Télévision et Homosexualité – 10 ans de fictions françaises 1995-2005 : Quatrième de Couverture
On entend souvent que la visibilité des homosexuel-le-s s’est accrue dans les fictions télévisées françaises depuis une douzaine d’années, en particulier depuis l’automne 1998 avec la couverture médiatique du Pacs. Peut-on pour autant réellement parler de changements ou d’évolution ?
Cet ouvrage propose une analyse culturelle de la télévision hertzienne. L’un de ses objectifs premiers est de repérer et d’étudier les constructions (télé)visuelles des homosexuel-le-s et de l’homosexualité dans les fictions des dix dernières années afin d’évaluer l’ampleur des modifications. L’étude porte principalement sur les stratégies narratives à l’oeuvre ; elle identifie non seulement les différents moyens par lesquels cette visibilité croissante se manifeste, mais également les possibles stratégies idéologiques implicites ou explicites de ces fictions.
Cet ouvrage s’adresse aux chercheur-se-s, enseignant-e-s et étudiant-e-s en communication. Néanmoins, son approche, inédite en France, intéresse aussi les spécialistes et amateurs d’histoire culturelle et d’histoire des mentalités et des sexualités ainsi que celles et ceux qui cherchent à comprendre les spécificités d’un média de masse et ses liens avec l’histoire de la France contemporaine, dans une perspective plus sociologique.
Brigitte Rollet est maître de conférences et chargée de recherches à l’Université de Londres à Paris. Elle est l’auteure de Coline Serreau (MUP, 1997), co-auteure de Cinema and the second sex. 20 years of film-making in France (Continuum, 2001) ainsi que de nombreuses publications sur les questions de « genre » au cinéma.
Télévision et Homosexualité – 10 ans de fictions françaises 1995-2005 : Avis Personnel
En tout honnêteté ce livre est l’un des plus intéressants et des plus instructifs que j’ai pu lire. Il réunit en son sein deux sujets fort passionnants la télévision et l’homosexualité. L’auteure analyse de nombreuses oeuvres françaises, uniquement françaises d’ailleurs (pour ceux qui n’auraient pas compris à travers le titre) et apporte un éclairage nouveau sur les fictions, des séries aux téléfilms. En allant plus loin que la simple liste d’énumérations et en abordant différents aspects tels la chaîne, la date, l’heure de diffusion, le format, le genre… Brigitte Rollet offre un ouvrage complet et rare sur le sujet.
Je dirais que ce livre ne s’adresse pas uniquement à des professionnels de la communication mais à toute personne intéressée par le sujet et qui souhaite en apprendre plus. L’introduction peut d’abord paraître longue et fastidieuse mais elle a le mérite de proposer une présentation globale et réussie de la télévision. Continuez et vous ne serez pas déçu en découvrant les analyses poussées des séries et des téléfilms que vous avez forcément vus un jour ou l’autre.
Un ouvrage incontournable qui aborde pour la première fois une question que l’on rêvait de voir traitée.
Télévision et Homosexualité – 10 ans de fictions françaises 1995-2005 : Extraits
« Dans le genre policier à la télévision française, le seul changement marquant est donc la présence de gays et de lesbiennes au sein même des équipes : les personnages de Denard dans Crimes en Série, de Nadine dans P.J. ou de Laurent dans Avocats & Associés, marquent une différence forte avec les traditionnelles ambiances de commissariat. S’il est toujours difficile de quantifier l’impact d’un programme sur les autres, il est cependant fort probable que la présence de membres de groupes minoritaires (ethniques ou sexuels au sens large), dans les fictions policières anglo-américaines diffusées en France et populaire auprès d’un public plus jeune que celui de Navarro ou de Julie Lescaut, peut contribuer à expliquer ces changements. L’influence de ces programmes est en effet indéniable non seulement en termes de mise en scène (voir par exemple les choix formels de La Crim) mais aussi dans l’introduction de personnages auparavant absents (exclus ?) par toujours uniquement des personnages alibis, permettent d’introduire d’autres personnages de gays et de lesbiennes dans un genre par ailleurs souvent conservateur. Rappelons ici que ce n’est pas la « quantité » de gays et de lesbiennes qui nous intéresse. » (Pages 105-106)