Comment T’Oublier

les histoires d’amour finissent mal, en général…

Affiche : Comment T’Oublier

Année de Production : 2010

Date de Sortie : 15 Octobre 2010

Réalisation : Malu De Martino

Scénario : José de Carvalho, Sabina Anzuategui

Avec : Ana Paola Arósio (Júlia), Muril Rosa (Hugo), Natália Lage (Lisa), Arieta Correia (Helena), Bianca Comparato (Carmem Lygia), Pierre Baitelli (Nani), Regina Sampaio (Selma), Marília Medina (Tutty), Gillray Coutinho (Honorio), Analú Prestes (Donna Laura), Ana Kutner (Monica), Ana Baird (Joana), Lia Racy (Gina), Miriam Juvino (Claudia), Roberto Lobo (Gerente de Banco)

Nationalité : Brésilienne

Genre : Drame

Durée : 1h 40min.

Titre Original : Como Esquecer

Comment T’Oublier : Résumé

Jùlia, une professeure de littérature anglaise de 35 ans, tente de réapprendre à vivre lorsque sa longue histoire d’amour avec Antonia prend fin. Subissant de plein fouet la perte de ses repères, tout la ramène sans cesse à ses souvenirs passés. Adapté du roman de Myriam Campello, Comment t’oublier, à travers le destin de ses différents personnages, traite de la souffrance liée à la séparation.

Jùlia, une professeure de littérature anglaise de 35 ans, tente de réapprendre à vivre lorsque sa longue histoire d’amour avec Antonia prend fin. Subissant de plein fouet la perte de ses repères, tout la ramène sans cesse à ses souvenirs passés. Adapté du roman de Myriam Campello, Comment t'oublier, à travers le destin de ses différents personnages, traite de la souffrance liée à la séparation.

L'avis d'Univers-L

Scénario/Réalisation
Casting
Lez/Bi Quantité
Lez/Bi Qualité

Résumé : Torturé mais touchant.

Note des lectrices : 1.55 ( 2 votes)
64

Ça commence par un film de vacances, un de ces films mal cadrés, qui donnent le mal de mer et parlent à tous les amoureux du monde. À l’écran : soleil, chanson joyeuse, des fleurs aux couleurs éclatantes et cette jeune femme souriante, telle une muse dont le caméscope fige à jamais les éclats de rire. Rapidement pourtant, le ciel s’assombrit, le visage se crispe, la chanson se fait supplique. Après dix ans de vie commune, Antonia quitte Jùlia, laissant cette dernière dans le désarroi le plus total. Le choc de la rupture passé, c’est tout un univers qu’il faudra reconstruire.

On retrouve donc Jùlia amaigrie, le teint terne et la mine lugubre. Difficile de croire qu’il y a peu, elle était encore cette jeune femme pleine de vie sur la vidéo. À ses côtés, son entourage est là pour la soutenir : ses amies (mais beaucoup sont en couple) et Hugo qui est comme un frère depuis qu’elle l’a aidé à remonter la pente lorsque son compagnon Pedro est décédé un an plus tôt. Jùlia n’est donc pas seule. Encore faudrait-il qu’elle accepte les mains tendues. Noyée par le chagrin et les souvenirs qui la hantent, cette forte tête que l’on accuse souvent à tort d’être égoïste à cause de son apparente froideur préfère se replier sur elle-même plutôt que d’écouter les bons conseils qu’elle avait autrefois prodigués. Dans ces conditions, Hugo devra déployer des trésors d’ingéniosité pour l’amener à emménager avec lui, dans une vieille maison au bord de la mer, qui sera le premier pas vers la guérison.

Si Comment t’oublier traite d’un thème universel – le chagrin d’amour –, il se distingue par le ton doux-amer qui s’en dégage. Ici, pas de mélo : le désespoir le plus noir côtoie la poésie et ce n’est pas un, mais trois personnages qui seront amenés à faire leur deuil. Et dans ce film pourtant dramatique, on se surprend à rire plus souvent qu’à pleurer. La faute à une pléiade de personnages secondaires tous plus vrais que nature. De Lisa, la paumée au cœur tendre larguée au pire moment qui soit, à Carmem Lygia, l’élève zélée amoureuse de sa prof, qui la traque et lui offre des DVD de Sarah Waters, en passant par Helena, l’artiste peintre éprise de liberté : tous contribueront à cette reconstruction.

Oublier… Jùlia ne le souhaite pas vraiment. Elle passera d’abord par une longue phase de souvenirs. « Connais-tu quelque chose de plus réel qu’un fantôme ? » demandera-t-elle à Hugo. L’absence presque totale de musique fait la part belle aux dialogues intimistes, à l’introspection, mais toujours sur un ton léger. « Quel est le contraire de l’amour ? Certainement pas la haine. » Si Jùlia se réfugie d’abord dans des comportements extrêmes (elle a besoin de ressentir la douleur dans sa chair, autant que dans son âme), elle trouvera aussi dans cette vieille maison devenue “auberge espagnole”, où les « pleureuses » ne manquent pas et où l’aveugle guide le paralytique, la chaleur du troupeau, le réconfort mutuel. Car Jùlia, c’est un peu le renard de Saint Exupéry, il faudra qu’elle se laisse apprivoiser par d’autres avant de pouvoir apprivoiser sa propre peine. Et si elle reproche à Hugo ses excès de fête et d’alcool, sa perpétuelle fuite en avant, elle comprendra bien vite qu’il n’y a pas qu’une façon de faire son deuil ; chacun porte sa croix, certains savent simplement mieux le déguiser que d’autres… Et dans ce domaine, comme le dit l’adage, on peut fuir, mais on ne peut pas se cacher : lorsqu’on nie sa douleur, elle finit toujours par vous rattraper.

Oublier… Et si, contrairement au titre du film, il ne s’agissait pas d’oublier, mais juste de lâcher prise ? Si la libération ne venait pas de l’oubli mais de l’acceptation… « Redevenir un livre blanc. Ne plus dépendre du cœur de quelqu’un d’autre, ne plus avoir ce fil invisible qui vous relie à un autre corps… » Tout un parcours initiatique jusqu’à l’apaisement, la redécouverte des couleurs,  la vie qui reprend ses droits, l’envie d’aimer, à nouveau.
Ce long cheminement intérieur qui mènera Jùlia sur la voie de la renaissance est traduit avec brio grâce à une magnifique utilisation des rythmes. Le film, espiègle et entraînant dans les premières minutes, laissera rapidement place à une certaine lenteur, une apesanteur. Suspendue dans sa douleur, qu’elle recherche autant qu’elle fuit, Jùlia est imperméable aux couleurs, aux sons, aux parfums. Elle est en pilote automatique, parce qu’il faut bien continuer à vivre et chaque action du film se calque sur ses sentiments, sur les battements de son cœur meurtri.
Et c’est là tout l’art de la réalisatrice Malu De Martino : nous permettre d’être les témoins de la lente évolution de Jùlia et de son environnement, au travers de mille détails subtils : le changement des saisons, les couleurs qui peu à peu deviennent plus chaudes, la redécouverte de la mer, de la cuisine, un chaton (symbole de vie) qui choisit d’élire domicile dans leur maison. Autant de métaphores qui servent avec justesse l’intrigue quand les mots sont devenus inutiles.

En conclusion, Comment t’oublier est un film envoûtant, porté par des acteurs magistraux et à l’honnêteté désarmante. Une œuvre dont le sujet universel lui garantit de rester intemporelle et offrant une diversité de personnages telle que chacun s’y reconnaîtra forcément.

Comment T’Oublier : Critiques Presse et Récompenses

Projeté au Festival du Film du Brésil (2011).
Projeté au Festival International de courts-métrages gay et lesbiens de Cardiff [Iris Prize] (2011).
Sélection officielle au Festival International du film Gay et Lesbien de Tampa (2011).

Projection au 3ème Festival du Film Brésilien de Londres (2011).

Comment T’Oublier : Extraits

JÙLIA : Le pire moment, après avoir pleuré des rivières, c’est devoir l’annoncer à tout le monde, puis prétendre qu’on va bien et que tout est rentré dans l’ordre… alors qu’il n’en est rien.

JÙLIA : Je songe à sortir un livre : « Comment perdre l’amour de sa vie et huit kilos en une semaine. »

JÙLIA : Pourquoi ai-je passé toute ma vie à attirer des gens optimistes, qui n’arrêtent pas d’essayer de me convaincre que rien n’est jamais perdu ?
HUGO : Question de symétrie…

HUGO (les bras chargés de vieilleries qu’il a ramassées autour de la maison) : C’est bon, j’ai déjà commencé la collecte. Je vais me spécialiser dans le recyclage. Et je vais devenir “poubellologue”, comme ton ex.
JÙLIA : Elle n’était pas “poubellologue”. Elle est ingénieure environnementale spécialisée dans les déchets urbains.

JÙLIA (par mail, à Antonia) : Si je prends la peine de t’écrire c’est pour te dire de ne plus me téléphoner à la maison sans prononcer un mot. La lâcheté a ses limites.

HUGO  (à Lisa) : On parle de Jùlia, tu dois y aller doucement. La mer et manger décemment le même jour, c’est beaucoup demander !

A propos de Magali Pumpkin

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