Le Rempart des Béguines : Quatrième de Couverture
Quel miracle arrachera Hélène à cette solitude qui l’étouffe dans la grande demeure de pierre où elle vit en compagnie de son père veuf ? Pris entre ses affaires et sa maîtresse, René Noris n’a guère de temps à lui consacrer. La ville jase de sa liaison avec Tamara Soulerr, mais les 15 ans d’Hélène ne s’en choquent pas. Au contraire, ce nom de Tamara l’intrigue, l’attire, lui donne à rêver.
Elle saisit le premier prétexte pour la rencontrer et subit aussitôt l’emprise de cette femme possessive et dure qui représente à ses yeux l’aventure, le bonheur. Elle connaît des heures exaltantes dans la maison aux cariatides du Rempart des Béguines jusqu’au jour où elle voit Tamara faire passer son intérêt avant ses amours… comme n’importe quel bourgeois de la petite ville flamande de Gers. Ainsi s’achève sur un mariage cette curieuse éducation sentimentale.
Le Rempart des Béguines : Avis Personnel
Paru en 1951 alors que Françoise Mallet-Joris n’a que 21 ans, Le Rempart des Béguines retint énormément l’attention de l’époque pour son contenu lesbien choquant. En effet, la relation homosexuelle entre la jeune, timide et protégée Hélène et la trentenaire, manipulatrice et séduisante Tamara a rapidement séduit le public.
Hélène Noris est une adolescente belge de 15 ans, intelligente, sensible et rebelle qui refuse le milieu bourgeois dans lequel elle est élevée depuis le décès de sa mère par un père de 47 ans qui la néglige pour ses affaires. Elle trouve du réconfort auprès de Tamara, la nouvelle femme de se dernier et se découvre une liberté personnelle grâce à une liaison sexuelle passionnée et secrète avec une femme plus âgée qui lui sert de mentor.
Même si le livre fit scandale à l’époque de sa publication, il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui, il paraît totalement dépassé. Froid et dénué d’érotisme, il présente une adolescente perdue en prise avec son désir d’indépendance et de liberté. Une adolescente souvent victimisée qui vit une relation lesbienne elliptique. Roman centré sur une quête d’identité, Le Rempart des Béguines ne présente pas une réelle relation homosexuelle.
Le Rempart des Béguines : Extraits
« Le silence restait pesant, et j’espérais follement qu’il n’y avait personne, que pour une fois je subirais un échec dont je n’étais pas responsable, que je pourrais, sans hypocrisie, attribuer au sort contraire.
Pour mieux entendre l’approche d’un pas, je m’étais presque collée contre la porte, et lorsqu’elle s’ouvrit, je reculai avec un sursaut de frayeur.
Je ne sais combien de temps dura le silence pendant lequel j’observai Tamara. Comme éblouie par le soleil, je ne voyais pas ce visage enfin révélé et j’arrivais seulement à en délimiter les contours. J’aurais pu demeurer longtemps dans cette espèce de torpeur, si une voix basse, râpeuse comme une langue de chat, ne m’avait tout à coup ramenée à la réalité. « Vous désirez quelque chose ? » Je crois, du moins, que c’est cela qu’elle me dit, avec un peu de surprise. Et comme je ne répondais pas, la gorge nouée, saisie tout à coup de désespoir devant l’absurdité de cette visite, elle ajouta doucement : « Voulez-vous entrer un moment ? » » (Page 19)