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En 1920, la dernière fugue que Violet concevait de manière romantique comme des enlèvements se termina par un scandale à Amiens. Denys et Harold intervinrent et les deux femmes rompirent. Temporairement. La passion est trop forte et les deux femmes ne peuvent se passer longtemps l’une de l’autre. Violet inonde Vita de lettres de reproches et de passion. Vita ne peut s’empêcher de faire des escapades pour retrouver Violet. En 1921, après une ultime fugue de six semaines, Harold menaça Vita de divorcer si elle ne revenait pas au domicile conjugal. Vita préféra rentrer en Angleterre. Les deux femmes s’éloignèrent alors vraiment l’une de l’autre et purent se reconstruire.
Voici un très beau portrait photographique de Vita en 1924.
En 1923, Violet entama une relation durable et moins tapageuse avec la riche héritière des machines à coudre Singer, Winnaretta. À la fin des années 1920, Vita rencontra pour sa part Virginia Woolf avec laquelle elle eut une aventure, mais Virginia n’était pas très éprise et sans doute y avait-il une rivalité de talent. Vita inspira néanmoins à la romancière le personnage d’Orlando. Elle fit aussi une place à Violet dans son roman : signe que cette histoire obsédait encore Vita ?
En 1928, à la mort de son père, il ne lui fut pas possible de devenir la nouvelle maîtresse du château de Knoles. Vita acquit donc en 1930, avec Harold, le château de Sissinghurst, non loin de là. Le couple avait acquis une ruine. Ils eurent à cœur de restaurer le château et de créer puis entretenir un magnifique jardin.
La fin des années 1920 et le début des années 1930 correspondent aussi au temps de l’écriture de ses œuvres les plus célèbres. Vita fut une romancière à succès, surtout connue pour son roman The Edwardians, publié en 1931.
Vita eut d’autres aventures et fit d’autres conquêtes mais vécut toute sa vie avec Harold Nicolson. Elle vécut le reste de sa vie à Sissinghurst, entourée de ses chiens, vivant dans la nature, créant et cultivant son jardin ou bien plongée dans l’étude et l’écriture.
Cette femme, blessée par les lois excluant les femmes de la succession, prisonnière quoi qu’on en dise de l’institution du mariage, s’en sortait par un sentiment très fort de supériorité de classe, de sentiment et d’esprit, entretenu par l’admiration de Violet. Voici ce qu’elle écrivait à son mari, Harold, sur le mariage :
The whole system of marriage is wrong. It ought, at least, to be optional and no stigma attached if you prefer a less claustrophobic form of contact. For it is claustrophobic. It is only very, very intelligent people like us who are able to rise superior; and I have a suspicion, my darling, that even our intelligence…wouldn’t have sufficed if our temperamental weaknesses didn’t happen to dovetail as well as they do…In fact our common determination for personal liberty: to have it ourselves, and to allow it to each other.
Tout le système du mariage est faux. Il devrait au moins être optionnel et sans stigmate si vous lui préférez une forme moins claustrophobe de contact. Car il rend claustrophobe. Seuls des gens très très intelligents comme nous peuvent le dépasser ; et j’ai l’impression, mon cher, que même notre intelligence… n’aurait pas suffit si nos faiblesses de tempérament n’y avaient pas concouru comme ils l’ont fait… En fait, c’est notre commune détermination à la liberté personnelle : l’avoir pour nous-mêmes et permettre à l’autre de l’avoir.
Vita a donc choisi de vivre sa vie sentimentale et sexuelle à l’intérieur de cadres contraignants qu’elle a pu assouplir avec l’assentiment de son mari. Exaltée par Violet, elle a sans doute aussi été effrayée par sa manière romantique et exclusive de concevoir la vie amoureuse. Sa seule relation durable a été avec Harold Nicolson avec qui elle a tout partagé. En revanche, elle quitta Violet dès qu’elle apprit que celle-ci avait consommé son mariage avec Denys Trefusis…
Les deux femmes se revirent en 1940, pendant la Seconde Guerre mondiale. Elles continuèrent à s’échanger des lettres affectueuses. Pour Nigel Nicolson, le fils de Vita, leur histoire fut centrale dans la définition des règles du mariage de ses parents.