Portrait of a Serial Monogamist : Interview de Vanessa Dunn, l’interprète de Lolli

Vanessa Dunn - portrait of a serial monogamist

Interview accordée à Daniela Costa le 28 janvier 2016

La voix et le visage de Vanessa Dunn sont très connus de la scène homosexuelle torontoise, mais les lecteurs d’AfterEllen se souviennent peut-être d’elle grâce à B.J. Fletcher: Private Eye. Maintenant, avec son dernier rôle dans Portrait of a Serial Monogamist, elle va attirer l’attention d’encore plus de femmes homosexuelles.

Nous avons récemment discuté avec Vanessa avant son voyage à Los Angeles pour la première de ce film. Mis à part son expérience de réalisatrice, nous avons aussi parlé de ses jours à B.J. Fletcher: Private Eye, de sa désillusion concernant l’industrie du cinéma, de son groupe Vag Halen et du travail associatif qu’elle fait avec les personnes âgées LGBTQ.

Je dois tout de suite vous mentionner le fait que beaucoup de nos lecteurs vous reconnaîtront grâce à votre rôle de Jenna de la websérie B.J. Fletcher: Private Eye. Quelles sont certains de vos meilleurs souvenirs de cette websérie ?

Juste le fait de travailler avec Regan [Latimer], Lindy [Zucker] et Dana [Puddicombe]. C’était une expérience vraiment sympa. Je n’ai jamais eu l’impression de travailler. Enfin si, mais pas vraiment. On est toujours toutes amies. C’était vraiment quelque chose de sympa à faire avec des amies. Du temps a passé et maintenant je réalise vraiment la puissance de l’écriture. Je crois que, comme à l’époque c’était très indépendant et que les webséries étaient une nouveauté, tout particulièrement pour moi, cela a semblé frais et original. Les choses étaient faites très rapidement, notamment parce que nous avions un budget extrêmement faible. Mais lorsque je prends du recul sur les épisodes, je réalise que l’écriture était très intelligente et que la websérie était très drôle. Je réalise à quel point elle était typique de Regan et Lindy, de leur type d’humour. Je me suis éclatée.

En dehors de vos occupations d’actrice, vous êtes également la chanteuse de Vag Halen, un groupe entièrement féminin que j’ai vu décrit comme un « groupe de reprise féministe, queer et rock ». Pouvez-vous nous dire de quoi il s’agit ?

Nous sommes toutes homosexuelles, toutes féministes et toutes des femmes. On prend ce qui est en général considéré comme le standard de la musique rock, genre qui est attribué aux hommes blancs, cis et hétéros, et on le renverse.

Nous sommes vraiment un groupe fait pour le live. C’est une vraie expérience live. C’est super queer, super punk et super metal, et oui, ça vient juste de décoller. Ça a en quelque sorte débuté comme un projet artistique entre ma femme et moi et quelques amies nous ont rejointes en marche. On continue de s’agrandir et de devenir plus complexe.

Avant de créer votre groupe vous n’aviez même pas vraiment de passé de chanteuse. D’où est venu ce besoin d’expression créative ?

La performance. Je trouve l’industrie du cinéma très limitée dans la manière dont ils vous voient et dans la manière dont vous êtes représentée. Je commençais à désenchanter avec l’industrie du cinéma. J’ai toujours été impliquée dans le théâtre et dans les activités de performances artistiques. Ma femme était musicienne, ça m’a donc simplement semblé être une vraie opportunité pour faire quelque chose de sympa et de différent tout en y ajoutant un côté performance. Je n’ai pas vraiment beaucoup pensé au chant. Je me suis dit « Bon, ça viendra. Je travaillerai dessus et ça viendra ». Et quelque part, c’est venu. Enfin, j’ai beaucoup travaillé, mais c’est le genre de musique avec lequel je m’en sors. Vous savez, j’ai une voix très rock, je n’ai pas une jolie voix de rossignol. Même lorsque je parle mon timbre de voix est grave. Je n’avais pas vraiment cette qualité féminine, donc ça allait parfaitement avec ce genre-là. Je crois que j’ai juste apporté un côté performance. Très rapidement tout s’est mis en place. C’est politique, c’est moi sur scène, mais c’est aussi une espèce de personnage.

Vous avez créé un personnage, pas vrai ? Vee Stunn ?

Oui.

Est-elle un peu comme la Sasha Fierce de Beyoncé version homo, féministe et rock ?

C’est marrant, j’ai fait un atelier pour le Girls Rock Camp de Toronto [ndlt : une communauté musicale qui valorise les jeunes s’identifiant comme femmes, les trans* et les sans genre à Toronto] et nous avons discuté de la différence qu’il y a entre une personne et un personnage. Et cette gamine de sept ans disait « Je ne comprends pas. Pourquoi ne peut-on pas être notre personnage tous les jours ? ». J’ai répondu « C’est une putain de bonne question ». Pourquoi les femmes ne pourraient pas être leur personnage tous les jours ? Et la réponse est ce qu’elle est toujours : la société de nous l’autorise pas sans nous faire sentir que l’on court le risque de trop parler ou que notre façon de nous habiller provoquera des interactions violentes ou simplement des interactions. Donc vous savez, c’est le personnage. Ce personnage est exactement comme Sasha Fierce, c’est seulement une autre facette de vous-même. Lorsque vous créez ce personnage vous avez l’impression que la scène est un lieu sûr incroyable. En tout cas, aussi sûr que tout endroit puisse l’être pour une femme. Une femme homo.

Mais c’est aussi beaucoup d’amusement. Vous n’avez pas besoin de me forcer à faire la fête, j’ai l’opportunité de faire la fête avec tout le monde sur scène. Peut-être que Vee Stunn est une excuse pour pouvoir faire la fête sur scène plutôt que sur le sol.

Pour en revenir au jeu d’acteur et aux opportunités que vous avez eues : comment vous êtes-vous retrouvée impliquée dans Portrait of a Serial Monogamist ? Vous connaissiez déjà plusieurs des femmes impliquées dans le film, pas vrai ?

Oui, je les connaissais grâce à la scène homo. Je crois que Coco et Carolyn Taylor ont en quelque sorte conseillé à Christina [Zeidler] de me choisir pour le rôle de Lolli. Donc je suis allée passer une audition. Et je crois que, je ne sais pas, je veux dire, il faut que vous les inspiriez, mais je crois que, de ce que j’ai compris, elles ont rapidement su que j’allais être Lolli. Elles ont donc commencé à faire entrer des candidates pour le rôle du personnage principal pour qu’elles passent les auditions avec moi afin de voir qui pourrait me courtiser dans certaines scènes. Je ne le savais pas à l’époque, mais oui, je crois que j’ai eu le rôle assez rapidement.

Donc en gros une ribambelle de femmes a défilé et a essayé de vous draguer ?

Oui, non, pour de vrai. C’est vraiment ce qu’il s’est passé. Je n’en avais aucune idée. Ils m’ont demandé de revenir pour ces tests et il y avait réellement ces files, des files de femmes. Et c’était une scène de baiser. C’était vraiment une dure journée de boulot.

À propos, ça ne m’arrive jamais à moi, ça.

Ah, vous êtes dans le mauvais secteur d’activité, mon chou.

A propos de Lou Morin

Traductrice Anglais/Français

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