Interview de la chanteuse Brandi Carlile

Interview de la chanteuse Brandi Carlile

Interview accordée à Lesley Goldberg le 22 Mars 2010 pour le site Afterellen.com

Brandi Carlile a un rencard. Bon, un de ceux qui durent un an en tout cas. La chanteuse et parolière ouvertement lesbienne fait une tournée à travers les États-Unis pour promouvoir son troisième album studio Give Up the GhostMais les dates qui la rendent la plus enthousiaste concernent une tournée de concerts estivaux dans le cadre du nouvellement restauré Lilith Fair(1) de Sarah McLachlan, un festival auquel Carlile n’a pas seulement assisté, mais qui l’a aussi, selon elle, aidée à bâtir sa carrière.

(1) [Lilith Fair est un festival de musique féminin créé par Sarah McLachlan en 1996. L’originalité de ce festival consiste en la mise en scène d’artistes uniquement féminines qui se produisent en alternance de Seattle à Vancouver en passant par Boston et d’autres villes.]

AfterEllen.com s’est entretenue avec Carlile à propos du Lilith Fair, de sa carrière post coming-out et de la campagne menée par ses fans pour l’avoir dans le Ellen DeGeneres Show

La chanson “The Story” vient juste d’être reprise dans American Idol. Quelle a été votre réaction ?

J’ai eu vent de ça. J’ai été vraiment flattée et ça m’a vraiment rendue heureuse de voir quelqu’un chanter cette chanson. La chanteuse l’a reprise plus sous la forme d’une ballade. Je suis réellement contente d’entendre quelqu’un qui a été suffisamment inspiré par la chanson pour prendre ce risque.

Pensez-vous que la campagne Facebook aidera à vous voir apparaître dans le show d’Ellen DeGeneres ?

Ma petite amie m’a raconté ça ! Je n’y avais pas réfléchi. J’adorerais faire le show d’Ellen ; quel impact ça aurait. Ce serait un jour fantastique.

Beaucoup de vos rêves professionnels se sont réalisés cette année : enregistrer avec Elton John, être invitée à vous produire dans le Grand Ole Opry(2)  et faire la tournée avec Lilith Fair. À quel point étiez-vous enthousiaste lorsqu’on vous a demandé d’y participer ?

(2) [Le Grand Ole Opry est un programme radiophonique live hebdomadaire qui a lieu tous les samedis soir. Il est diffusé sur les ondes de la WSM (une radio de Nashville, Tennessee) et retransmis à la télévision sur “Great American Country network”. C’est le plus vieux programme diffusé sur les radios des États-Unis puisqu’il est en place depuis le 18 octobre 1925.]

J’étais vraiment touchée parce que Lilith Fair a totalement forgé le style d’artiste que je suis. Les raisons les plus évidentes étant que j’ai assisté à tous les Lilith Fair, que j’ai fait partie de toute cette conscience sociale et de tous ces merveilleux spectacles. J’étais sur le terrain avec tous les festivaliers et je tenais ma place dans le rang.

J’appartenais à cette culture qui a émergé pendant ces quelques années mais au final, même si je n’avais jamais assisté à aucun Lilith Fair, les festivals de musique auraient influencé ma carrière parce qu’ils ont ouvert la voie à des filles comme moi, de mon âge, qui font de la musique en ce moment.

Quelle importance ont des festivals comme Lilith et le True Colors(3)  de Cyndi Lauper pour les artistes sortis du placard ?

(3)  [Sortie de l’album True Colors de Cyndi Lauper en 1986, dont le titre phare, “True Colors”, deviendra plus tard un hymne de la communauté gay et lesbienne.]

Ils sont indispensables parce que ce genre de festivals a pour but de combler les fossés. Pas seulement les fossés entre les personnes gay et les hétéros mais aussi les fossés entre les femmes âgées et les femmes plus jeunes, entre hommes et femmes même; le fossé des générations, le fossé entre les genres, les divisions raciales. Toutes ces choses apparaissent au grand jour lors du Lilith Fair.

Il y aura de la country, de la soul, du rock’n roll, de la folk Il y a aura l’ancienne génération, la jeune génération, des artistes homos et hétéros. Les hommes eux aussi vont vouloir sortir pour venir voir ces femmes se produire sur scène parce que l’écart se réduit dans l’opposition des sexes. C’est une époque formidable à vivre.

Avec quelles artistes êtes-vous impatiente de vous produire ?

J’ai fait la connaissance de Miranda Lambert. Je trouve qu’elle a beaucoup de détermination dans le monde de la country. Elle est solide et elle maîtrise un nouveau style de musique country qui lui est propre. J’adorerais chanter quelque chose avec elle.

Qu’a pensé votre mère -qui est chanteuse de country- de votre invitation à vous produire au Grand Ole Opry ?

Elle a du mal à s’en remettre. J’ai acheté un billet d’avion pour chaque membre de ma famille pour qu’ils viennent me voir. C’est quelque chose d’énorme pour ma famille. Le Grand Ole Opry était une référence dans mon enfance et ça signifiait énormément pour ma mère que je sois invitée à y participer. Ça signifie énormément pour moi d’y être admise. Ça veut dire que les temps changent.

Vous venez juste de dévoiler les dates de votre tournée via le Royaume Uni, l’Irlande et l’Europe qui durera de mi-avril à mi-mai. Des projets de tournée en solo après cette période ?

Nous allons faire la tournée durant tout l’été. Nous faisons le Newport Folk Festival, Telluride, Bonnaroo ; et pour l’automne, nous préparons une compilation de spectacles symphoniques. Nous allons aller à Denver, Cedar Rapids ; nous allons jouer des concerts symphoniques. Nous allons traverser quelque chose comme sept, huit ou neuf villes avec leurs orchestres locaux. Ça va être un sacré défi de jouer avec un orchestre symphonique. Si vous trouvez que “The Story” est épique, imaginez donc avec un orchestre de 40 personnes derrière.

Dites-moi que le Hollywood Bowl de Los Angeles en fera partie…

Je ne crois pas être assez cool pour jouer au Hollywood Bowl !

Le week-end du Dinah Shore approche. Vous a-t’on déjà demandé d’y jouer par la passé ?

Ouais. On m’a demandé d’y jouer l’année dernière; j’étais déjà prise.

Comment vous est venu le Valentine’s Day épisode, XOBC

De l’ironie du fait que même si ma vie en dépendait, je suis incapable d’écrire une chanson d’amour. Du fait que personne ne fasse un album de la Saint Valentin, et que nous voulions aborder quelques chansons. Nous avions cette chanson “Love Song” depuis longtemps et c’est une chanson vraiment spéciale et je ne voyais pas comment l’utiliser.

La vidéo de “Heaven” qui en est extraite, c’est 4 minutes de pure comédie. Quelle est l’histoire derrière tout ça ?  

(Rires) C’est l’une de mes meilleures amies de lycée, Nicole Hohn. Je trouve qu’elle est tout à la fois belle, charmante et absolument répugnante. Elle est toujours en train de faire ce drôle de truc où elle campe une hétéro des années 80, répugnante et guimauve.

Je voulais qu’elle essaie de retranscrire ça dans le clip et elle a fait un truc formidable. Notre éclairagiste, Mario Marchio a joué l’objet de son affection. Rien que la scène du rouge à lèvre et l’avion en papier et la danse et le secouage de cheveux -elle est célèbre pour ses secouages de cheveux-. C’est tellement repoussant, pas vrai ?

Vous avez aussi récemment sorti la vidéo du second single tiré de Give Up the Ghost, “That Year” qui traite du suicide d’un ami. Pourquoi l’avez-vous choisi comme second single ?

Je suppose que je suis comme ça. Je pense que c’est une bonne chanson. Les gens aiment la mélodie et le rythme et ils portent en quelque sorte la chanson. J’ai juste pensé que c’était un bon choix. Le label est en grande partie à l’origine de ce choix. J’ai été très impressionnée que Columbia prenne cette décision; je trouve que c’est un choix courageux pour un label renommé. Je veux dire, vous prenez un grand label et c’est tellement souvent qu’ils veulent entendre un single dans la norme alors que Columbia est du genre : “Non, nous trouvons que c’est la meilleure chanson, quels que soit le tempo ou le format radio.”

* Source : Wikipédia

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