Millenium : Interview de Noomi Rapace, l’interprète de Lisbeth Salander

Millenium : Interview de l'actrice Noomi Rapace

Interview accordée à Gary Kramer le 18 Mars 2010 pour le site Sfbaytimes.com

L’actrice suédoise Noomi Rapace incarne magistralement Lisbeth, le rôle principal du film Les hommes qui n’aimaient pas les femmes et offre à ce thriller éblouissant -inspiré du bestseller posthume international de Stieg Larsson- un souffle viscéral. En tant que Lisbeth, l’actrice est amenée à coucher tant avec des hommes qu’avec des femmes et applique sa propre vision de la justice -ce qui implique de punir son violeur, dans une scène mémorable.

L’histoire met en scène Mikael (Michael Nyqvist), un journaliste ayant purgé une peine de prison. Il est engagé par un homme puissant pour résoudre une mystérieuse affaire vieille de plusieurs dizaines d’années sur la mort ou disparition d’une adolescente. Lisbeth, qui épie secrètement chaque mouvement de Mikael grâce à une surveillance électronique, lui fournit subtilement quelques indices.  Elle finira par lui révéler son identité et travailler avec lui pour de bon.

Dans une récente interview téléphonique, Rapace affirmait avoir été nerveuse à l’idée d’incarner le rôle à cause de l’immense popularité de Lisbeth. “En un sens, c’était une mission suicide, parce que tout le monde se fait tellement son idée de qui elle est. Il a fallu que je tienne le monde extérieur à l’écart -que je ferme mes yeux et mes oreilles- et que je me concentre sur ce que moi je pensais et ce que je voulais faire. J’ai dû trouver ma propre Lisbeth bien à moi.”

L’actrice a fait un travail remarquable. Elle perçoit l’héroïne comme “une combattante et une rescapée… mais aussi comme quelqu’un qui ne se pose jamais en victime et trouve un moyen de prendre sa revanche. Lisbeth applique sa propre loi car elle ne fait pas confiance à la société. Elle a sa propre façon de penser et de prendre les choses en mains.”

Le personnage est très investi et Rapace a en quelque sorte dû revêtir une armure afin de devenir Lisbeth. Pour ce faire, l’actrice a fait appel à son côté garçon manqué. Elle raconte s’être entraînée 5 fois par semaine pendant six mois à faire de la boxe thaï et à surveiller son alimentation pour développer un look “plus masculin”.

“Je voulais me sentir plus comme un garçon dans mon corps mais je ne voulais pas m’affamer pour devenir squelettique”, dit-elle. Son but était d’être assez en forme pour pouvoir réaliser ses propres cascades, comme conduire une moto “pour de vrai”.

Ceci dit, les nombreux piercings de Lisbeth -qui donnent à son personnage son look punk distinctif- lui ont donné à réfléchir. “Je n’ai pas pu les faire tous en même temps” reconnait l’actrice, penaude. “Je les ai fait deux par deux pendant sept mois.”
En parallèle, elle a travaillé avec des professionnels du  maquillage et des stylistes aux côtés du réalisateur du film Niels Arden Oplav pour faire pousser puis couper ses cheveux afin de créer le “look” de Lisbeth. Rapace se souvient : “Nous voulions qu’elle soit extrême et étrange d’une certaine façon. Nous ne voulions pas d’un cliché.”

Même chose pour le tatouage de dragon du titre qui était un élément crucial dans l’identité du personnage. “On a travaillé sur le tatouage pendant des mois. Je voulais qu’il soit vraiment agressif et brutal. C’est un message au  reste du monde de se tenir à l’écart. Sa tenue toute entière est un uniforme” déclare Rapace, révélant qu’elle n’a aucun tatouage en réalité.

L’actrice a aussi travaillé très dur sur le mental de Lisbeth -façonnant les pensées intimes de son personnage aussi minutieusement qu’elle développait son apparence extérieure. Elle avance : “Je pense que l’amour lui fait peur.  Elle se fait battre et violer mais elle retrouve de la force. Avec l’amour, elle ne sait pas comment se comporter et c’est dangereux pour elle.”

Rapace continue en décrivant comment elle voit la sexualité de son personnage : “Je ne crois pas que Lisbeth soit bisexuelle. C’est un esprit sexuel et elle baise qui elle a envie de baiser. Je ne pense pas qu’elle se soit jamais analysée. Elle suit ses impulsions et fait ce qu’elle a envie de faire.”

L’actrice, qui est mariée, rit à l’idée de poursuivre dans la vraie vie le comportement indomptable de son personnage. Mais elle aime l’idée de suivre ses impulsions.

Alors que la relation lesbienne de Lisbeth est plus sous-entendue que sa liaison explicite avec Mikael, Rapace s’est investie dans les scènes de sexe. “J’ai dû mettre ma vanité de côté. Nous avions besoin de ces scènes pour comprendre Lisbeth ; c’était une importante pièce du puzzle.”

Mais c’est la scène du viol qui a vraiment mis l’actrice sur la sellette. “J’ai fait des cauchemars plusieurs semaines après [le tournage de] la scène du viol. Ça vous affecte. Je déteste quand on voit des scènes de viol sur grand écran comme un “divertissement”. Pour moi, il était extrêmement important que le public puisse ressentir la panique de Lisbeth et le fait qu’elle est prisonnière de cette situation -attachée alors qu’elle se fait violer. Tourner cette scène, c’était “plonger en enfer” pendant une semaine. Mais on s’en est sorti.”

Les spectateurs sortiront de The Girl with the Dragon Tattoo envoûtés par Rapace et enthousiastes. Avec deux autres adaptations à venir de la trilogie Millenium de Larsson -et un remake américain déjà en cours- il sera intéressant de voir l’évolution de Lisbeth. Et jusqu’où Rapace ira pour l’incarner.

Traduction Magali Pumpkin

Interview Originale sur le site Sfbaytimes.com

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