Marthe Hanau (1886-1935), la Banquière des années folles

Marthe Hanau est libérée sous caution de 200 000 francs. Elle promet de rembourser tous ses clients. Elle tente de se relancer, mais le contexte financier a changé. En 1929 et en 1930, les premières faillites de banque font scandale. Marthe Hanau ne peut tenir sa promesse. Elle est donc arrêtée une deuxième fois en pleine crise boursière et économique et elle est condamnée à deux ans de prison ferme le 29 mars 1931. Marthe Hanau fait appel : mais, en juillet 1934, la cour d’appel alourdit la peine prévue. Marthe est condamnée à 3 ans de prison. Elle est immédiatement incarcérée à la prison de Fresnes. Le 14 juillet 1935, elle se suicide dans sa cellule en avalant un tube de véronal : un somnifère puissant de la famille des barbituriques.

Elle laisse cette lettre à sa compagne : «Ma faiblesse fut et reste mon «désarmement», parce que je n’ai pas su conserver ce seul engin moderne : l’argent, l’argent, l’argent. Et j’ai la nausée de l’argent, de cet argent qui m’écrase. J’ai le dégoût d’en gagner, sinon l’impuissance. Je ne regrette pas, en 1928, de leur avoir jeté tous ces millions que je pouvais, à leur manière, garder, et je ne regrette pas d’en avoir tant distribué à des félons et à des renégats…Je me libère, comprenez-vous ? Je ne souffrirai plus de rien, je ne souffrirai plus jamais… Je vous écris cependant et, comme il vous plaira, ou de Sirius, ou de la montagne de Lucrèce, et je reste insensible aux interprétations de demain. Je veux que mon corps soit incinéré par des mains mercenaires et les cendres jetées aux quatre vents ».

En tant que pénitentiaire, elle eut droit à la fosse commune.

Voici comment l’industrie du film dans les années 1980 a voulu relire cette vie, à partir de la biographie de Daniel Desanti intitulée La Banquière des années folles, publiée dans les années 1960 :

Marthe Hanau

Marthe Hanau a été ressortie des placards il y a peu par la presse qui l’a alors plutôt comparée à Jérôme Kerviel ou au banquier Madoff.

Garçonne à coup sûr, bisexuelle selon nos catégories actuelles, elle ne fit pas mystère de ses amours saphiques à une époque où bien que très mal vues, elles étaient tolérées pour la grande bourgeoisie. On peut penser ce qu’on veut de sa vie, mais les déchaînements que provoqua la « Banquière » éclaire sur l’antiféminisme, l’antisémitisme et sur les rapports complexes que les Français entretiennent avec l’argent, le pouvoir et les femmes dans les années 1920-1930.

(1) Dr Henri Drouin. Femmes damnées, essai sur les carences sexuelles féminines dans la littérature et dans la vie. Nouvelle édition, Paris, la Vulgarisation scientifique, 1945.

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