Plus qu’une simple question d’homoparentalité

Article lié à la série Nip/Tuck

Alors qu’Agatha, la jeune femme qu’ils ont opéré au cabinet est victime de nouveaux stigmates, Liz nettoie les plaies de cette dernière apparus sur ses pieds. Elles parlent d’enfants, du bébé de Liz et celle-ci déclare :

LIZ  : Je crois que mon bébé a quelque chose qui ne va pas. Je le sens. J’ai des pertes et mon médecin me dit que je dois avoir la foi, j’essaye mais j’ai besoin d’un petit coup de pouce. Agatha, vous connaissez l’histoire dans la Bible de la femme qui saignait tout le temps ? Cette femme avait dépensé tous ses biens et avait passé 12 années de sa vie à essayer de guérir de ses hémorragies. Elle n’avait pas le droit de toucher qui que ce soit ou quoi que ce soit, car ce qu’elle avait touché était jugé impropre. Elle était rejetée par la société.

AGATHA  : Comme moi.
LIZ  : Mais un jour, Jésus Christ vint prêcher et la femme, soudainement, étendit le bras pour le toucher. Elle était une des seules dans la foule à croire en lui et ses saignements cessèrent tout d’un coup. Et Jésus lui a dit : “Vis une vie confortable, ta Foi t’a rendue unique”.

AGATHA  : C’est une belle histoire.
LIZ  : Ce n’est qu’une histoire, Agatha ?
AGATHA  : Je raconte pas de bobards. Personne me croit.
LIZ  : Je ressens la même chose que Jésus Christ. Et je ressens la même chose que cette femme qui a besoin d’un miracle. S’il-vous-plait. Je veux croire en vous. J’ai tellement besoin de croire en quelque chose.

Liz a peur. Et parce qu’elle a peur, elle a besoin de croire que tout va bien se passer, que chaque chose à une raison d’être, qu’il existe une Force, un Dieu puissant et bienfaisant qui veille sur elle.

Un peu plus tard, Liz retrouve Agatha. Cette dernière lui demande où en sont les saignements. Liz lui avoue qu’ils se sont arrêtés à l’instant où Agatha l’a touchée. L’anesthésiste apparaît confiante et rassurée sur l’avenir de son enfant. jusqu’à l’appel du Dr Adams.

Liz est ensuite présentée chez sa gynécologue, en chemise d’hôpital. Elle est allongée en position gynécologique et elle subit ce que le téléspectateur découvre ensuite comme étant un avortement.

Un peu plus tard, de retour à la clinique où elle travaille, Liz croise Christian dans la pharmacie.

CHRISTIAN  : Il faut qu’on parle.
LIZ  : A propos de quoi ?
CHRISTIAN  : Que vous ne vouliez pas d’aide pendant votre grossesse, je comprends, mais une fois qu’on aura cet enfant, j’ai des droits ! Je veux le voir, je veux passer du temps avec lui. Vous ne pouvez pas me tenir à l’écart tout le temps, Liz. Ce n’est pas ce qui était prévu.
LIZ  : On n’avait rien prévu. Que ce soit du point de vue légal ou autre. On aurait probablement dû, mais… On improvisait plus qu’autre chose.
CHRISTIAN  : On improvisait ? Vous avez fait une fausse couche ?
LIZ  : Pas une fausse couche.
CHRISTIAN  : Vous vous êtes débarrassée de notre bébé et vous ne m’en avez pas parlé ?
LIZ  : C’est mon corps, Christian. Et ça allait être mon fardeau ! Alors épargnez-moi le sermon. Je vous connais, les voitures, les femmes, les maisons, vous aimez que tout soit beau. Je ne pense que vous ayez été dévoué à un enfant qui aurait attiré tous les regards, non pas à cause de sa beauté, mais à cause de son handicap.
CHRISTIAN  : J’aurais aimé cet enfant de toutes façons. Je vous aurais aidée. Ça n’aurait pas été facile tous les jours mais on s’en serait sortis !
LIZ  : Je n’avais pas cette foi, Christian. Quand je regardais au plus profond de moi, je ne voyais que des doutes. Je ne pensais pas être capable de prendre soin d’un enfant quand moi-même, je me sens si mal dans ma peau. Mon instinct était la seule chose en quoi j’aie eu foi. Et je me suis dit que je pouvais pas le faire.
CHRISTIAN  : Si vous ne vouliez pas d’un co-parent qui avait autant de droits que vous dans cette décision, pourquoi ne pas avoir choisi la solution de facilité et être allée dans une banque de sperme ?
LIZ  : Je voulais l’assurance que mon enfant aurait au moins un de ses parents qui serait beau ! Ça facilite la vie, vous l’aviez pas remarqué ?
CHRISTIAN  : C’est tout ce que j’étais pour vous, une belle gueule ? C’est tout ce que vous recherchiez en moi ?
LIZ  : La beauté est une chose que j’ai toujours tellement désirée et que je n’ai jamais obtenue ! J’en ai honte ! Mais c’est vrai !

Comment réagir face à un tel diagnostic, comment gérer le risque d’avoir un enfant handicapé, quelle décision prendre ? Autant de questions qui ont hanté de nombreuses personnes et de nombreux couples et qui existent de plus en plus de nos jours grâce aux avancées scientifiques. Comment appréhender l’inconnu, comment accepter d’avoir un enfant qui ne soit pas parfait, qui ne soit pas dans la norme en toute connaissance de cause ? Liz n’a pas pu alors que Christian réagit de manière totalement différente.

Et même si Christian donne l’impression qu’il aurait assumé un enfant handicapé, Il est impossible de blâmer Liz. Son choix est un choix personnel. Avorter ou garder l’enfant, les deux choix comportent leur lot de risque et de souffrance. Les deux choix se justifient. Le téléspectateur se trouve là au cour d’un débat éthique.

Au cours de cet échange, Liz souffre. Elle souffre terriblement et pour se protéger et peut-être aussi pour se venger, elle fait à son tour souffrir quelqu’un qui lui est proche, Christian en l’occurrence. Mais quelque part, elle est extrêmement honnête. Parce que ce n’est pas la première fois qu’elle déclare ne pas se trouver belle. Elle semble réellement avoir été blessée par le regard des autres lorsqu’elle était plus jeune.

Nip/Tuck est une série qui ne se contente pas d’aborder un sujet à la fois mais les traite tous ensemble. Lorsque Liz décide d’être enceinte, ce n’est pas uniquement l’homoparentalité qui est abordée mais aussi la limite d’âge de la procréation, le culte du corps, la possibilité d’avoir un enfant handicapé et la manière d’aborder ce risque.

Une trame multiple riche et intelligente pour un personnage hors du commun. Même si Liz n’est qu’un personnage secondaire, elle demeure l’une des lesbiennes à la télévision qui possède les histoires les plus intéressantes à l’heure qu’il est. En effet, Nip/Tuck est une série juste qui réserve le même traitement à tous ses protagonistes.

Une série surprenante qui a repoussé les limites du visible à la télévision. Les trames sont riches, intéressantes, intelligentes et créatives. Nip/Tuck a même osé aller plus loin en faisant de Famke Janssen une transsexuelle et en permettant à un homme de se faire greffer deux implants mammaires. Oui, ils ont osé.

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A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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