avec le couple et une domestique, Hélène, qui avait été au service de son frère aîné et de son épouse avant leur retour à San Francisco. Gertrude recevait tous les samedis soirs, principalement des artistes sans le sou qui font partie de l’avant-garde moderniste (Matisse, Braque, Picasso). Dans L’Autobiographie d’Alice Toklas, elle imagine la scène où Alice vient pour la première fois dîner chez elle : il pleuvait, elle était en robe de soirée, mais elle se rendit avec les autres invités et l’hôtesse dans le petit atelier aménagé avec du mobilier Renaissance, des livres et des tableaux accrochés sur tous les murs : des Cézanne, Matisse, Renoir, Gauguin, Vallotton et un Toulouse-Lautrec. On y trouve aussi un portrait de Gertrude Stein par Vallotton peint en 1906.

Gertrude Stein

Gertrude Stein et Alice Toklas s’installent ensemble au cours de l’année 1907.

Gertrude Stein

Alice Toklas venait de rompre avec son amie qui était repartie en Californie tandis qu’elle était restée à Paris, auprès de Gertrude. Elles vécurent ensemble 25 ans. Leur premier été, en 1907, elles partirent en Italie et découvrirent ensemble avec le frère de Gertrude les villes de Fiesole, Sienne, Rome. Il y eut bien sûr d’autres voyages, notamment en Espagne. Mais elles passèrent surtout l’essentiel de leur temps dans leur maison de Fleurus à recevoir de jeunes artistes prometteurs, surtout des peintres ou des sculpteurs et des écrivains. Les voici en 1908 à Paris.

Gertrude Stein

À l’été 1914, les deux femmes se rendent à Londres et à Lockbridge. Elles n’imaginent pas alors que la guerre va éclater en Europe. Pour revenir à Paris, elles sont obligées d’aller établir des passeports à l’ambassade américaine de Londres. Elles voyagent en bateau avec des soldats belges et passent l’automne 1914 dans un Paris déserté. À l’hiver 1914-1915, par crainte des attaques aériennes des zeppelins, la ville coupe l’électricité la nuit et devient complètement noire. Les deux femmes vivent avec une bonne bretonne, Jeann Poule, depuis 1913. Elles continuent à accueillir tous leurs amis de passage. Pour oublier la guerre qui est aux portes de Paris, dans la Marne toute proche, les deux femmes partent en Espagne à Palma de Majorque pour l’été 1915. Elles s’y installent et font venir leur bonne. L’hiver 1915-1916, toutes rentrent à Paris. Il n’y a plus de charbon et elles ont très froid. Elles parviennent toutefois à contourner les difficultés grâce à l’aide d’un sergent de ville qui leur apporte des petites commissions et des sacs de charbon pour améliorer leur confort. C’est à cette époque que Gertrude Stein apprend à conduire et propose des promenades à Alice à bord d’une Ford qu’elle apprivoise difficilement sur les Champs-Elysées. Les deux femmes ont des filleuls de guerre avec lesquels elles correspondent et qu’elles reçoivent parfois. L’hiver suivant, les deux femmes partent en voiture pour le Sud : elles vont à Perpignan, remontent sur Paris pour réparer leur voiture et redescendent à Nîmes où elles s’installent. C’est là qu’elles assistent à l’arrivée des troupes américaines. Elles participent à l’approvisionnement des hôpitaux de campagne et au transport des blessés dans leur propre voiture. Pour revenir à Paris, elles font un grand détour vers l’Alsace, reprise aux Allemands et rentrent enfin à Paris. Elles ne le reconnaissent pas : « C’était un nouveau Paris. Guillaume Apollinaire était mort. Nous vîmes un nombre énorme de gens, mais personne, si je ne me rappelle bien, que nous ayons connu avant la guerre ».

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